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Exposition : « Regards sans limites », c’est cadeau !


Un appui financier à la création et à la production, une exposition itinérante et un catalogue… Voilà ce qu’offre le projet « Regards sans limites ». Pour la deuxième fois, quatre photographes en ont profité.

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Delphine Gatinois, avec son projet « Proies », se réapproprie les croyances et mythes du Burkina Faso et du Mali, pour des mises en scène oniriques. (Photo : Delphine Gatinois)

Tout a commencé durant l’année du cerf bleu, en 2007, quand la Grande Région, utopie politique, trouvait de la consistance et du crédit à travers la richesse de sa production artistique. Éric Didym, photographe de son état, alors à la tête du projet d’exposition « Le nouveau paysage familial », s’étonnait à l’époque du manque de soutien aux jeunes créateurs dudit territoire. « Il n’existait aucun dispositif qui les aide concrètement », explique-t-il. Qu’à cela ne tienne : il convoque ses nombreuses relations, trouvant finalement comme appui le CNA (Dudelange), le CCAM (Vandœuvre-lès-Nancy) et la Saarländisches Künstlerhaus (Sarrebruck).

Ensemble, ils mettent sur pied une bourse qui, tous les deux ans, vient en aide à des photographes – retenus après un appel à projets – âgés de 25 à 40 ans, habitant et travaillant en Grande Région (Lorraine, Wallonie, Luxembourg, Rhénanie-Palatinat, Sarre). Du coup, les heureux élus (au nombre de quatre parmi généralement « une cinquantaine de candidatures ») bénéficient chacun d’une solide aide à la création (3 550 euros) et à la production (2 500 euros), afin de concrétiser des projets « en cours de réalisation ». Au bout, une exposition itinérante et un catalogue immortalisent les efforts de tous.

> « Un propre à rien virtuose »

Ainsi, fin 2010, un photographe comme le Luxembourgeois Patrick Galbats a profité des largesses financières de ce « Regards sans limites », premier du nom, bien utiles quand il s’agit de « mettre le pied à l’étrier », dixit Éric Didym. Et si les lauréats de la troisième édition sont d’ores et déjà connus (trois venant de France – Amandine Turri Hoelken, Olivier Clément et Émilie Vialet – et l’un de Belgique : le collectif Caravane), pour le coup, c’est le quatuor de la deuxième mouture qui, aujourd’hui, s’expose au CNA.

Premier de la liste, Mike Bourscheid est un sacré oiseau, constat qui s’observe rien qu’au titre farfelu de son travail : « Entre les grenouilles et les souris (La Batrachomyomachia) ». Né à Esch-sur-Alzette, ce dernier, 30 ans, évolue dans un univers hétérogène, entre photo, sculpture, performance et installation. Avec humour et dérision, il met en scène de petites histoires autobiographiques dans lesquelles il se pose comme un clown, un artiste-polichinelle, « un propre à rien virtuose », comme il aime se qualifier. Son inspiration tient aux fêtes populaires du sud du pays (avec Fausti en arrière-fond sonore) comme aux discussions et blagues entendues dans les bars, terreau clairement propice aux situations fantasques et ubuesques. Et quand il se compare à son père saxophoniste, c’est encore pour mieux se moquer de lui-même afin de garder l’essentiel : le nez, forcément avantageux…

> Des rituels désacralisés

Dans un tout autre registre, et à travers sa série « Restes à venir », Sylvie Guillaume, elle, ravive des souvenirs en retrouvant des lieux et des personnes qui ont marqué son enfance mais dont elle s’est éloignée depuis « plus de quinze ans ». Un retour aux sources, en somme, tout en distance maîtrisée et plein de bienveillance, à la « frontière de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Moselle ». « Mon objectif avec ce travail était : comment se réapproprier la mémoire ? », explique-t-elle, reconnaissant que ce plongeon dans son passé a été « émouvant » et plein de surprises : « Certains endroits qui me paraissaient immenses étant petite m’ont frappée par le contraire. » Une autobiographie, donc, en équilibre entre souvenir et présent.

Dans la foulée, le projet « Proies » de Delphine Gatinois – sûrement le plus réussi des quatre – trouve ses racines du côté du Burkina Faso et au Mali. S’appuyant sur les croyances et mythes locaux, la photographe y développe une mise en scène esthétique et onirique à travers un langage qui lui est propre. Alors qu’elle est actuellement en résidence à Dakar, Éric Didym parle pour elle : « Ce n’est pas un carnet de voyage ou une simple documentation. Elle utilise des rituels existants pour mieux les désacraliser », précise-t-il. Sur ses images se dévoilent d’étranges personnages, êtres fabuleux et esprits d’un monde fantasmé.

Reste Guillaume Greff qui, à la différence de ses collègues, a choisi une approche documentariste pour son projet. Outre cette logique morphologique qui est celle d’avoir le « Rhin dans le dos », le photographe a en effet suivi ce fleuve tout au long de ses quelque 1 300 kilomètres, de sa source dans le canton des Grisons (Suisse) jusqu’à son embouchure en mer du Nord (Pays-Bas). Son but n’étant pas de piquer une tête, mais bien « de voir son influence sur l’architecture, ses empreintes » et de trouver ce qu’il « draine comme culture commune ». Tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc, il se concentre sur les rives, villes, paysages et autres usines.

De notre journaliste Grégory Cimatti


CNA (Display01) – Dudelange.
Jusqu’au 22 mars.

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