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Heartbeat Parade : « On n’aime pas la simplicité ! »

"Heartbeat Parade reste un groupe de live, et on va le prouver... encore !" Rendez-vous samedi soir ! (Photo DR)

Heartbeat Parade arrive avec un nouvel album, « Some Sort of Naked Apes ». Si le trio défend une approche de plus en plus «expérimentale», sa colère et son engagement restent intacts. Un mordant qui ouvre les débats.

Heartbeat Parade est resté fidèle à démarche, même s’il pousse le vice un peu plus loin. Aujourd’hui, il s’appuie de plus en plus sur le piano et la technologie, pour mettre sur pied une musique à la fois complexe et binaire, délicate et puissante. Après avoir sorti un premier album en 2013 (Hora de los hornos), le groupe dévoile, dans deux semaines, son nouvel opus, Some Sort of Naked Apes, «plus technique» et «énergique», confie l’un des membres de ce trio, Vincent Le Gac, dit «Vinch».

Ce dernier sert de guide au Quotidien pour expliquer les orientations d’un groupe qui martèle aujourd’hui son indépendance, et reste très engagé, politiquement et socialement, même si ce sont des samples qui parlent à sa place sur scène. Il aborde ici l’actualité, l’individualisme et les rêves de gloire des petits groupes, l’importance de l’entraide et la dérive des hommes-singes, avant une soirée de lancement attendue aux «nouvelles» Rotondes, qu’il n’a pas encore «découvertes». Entretien sans ambages en six thématiques.

La création

«Après de nombreux concerts, on s’est donné une année pour se retrouver tous les trois en studio, juste pour jouer, pour le plaisir. On s’est enfermés dans notre salle. Ça nous a permis aussi de faire le tri dans nos idées, nombreuses, sachant que l’on enregistre toutes nos répétitions. Oui, ça fait de la matière à écouter (rire). On a alors pris notre temps pour sélectionner les chansons, en fonction de leur qualité et des thématiques abordées, raccourcir certaines, rallonger d’autres…

Ensuite, on a profité des largesses de l’ancien Exit07 pour enregistrer la batterie – ce ne sera désormais plus possible ! – que l’on a posée sous l’escalier de l’ancienne scène, là où, selon nous, elle sonne le plus naturel possible. Ce n’était clairement pas l’endroit le plus facile ! La suite de l’enregistrement (guitare, basse) s’est déroulée à Terville, un peu à la maison aussi (samples), et avec un dernier mixage chez Yann Klymezik à Mon Studio. En somme, que des amis impliqués dans le groupe. Ça évite de demander des subventions à droite et à gauche.»

Le style

«On reprend là où l’on s’est arrêtés, avec la même ligne de piano qui conclut Hora de los hornos et qui lance donc Some Sort of Naked Apes. Dans ce sens, on peut parler d’album concept. On aime, en tout cas, cette idée de suivi, que notre œuvre forme un tout. Pour nous, sur un album, les morceaux, réunis entre eux, doivent avoir du sens. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à nous, on n’aurait mis qu’une seule plage sur l’album, mais il faut rester raisonnable, parfois, vis-à-vis de l’auditeur…

Du point de vue stylistique, on a l’impression d’avoir pris des risques avec ce disque, qui commence sur du piano et se finit avec du metal ! Aujourd’hui, Heartbeat Parade ne s’inclut plus dans un style musical particulier. On n’aime pas la simplicité. Avec les samples, les structures complexes et les mélodies, on aurait tendance à nous catégoriser dans la veine post-rock, comme à nos débuts. Mais c’est bien plus complexe que ça! Parlons alors, devant cette palette diversifiée, d’approche expérimentale.»

Les thèmes

«Ça vient du cœur, du corps et des tripes. C’est viscéral, comme notre attribut, «Heartbeat», le suggère. Ce sont en effet des sujets qui nous tiennent à cœur. Et on se nourrit de l’actualité. C’est un moteur ! Sans oublier que Félix est un passionné d’histoire, Vinny est très engagé sur des causes écologiques et que moi, je suis porté vers les sciences sociales. Du coup, nos centres d’intérêt sont légion, et à chaque répétition, on discute de tout cela. Hier encore, on évoquait ensemble la découverte de l’eau sur Mars, l’intervention militaire de la France en Syrie…

C’est comme ça qu’on choisit les thèmes. Après, pour le choix des samples, il y a un aspect qualitatif qui entre en jeu : dans les documentaires, il y a toujours une petite musique qui traîne derrière les discours. Du coup, ça devient impossible de les incorporer dans nos chansons. C’est ainsi que l’on délaisse certains éléments. Mais sinon, pour résumer, Some Sort of Naked Apes aborde les questions de l’écologie, de la propagande, de la pornographie, et on consacre également un gros morceau au problème de Gaza.»

Le titre

«C’est un questionnement. En gros, l’homme est en train de se prendre pour Dieu, et ce, de plus en plus. Mais est-ce que l’on n’est pas, finalement, en train de se comporter comme des animaux ? À nos yeux, d’un point de vue politique comme économique et environnemental, tout va de travers. Précisons aussi que le titre de l’album n’a pas de rapport direct avec La Planète des singes.» (rire)

L’indépendance

«C’est un nouveau cri ! L’éthique du groupe est très importante. On aborde des sujets sérieux, sévères, jamais à la légère. Du coup, on trouvait nécessaire d’être cohérent avec notre philosophie, de ne pas être dépendant d’un système que l’on pointe du doigt. D’où cette volonté d’être indépendant. En plus, il n’y a rien qui offre plus de liberté que de tout faire soi-même. Non pas qu’avant on était restreint dans nos actes et nos pensées, mais on avait besoin, pour cet album, de montrer à tout le monde que l’on n’était pas affilié à telle ou telle structure. Dans ce sens, on n’a perçu aucune aide financière. D’où l’indication sur la jaquette – «No Gods, No Masters, No Logos» – qui doit susciter un débat.

Au final, tout cela s’est fait progressivement entre amis, des gens qui donnent leur avis et nous aident d’un point de vue logistique. On en ressort grandi, et c’est en partageant des choses avec d’autres personnes que l’on s’enrichit vraiment. Cet esprit manque cruellement dans la musique d’aujourd’hui. Où est donc passée la scène vivante de la Kulturfabrik, avec ces groupes qui échangeaient et se mélangeaient ? Tout le monde rêve de signer sur un label, alors que ça ne veut plus rien dire! Le but reste quand même de faire de la musique et de ne pas espérer en vivre. Comment en est-on arrivé là, avec des amateurs et de petites industries ? C’est le monde à l’envers !»

Le live

«On n’est toujours que trois, mais on fait de plus en plus de choses (rire). Bon, on a quand même une bonne connaissance de nos outils – les instruments comme les technologies – mais tout ça mis bout à bout, ça reste un sacré challenge… Il nous reste deux semaines avant la sortie du disque pour être au point. De toute façon, il faudra bien que ça marche, même si on doit répéter deux-trois jours non-stop avant le concert. Heartbeat Parade reste un groupe de live, et on va le prouver… encore !»

Entretien avec Grégory Cimatti

Ce samedi soir aux Rotondes

Heartbeat Parade Record Release Support : X Syndicate & Cassée
Rotondes – Luxembourg. Le 10 octobre à 20 h.

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