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Exposition : Warhol sans fin


(Illustration : DR)

Avec «Warhol: Unlimited» et la méconnue série «Shadows», le maître du pop art entre au royaume des ombres, en compagnie de ses fidèles: Marilyn et Mao, les chaises électriques, les vaches et les soupes Campbell.

Pour la première présentation en Europe des «Shadows»(1978-79) dans leur totalité, le musée d’Art moderne de Paris consacre une exposition exceptionnelle à Andy Warhol. Avec plus de 200 œuvres, elle met en relief la dimension sérielle de l’œuvre de l’artiste, aspect incontournable de son travail, et sa capacité à repenser les principes de l’exposition.

Cent deux toiles sérigraphiées, inspirées par la photo d’une ombre : «Shadows», d’Andy Warhol, 130 m de long, sortie pour la première fois des États-Unis et présentée au musée d’Art moderne de Paris, est emblématique d’un artiste obsédé par l’idée de répétition. «Electric Chairs», «Jackies», «Flowers», «Maos»… D’autres séries célèbres de Warhol accompagnent «Shadows», œuvre cinématographique autant que picturale, qui prend tout son sens dans les grandes salles du musée.

«Présenter «Shadows»seule aurait peut-être été un peu abrupt pour le public, explique Sébastien Gokalp, qui est, avec Hervé Vanel, un des deux commissaires de l’exposition, intitulée «Warhol : Unlimited». En même temps, il y a dans cette œuvre réalisée en 1978 beaucoup d’éléments de la recherche de Warhol.» «Nous avons donc imaginé une première partie mettant l’accent sur trois ou quatre caractéristiques essentielles de son travail : la répétition, la dimension filmique, la façon dont il est le commissaire de ses propres expositions», ajoute Sébastien Gokalp.

«Est-ce de la peinture? Une installation?»

Conservé à la Dia Art Foundation dans la région de New York, «Shadows» est un cycle de variations, sans véritable début ni fin, à partir d’une photographie très abstraite d’une ombre. «C’est une bande de temps qui défile», dit Sébastien Gokalp. Les toiles sérigraphiées, où de larges aplats noirs contrastent avec 17 couleurs vives, sont présentées bord à bord, sans qu’on puisse repérer un ordre particulier. Certaines, très proches visuellement, se succèdent. Parfois, une variation très différente vient interrompre la série. Lors du premier accrochage de l’œuvre, Warhol avait demandé à ses assistants de répartir les toiles de façon aléatoire.

L’impact du noir et des effets de matière font penser à Pierre Soulages ou Franz Kline. « »Shadows » sème le trouble. Au meilleur sens du terme, l’œuvre demeure « déconcertante »», écrit Fabrice Hergott, directeur du musée, dans le catalogue de l’exposition. «Est-ce de la peinture ? Une installation? Se contente-t-elle d’un regard contemplatif?…» Fruit d’une commande des mécènes Heiner Friedrich et Philippa de Ménil, cofondateurs de la Dia Art Foundation, «Shadows» a ainsi été conservée dans son ensemble alors que d’autres séries, parfois plus nombreuses encore, ont été dispersées.

L’accumulation, la «saturation de l’espace» sont au cœur du travail de Warhol. L’exposition tente ainsi de restituer la présentation conçue par l’artiste pour sa rétrospective au Whitney Museum en 1971 : dans des salles tapissées d’un papier peint reproduisant une tête de vache, Warhol accroche des toiles de sa série sur les chaises électriques, jouant ainsi sur l’opposition entre trivial et dramatique. Il recherche le même effet de papier peint avec la série iconique «Flowers», mais toutefois en assemblant des formats très différents, de 10 cm à 2 m de côté. «On a essayé de retrouver cette accumulation», précise Sébastien Gokalp.

Ave la série des «Maos» (150 toiles réalisées entre 1972 et 1979) Warhol va plus loin : les portraits de l’ancien dirigeant chinois sont présentés sur un papier peint à son effigie. Certaines toiles sont assorties d’effets gestuels, en opposition avec le principe de la reproduction. Fasciné par le support de l’image cinématographique, Andy Warhol va là aussi appliquer les principes de la série et de la répétition. Dans «Screen Tests», un modèle se laisse filmer le temps d’une bobine de 16 mm. Les films sont projetés en 16 images/seconde au lieu de 24. Plus de 500 «screen tests» ont été filmés à la Factory, le studio de Warhol à New York. Empire, l’un de ses films les plus radicaux, est un plan fixe de huit heures sur l’Empire State Building.

AFP

Jusqu’au 7 février/www.mam.paris.fr

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