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Exposition universelle à Dubai : le Luxembourg la joue en équipe !


(Photo : metaform)

En vue de l’Expo 2020 Dubai, retardée d’un an, le Luxembourg a donné carte blanche à un collectif de huit artistes. Un mélange «inédit» entre les disciplines et les compétences qui pourrait s’inscrire dans la durée. Découverte.

Enfin! Lancé fin 2017, le projet culturel concocté pour l’Expo 2020 Dubai (décalée d’une année en raison de la pandémie) prend forme. «À un moment donné, il faut y aller!», concède dans un souffle l’un des deux curateurs, Bernard Baumgarten, conforté dans son impatience par son comparse Kevin Muhlen. «On est content que ça se concrétise.» Un avis partagé par tous, mardi, à l’Hôtel des Terres rouges. Notamment la commissaire générale au pavillon luxembourgeois, Maggy Nagel, qui s’est dite «satisfaite» de pouvoir montrer le résultat «à un public venant du monde entier» (25 millions de visiteurs sont attendus aux Émirats arabes unis, dès le week-end prochain, pendant six mois).

Oui, pour le coup, le slogan promotionnel «Let’s make it happen» s’est fait attendre. Quatre ans de discussions, de projections, de simulations, de retours en arrière, qui se justifient par un choix de départ, tenant en un seul mot : collaboration. «L’échange est un catalyseur de développement au niveau tant individuel que sociétal», s’emballe la ministre de la Culture, Sam Tanson. Dans les faits, après une sélection rigoureuse basée sur «l’excellence et l’expérience», précise Jo Kox, président du Focuna, c’est en effet un collectif de huit artistes qui animera durant quinze jours, à la mi-janvier, les réjouissances, selon une thématique générale, avouons-le, ronflante : «Connecting Minds, Creating the Future».

Donner du temps au temps

Une formule prise au pied de la lettre par le Luxembourg qui, durant cette longue période de «réflexion», a donné du temps au temps afin que les «connexions» se fassent. Kevin Muhlen : «On ne voulait pas viser à tout prix l’exposition, s’attacher à une date et foncer, comme c’est souvent le cas. Mais donner de la largesse pour se découvrir, réfléchir, expérimenter ensemble.» S’il reconnaît que cette philosophie participative est l’un des piliers de sa maison, tout comme celle de son partenaire du Trois C-L, cette réunion reste «inédite», selon le terme choisi par Karolina Markiewicz, l’une des artistes concernées. «C’est qu’ils n’ont pas choisi leurs partenaires, leurs collaborateurs. On leur a laissé la liberté de s’associer comme ils le voulaient», précise le directeur du Casino. «C’est une sorte de boys band!», ose-t-il même, à la différence près qu’il y a ici autant de femmes que d’hommes et que la superficialité n’a pas sa place.

Notamment parce que le collectif s’est vraiment «cassé la tête», dixit Bernard Baumgarten, pour creuser le sujet et «aller dans une veine franche et osée», poursuit Kevin Muhlen. L’artiste Julie Conrad explique l’idée : «On a trouvé quelque chose qui nous était cher à tous : l’identité. Ce qu’on montre de soi-même, ce qu’on aimerait être, ce qu’on aimerait changer…». Une notion résumée par une nouvelle expression : «Mir wëlle bleiwen, wat mir ginn» («Nous voulons rester ce que nous sommes»), déclinée donc en six propositions qui brisent les barrières entre les disciplines. «On a autant de forme d’arts que de personnes, et même plus!, s’enthousiasme le chorégraphe. Plus il y a de cartes dans le jeu, plus il y a de possibilités.»

Le Luxembourg, petit parmi les grands

Il ne bluffe pas. À preuve, ces offres qui mêlent, sans hésiter et dans des allers-retours complices, musique, littérature, design, danse, théâtre, cinéma, art plastique…  Comme ce monolithe noir («Anthologie») qui, derrière son côté austère, renferme une sélection de poésies «made in Luxembourg» traduites en arabe et en anglais, superbement mise en forme. Ou cette installation interactive, visuelle et sonore, imaginée par Julie Conrad et Patrick Muller («Artefacts»). Avec quatre autres, elles formeront une «œuvre complète», à traverser et à ressentir durant une quinzaine de jours à Dubai. Mais l’opinion générale au sein du groupe dit que l’on ne va sûrement pas s’arrêter là.

«On a clairement envie de continuer à travailler avec les uns et les autres», clame Karolina Markiewicz. Même son de cloche chez le cinéaste Adolf El Assal : «C’est très enrichissant de se frotter à d’autres disciplines. Ce serait dommage que ça s’arrête là», soutient-il, imaginant déjà, avec ses partenaires, «un projet à long terme en ligne, ou dans d’autres formats», visibles au Grand-Duché. Une «durabilité» espérée aussi par la ministre de la Culture, saluant la complicité avec les institutions locales. Devant de telles bonnes volontés, Kevin Muhlen ne peut que concéder : «Si cela perdure, ça sera un pari gagné. L’exposition n’est pas une fin, c’est le début de quelque chose!» Un état d’esprit qui ramène au livre compilant les participations luxembourgeoises aux expositions universelles, et à son titre qui parle de lui-même : Un petit parmi les grands. Devant un tel déséquilibre, l’union – qui, c’est entendu, fait la force – est toujours recommandable.

Le collectif d’artistes

Julie Conrad (design)

Adolf El Assal (cinéma)

Guy Helminger (littérature)

Karolina Markiewicz & Pascal Piron (arts visuels)

Simone Mousset (danse)

Patrick Muller (musique)

Renelde Pierlot (théâtre)

Pavillon du Luxembourg

«Mir wëlle bleiwen, wat mir ginn»

Du 15 au 31 janvier 2022

Expo 2020 Dubai

Du 1er octobre au 31 mars

www.luxembourgexpo2020dubai.lu

Grégory Cimatti

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