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[Expo] « Away From Home » : loin des yeux, près du cœur à Neumünster


Coincés à Sentilj, dans un no man's land entre la Slovénie et l'Autriche, des centaines de migrants attendent une hypothétique ouverture de la frontière. (photo Matic Zorman)

CinEast présente, à l’abbaye de Neumünster, l’exposition «Away From Home». Huit photographes y mettent en lumière ceux qui, pour une raison ou une autre, ont dû quitter leur «chez-soi».

Festival de cinéma avant tout, CinEast s’est depuis ses débuts, ou presque, intéressé à d’autres disciplines : musique, gastronomie ou encore photographie. Depuis 2009 déjà, pas une édition de la manifestation ne s’est déroulée sans la tenue d’une exposition.

Après «100 Years of the Polish Cinema» en 2009, «10 years, 10 months, 10 weeks, 10 days» en 2010, «Living on the Margin» en 2011, «Back to the Roots» en 2012, «Women’s Stories» en 2013, «So far, so close» en 2014 et «Urban Stories» l’an dernier, voici «Away from Home», un regard particulier sur la crise des migrants, mais aussi sur le simple fait de vivre ailleurs que «chez soi».

L’équipe de CinEast aime donner un sens politique à son festival et elle le prouve, année après année, en proposant à chaque édition un cycle thématique fort et dans l’actualité. Cette année, à la suite de la crise des migrants et des réfugiés, elle a décidé d’intituler son exposition «Away from Home» (loin de chez soi). À travers une dizaine de films, le cycle traite «de ce que ça signifie vraiment être « chez soi », de ce que signifie « partir », à partir de quand on est « loin de chez soi » et quand est-ce qu’on commence à construire un « nouveau chez-soi »» résume le directeur du festival, Radek Lipka.

L’exposition photo de ce CinEast 2016 suit la même thématique. Visible dans les salles voûtées de Neimënster tout au long de la manifestation (autrement dit jusqu’au 23 octobre), elle présente neuf projets photographiques de huit photographes différents. «Sur ces neuf projets, quatre parlent des migrants, cinq traitent d’autres thèmes», reprend le coordinateur de l’exposition.

«Avec la curatrice, Jagna Olejnikowska Grabowska, on trouvait intéressant d’intégrer la question des réfugiés et des migrants dans un cadre plus large, avec aussi des sans-abri, des communautés roms, des gens de Tchernobyl… Et puis des projets liés aux expatriés, pour voir non seulement ceux qui sont « partis », mais aussi ceux qui sont « arrivés » et ont posé leur bagages au Luxembourg.»

Le Polonais Adam Lach présente ici deux projets. Dans «Homesick for Chernobyl», il capte la réaction d’anciens résidents de la ville, célèbre pour son incident nucléaire, au moment de redécouvrir leur ancienne maison, 30 ans après la catastrophe; tandis que dans «Stigma», il s’intéresse à la communauté rom de la banlieue de Wroclaw, quatrième ville de Pologne, qui jouit par ailleurs du titre de capitale européenne de la culture cette année.

Le fond et la forme

Le Roumain Radu Ciorniciuc plonge, pour «The King Sewers», dans les sous-sols de Bucarest à la rencontre des sans-abri de la capitale roumaine. Et si la Polonaise Margo Skwara s’intéresse, dans «New Home», à ces personnes venues d’ailleurs qui ont décidé de recréer leur «chez-soi» au Luxembourg, le Luxembourgeois Patrick Galbats, au contraire, s’intéresse, à travers les impressionnants diptyques de «Paris-Moldova», aux musiciens roumains dans le métro parisien d’abord, puis une fois qu’ils sont rentrés chez eux.

Enfin, les Slovènes Matej Povse – «Refugees on the Balkan route – New Europeans» – et Matic Zorman – «The Balkan Night» (lire encadré) –, le Polonais Maciek Nabrdalik – «Refugee Crisis» – et le Luxembourgeois Sven Becker – «I am not a refugee» – se sont penchés, chacun de leur côté, sur la question des migrants. Les trois premiers en suivant ces hommes et ces femmes le long de leur long périple pour une vie meilleure, Sven Becker, au contraire, en redonnant un visage, un nom et une histoire à ces humains qui sont bien plus que de simples réfugiés.

«On voulait vraiment avoir quelques sujets liés au Luxembourg, reprend Radek Lipka, pour rappeler que ce ne sont pas juste des sujets qui concernent la Serbie, la Macédoine ou le sud de l’Italie, mais que ça nous concerne tous.» Et cela ressort magnifiquement à travers ces quelque 200 clichés. Et comme le fond n’enlève rien à la forme, certains sont, cerise sur le gâteau, visuellement superbes!

Pablo Chimienti

Exposition «Away From Home». Abbaye de Neumünster – Luxembourg. Jusqu’au 23 octobre. Plus d’infos sur le site de Neumünster.

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