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Feu vert de l’Académie française à la féminisation des noms de métier


La féminisation des noms de métiers est déjà en vigueur depuis une quarantaine d'années dans nombre de pays francophones comme la Belgique, la Suisse ou la province canadienne du Québec. (photo AFP)

Une « professeure », une « auteure » ou une « autrice »… Après avoir longtemps refusé de céder sur ce sujet, l’Académie française a donné jeudi son feu vert à la féminisation des noms de métier.

Il n’existe « aucun obstacle de principe » à la féminisation des noms de métiers et de professions, ont convenu les académiciens qui ont approuvé à « une large majorité » un rapport en ce sens.

Gardienne sourcilleuse du bon usage de la langue française, l’Académie examinait jeudi un rapport préconisant la féminisation des noms de métiers, sujet longtemps tabou au sein de l’institution fondée au XVIIe siècle par Richelieu. La féminisation des noms de métiers est déjà en vigueur depuis une quarantaine d’années dans nombre de pays francophones comme la Belgique, la Suisse ou la province canadienne du Québec. Cette question a été réglée au Québec… en 1979. Depuis 40 ans, les mots cheffe, écrivaine, ingénieure, députée ont droit de cité dans la province francophone du Canada sans que cela offusque quiconque.

« S’agissant des noms de métiers, l’Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd’hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées », souligne le rapport rédigé par une commission présidée par l’historien Gabriel de Broglie, 87 ans.

«Laisser aux pratiques (…) le soin de trancher»

L’Académie française ne compte cependant pas « dresser une liste exhaustive des noms de métiers et de leur féminisation inscrite dans l’usage ou souhaitable », ni « édicter des règles de féminisation des noms de métiers » en arguant que ce serait « une tâche insurmontable ». « Il convient de laisser aux pratiques qui assurent la vitalité de la langue le soin de trancher », a indiqué l’Académie, qui a retenu dans son rapport des mots jusqu’à présent honnis comme « professeure ».

« L’emploi de ces formes en ‘-eure’, qui fait débat, et cristallise certaines oppositions au mouvement naturel de la féminisation de la langue, ne constitue pas une menace pour la structure de la langue ni un enjeu véritable du point de vue de l’euphonie, à condition toutefois que le ‘e’ muet final ne soit pas prononcé », a tranché l’Académie qui accepte également « auteure », « autrice » et « écrivaine ».

En 1997, Maurice Druon, alors secrétaire perpétuel de l’Académie française, estimait (à tort) que les mots auteure, professeure ou écrivaine n’avaient pas « une grande chance d’acclimatation en France et dans le monde francophone ».

Quatre femmes contre 31 hommes siègent à l’Académie française

Même le mot « cheffe » a retenu l’attention de l’Académie. « Si l’on ne peut soutenir que cette forme appartient au ‘bon usage’ de la langue, il paraît également difficile de la proscrire tout à fait étant donné le nombre d’occurrences rencontrées dans les sources que la commission a pu consulter », constate le rapport.

Alors que dans l’édition en cours du dictionnaire de l’Académie, le mot présidente ne désigne que « la femme d’un président » (comme ambassadrice qui désigne « la femme d’un ambassadeur »), le rapport indique que « si les Français décidaient de porter une femme à la présidence de la République, on voit mal quelle raison pourrait s’opposer à l’emploi de la forme féminine ‘présidente' ». « On peut également supposer que ‘Première ministre’ s’imposerait aussi aisément en français que ‘chancelière' », soutient le rapport.

Il y a seulement cinq ans, en 2014, l’institution affirmait que l’Académie « rejette un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, sapeuse-pompière, auteure, ingénieure, procureure (…) qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes ».

L’Académie française compte actuellement seulement quatre femmes contre 31 hommes. Elle compte un seul philologue (Michel Zink) dans ses rangs mais aucun linguiste ni aucun grammairien.

AFP

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