Mardi, la capitale célébrait la quinzième édition de «sa» fête de la Musique. À travers différentes scènes réparties au cœur du centre-ville, le public, comme il est de coutume ce soir particulier, s’est offert une déambulation tranquille.
Outre l’ouverture des festivités au quartier du Kirchberg et quelques audaces musicales, comme ces concerts de Lucilin dans les entrailles de Luxembourg, les réjouissances sont restées fidèles à ce que l’on doit s’attendre d’une telle soirée, à savoir un paquet de groupes locaux et un public en déambulation, sans oublier le traditionnel bain de foule de l’OPLet de Gast Waltzing.
Mardi, un constat évident s’imposait en une fin d’après-midi au ciel clément : oui, il est difficile de lutter contre l’attrait du ballon rond, les maillots à l’effigie de l’aigle allemand et les écrans plus ou moins géants, posés au quatre coins de la ville, des places aux cafés, témoignant de l’emballement généralisé pour l’Euro français. Préférant ignorer les guitares, et tournant le dos aux rares scènes actives, le public avait choisi ses passions : le football d’abord, la musique après…
Une attitude qui se comprend, quand on sait que la fête de la Musique s’établit dans le temps, au gré des pérégrinations de la foule et des quantités de bières consommées. Cette dernière a donc demandé un peu de patience avant d’aller découvrir la quarantaine de concerts proposés par le Luxembourg City Tourist Office, pour une quinzième édition assez semblable aux précédentes.
En effet, outre les agissements de nombreuses formations locales et d’un peu plus loin, des classiques au plus énervées, comme devant le Rocas, le point d’orgue était connu depuis longtemps, février plus exactement, quand le Luxembourg, par l’entremise de Gast Waltzing et Angélique Kidjo, recevait le premier Grammy de son histoire. Une performance célébrant l’album Sings , primé dans la catégorie «musique du monde» et sûrement ce que l’on a fait de mieux cette année pour le redondant «nation branding».
«Ne soyez pas timides!»
Les retrouvailles étaient entendues, et histoire de rafraîchir les mémoires, la vidéo de la cérémonie américaine repassait devant les spectateurs qui commençait doucement à grossir, les organisateurs ayant fixé la barre à 5 000. Même massif, l’auditoire ne serait pas, de toute façon, passé à côté du boubou coloré de la diva béninoise, heureuse de retrouver une terre quasi d’adoption.
« Ne soyez pas timides , lâchait-elle. On est plus nombreux que vous, alors si vous ne chantez pas, on vous écrase! » Et c’était parti pour un show coloré, mélange sensible de musique classique et sonorités africaines, devant un public bien sage.
Pour une tonalité un peu plus sauvage, il fallait attendre que le rythme se fasse plus costaud, l’ambiance plus ardente et que les familles rentrent bien gentiment à la maison. Ici et là, les groupes se formaient et les discussions allaient bon train, devant les convulsions corporelles de certains groupes en transe. Au bout de la nuit, jusqu’à 3 h pour être exact, la fête de la Musique s’étirait.
Les sourires béats et les verres vides des nuits agitées n’étaient là que pour rappeler une première journée d’été réussie. Un avant-goût sûrement, dans le fond comme la forme, de la fête nationale qui sera célébrée ce jeudi.
Grégory Cimatti
Photos : Alain Rischard
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