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Festival d’humour de Neimënster : on peut rire de tout, même de Daech


L'humoriste irakien Ahmed Albasheer, star de l'humour arabe sur internet, fera ses premiers pas sur scène à Neimënster pour Humour pour la paix. (photo DR)

Humour pour la paix, le festival d’humour de Neimënster, qui prône un rire intelligent et humaniste, revient cette année pour sa onzième édition du 2 au 12 février.

« On peut lutter contre le terrorisme, le fanatisme et l’obscurantisme par l’humour », affirme d’entrée Ainhoa Achutegui, la directrice générale de l’abbaye de Neumünster, qui lancera dans trois semaines la onzième édition d’Humour pour la paix.

Tel est le credo de cette manifestation pas comme les autres qui, même si les one man shows et autres spectacles d’humour sont de plus en plus nombreux dans le pays, n’a jamais dévié de sa ligne décidée en 2007, celle de l’humour qui fait certes rire, mais aussi toujours réfléchir; de la vanne qui tape sur les méchants, les dictateurs, les despotes, qui met à nu les déviances du pouvoir et qui ne se gargarise pas de petites vannes mesquines ni sous la ceinture. Quelques grands noms ont déjà foulé les planches de la salle Robert-Krieps dans ce cadre – Fellag, pour ne citer que lui –, mais le festival fait surtout la part belle à de bons humoristes aux noms souvent plus confidentiels, dont l’humour, un peu moins passe-partout, demande un minimum d’effort et de réflexion de la part des spectateurs.

Ce sera encore le cas pour ce millésime 2017 de la manifestation. Temps fort de cette onzième édition, selon les dires mêmes de la responsable des lieux : «Extreme Laugh» de l’humoriste irakien Ahmed Albasheer. Seul survivant d’un attentat en 2011 dans sa ville natale de Ramadi, Albasheer décide après la tragédie d’utiliser l’humour contre l’obscurantisme. Installé depuis en Jordanie, il devient rapidement une des stars des humoristes arabes sur internet. Dans ses performances télévisuelles, il n’hésite pas à critiquer les gouvernements de ces pays et même Daech. Contacté par Neimënster, il travaille en ce moment sur ce premier spectacle scénique, en anglais, qu’il viendra présenter dans le Grund en première mondiale.

L’actualité en fil rouge

La triste actualité internationale sera d’ailleurs un peu le fil rouge de cet Humour pour la paix. Le dessinateur de presse belge né au Congo Pierre Kroll (Le Soir) y présentera son premier spectacle, «Kroll en scène», où il retrace l’histoire de l’humour de presse et de la caricature entre bons mots, dessins réalisés en direct et interactions avec le public. Nora Hamzawi, chroniqueuse sur France inter et de l’émission Quotidien de Yann Barthès, viendra à l’abbaye avec son spectacle «Nora Hamzawi décortique le quotidien». Actualité, autocritique et un grand coup de canif dans l’idée gouvernementale du «Nation Branding» sont au programme dans le traditionnel spectacle réservé à l’humour luxembourgeois. Cette année, c’est Christiane Rausch qui présentera sur scène une avant-première du nouveau texte de Guy Rewenig, Comment blanchir les bêtes noires sans les faire rougir (ou «Le parcours périlleux et hilarant d’un Africain au Luxembourg»).

Plus vraiment dans l’actualité, mais appartenant à la grande histoire, «Carte d’identité», spectacle de Diogène Ntarindwa – que le public de Neimënster a pu découvrir dernièrement dans Hate Radio de Milo Rau –, raconte, avec un étonnant humour son histoire d’enfant soldat entre le Rwanda et le Burundi. Un spectacle prévu dans le cadre de «La nuit blanche de l’humour noir» et suivi le soir même par Minkana, du conteur Binda Ngazolo.

Également au programme de cette onzième édition, Alfred Dorfer, «un des plus grands cabarettistes autrichiens, à l’humour très politique», assure Ainhoa Achutegui, ainsi que, en clôture, un spectacle pour enfants : Krazy Kat, un cartoon-concert aux sonorités jazzies.

Pablo Chimienti

Le programme

Jeudi 2 février à 20 h : Nora Hamzawi – «Nora Hamzawi décortique le quotidien» (en français).
Vendredi 3 février à 20 h : «La nuit blanche de l’humour noir» avec Diogène «Atome» Ntarindwa suivi par Binda Ngazolo (en français)
Dimanche 5 février à 18 h : Guy Rewenig, Christiane Rausch et Jitz Jeitz – «Comment blanchir les bêtes noires sans les faire rougir» (en français)
Lundi 6 février à 20 h : Alfred Dorfer – «Fremd» (en allemand)
Mercredi 8 février à 20 h : Pierre Kroll – «Kroll en scène» (en français)
Vendredi 10 février à 20 h : Ahmed Albasheer – «Extreme Laugh» (en anglais)
Dimanche 12 février à 17 h : Barbara Scaff, Julien Hervé, Frédéric Lagarde et Christian Boustani – «Krazy Kat» (cartoon-concert).

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