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Gergiev, maestro infatigable, las des questions sur Poutine


"Il y a 20 ans, la Russie était au plus bas. Je ne dis pas que Poutine, à lui tout seul, lui a redonné son importance internationale, mais je crains que ce soit le cas» déclare le chef d'orchestre. (Photo: AFP)

C’est l’autre tsar de Russie, celui de la musique: le chef d’orchestre globe-trotter Valery Gergiev est las d’être interrogé sur Vladimir Poutine, un président qui évite au pays, selon lui, « le sort de la Syrie ».

Mais le chef d’orchestre russe le plus actif de la planète n’est certainement pas las de ses marathons de concerts.

Sa proximité avec Poutine, qu’il connaît depuis 1992, ses déclarations sur l’annexion de la Crimée ou les « Pussy Riot », des concerts en Ossétie du sud bombardée et à Palmyre aux côtés de l’armée syrienne, lui ont valu maintes polémiques cette dernière décennie.

Interrogé  à Paris, Gergiev n’a pas envie de parler politique, mais se félicite de la réélection pour un quatrième mandat de M. Poutine, qu’il dit rencontrer « cinq à six fois par an ».

« Il a gagné les élections, chose que le monde occidental a du mal à comprendre », affirme le directeur du prestigieux théâtre du Mariinsky de Saint-Pétersbourg.

Son opinion reflète celle de nombreux Russes, même si le pays a connu une montée de la contestation.

« Il y a 20 ans, la Russie était au plus bas. Je ne dis pas que Poutine, à lui tout seul, lui a redonné son importance internationale, mais je crains que ce soit le cas », souligne M. Gergiev.

Le président russe Vladimir Poutine face au chef d'orchestre Valery Gergiev lors d'une cérémonie de remise de prix au Kremlin en septembre 2016. (Photo : AFP)

Le président russe Vladimir Poutine face au chef d’orchestre Valery Gergiev lors d’une cérémonie de remise de prix au Kremlin en septembre 2016. (Photo : AFP)

Un «wonder maestro» hyperactif

L’obsession, selon lui, c’est de ne pas plonger dans le chaos. « Nous ne voulons certainement pas le sort de la Syrie, l’Irak ou la Libye. Non, mille fois non ».

Même ceux qui considèrent que le musicien est un instrument du « soft power » de la Russie de Poutine ne sauraient nier que Gergiev s’est consacré corps et âme à son art.

Charismatique, il est l’un des chefs d’orchestre les plus sollicités au monde et ne reste jamais très longtemps dans la même ville: on estime à 275 en moyenne le nombre de ses concerts annuels.

Se repose-t-il jamais? « J’ai pris huit jours en janvier. Si j’arrive à prendre deux semaines en août, ça serait bien », confie le chef d’orchestre de 64 ans, voix rauque et petite barbe poivre et sel.

Il tire sa force de la musique mais aussi de sa jeunesse, marquée, à 14 ans, par la mort de son père. A 18 ans, il débarque d’Ossétie du nord, république russe proche du Caucase, à Saint-Pétersbourg.

« Ma mère m’a transmis cette volonté de toujours aller plus loin », dit-il.

Son hyperactivité a valu au « wonder maestro » une admiration mondiale, mais aussi de nombreuses critiques.

Après huit ans à la tête du London Philharmonic Orchestra, il est épinglé par le quotidien anglais The Guardian pour ses concerts de « routine et parfois mal préparés ». Les mêmes reproches lui sont adressés à Munich, dont il dirige la Philharmonie.

« J’entends cette critique depuis 20 ans, cela ne m’a pas empêché de poursuivre ma carrière et de diriger les grands orchestres occidentaux », réplique-t-il.

Le Quotidien / AFP

 

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