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« Fences », de Denzel Washington : au-delà des barrières


Un couple qui symbolise l'épopée tragique de tout un peuple.

L’acteur américain Denzel Washington revient à la réalisation pour son troisième film, Fences. L’histoire d’une famille où chacun lutte pour demeurer fidèle à ses rêves.

En provenance de Los Angeles, la rumeur enfle  : et si Fences créait la surprise aux prochains Oscars? Le troisième et nouveau film de Denzel Washington est nommé seulement dans quatre catégories majeures, loin derrière La La Land (14 nominations), mais depuis sa sortie outre-Atlantique en décembre, Fences (en français, «barrières») a tout bousculé. Dans l’Amérique «trumpée», le comédien-réalisateur de 62  ans propose le film de la culture de sa communauté, celle afro-américaine, qui va au-delà des barrières, au-delà des frontières.

Viola Davis, future superstar

Après Antwone Fisher (2002), The Great Debaters (2007) – ainsi qu’un épisode de la série télé Grey’s Anatomy , Denzel Washington revient à la réalisation. Il adapte Fences , une pièce de théâtre d’August Wilson qu’il avait vue en 1987 et qu’il joua en 2010 à Broadway. Avant de se lancer dans la réalisation, il a patienté « deux ou trois ans », car il ne se « sentait pas prêt »… Pour le casting, Washington a rappelé, dans le rôle de l’épouse sacrifiée, sa partenaire du théâtre, Viola Davis –  tenue pour l’une des prochaines superstars du cinéma américain. « C’est une comédienne d’une puissance formidable , glisse le réalisateur. C’est vraiment le terme qui me vient à l’esprit  : oui, la puissance. » Dans le quartier de Hill District à Pittsburgh, là où August Wilson a grandi, le film a été tourné, fait rarissime, dans l’ordre chronologique de l’histoire.

Une histoire bouleversante, celle d’une famille afro-américaine des années 1950. Dans cette famille, chacun lutte. Pour exister, oui, mais aussi dans cette Amérique où le racisme et la pauvreté sont encore et toujours présents, pour demeurer fidèle à ses rêves. Il y a Troy Maxson  : lui, il rêvait d’une carrière dans le sport professionnel; pour assurer le quotidien de sa femme et de leur fils et victime du racisme des clubs de sport de l’époque, il est devenu employé municipal. Le rêve manqué est toujours en lui, au plus profond, désespéré, inaccessible.

Pire  : l’équilibre fragile de la famille va être mis à mal par un choix lourd de conséquences… À l’écran, on a un film appliqué et sérieux, malgré la durée (longue) et un monologue en ouverture qui paraît ne jamais en finir… On peut regretter aussi que Denzel Washington soit resté trop près de la version théâtrale, comme si, admiratif du texte d’August Wilson, il n’avait pas osé affirmer sa touche, sa signature.

Mais le film est sauvé de l’ordinaire par une démonstration d’«acting» de Denzel Washington et Viola Davis –  ce n’est pas un hasard si tous deux sont nommés, respectivement, pour l’Oscar du meilleur acteur (qu’il a déjà remporté en 2002 pour Training Day ) et du meilleur second rôle féminin pour leur interprétation de ce couple (dés)uni et confronté à l’héritage de la ségrégation.

Serge Bressan

Fences , de et avec Denzel Washington (États-Unis, 2h19) avec Denzel Washington, Viola Davis, Stephen Henderson…

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