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Enrico Macias rêve toujours d’Algérie pour « fermer une boucle »


Enrico Macias a quitté l'Algérie fin juillet 1961, quelques semaines après l'assassinat de Cheikh Raymond Leyris, son beau-père et mentor en musique arabo-andalouse. (photo AFP)

Enrico Macias, qui n’a plus mis les pieds en Algérie depuis son départ en famille en 1961, n’a pas renoncé à retourner un jour sur sa terre natale, qu’il raconte dans un livre autobiographique racontant son « deuil du pays perdu ».

« Si Dieu me prête vie, j’y retournerai peut-être de mon vivant. Mais si je n’y retourne pas, je souhaite que mes enfants et mes petits-enfants y aillent pour voir où je suis né », explique à l’AFP le chanteur né il y a 77 ans à Constantine, ville qu’il a quittée pour venir s’installer en France un an avant l’indépendance de l’Algérie.

L’interprète de « Adieu mon pays » n’a depuis jamais remis les pieds sur le sol algérien, les rares tentatives ayant échoué en raisons des tollés d’une partie de la classe politique algérienne lui reprochant son soutien à Israël.

En 2000, une tournée avait été annulée à la dernière minute. Ensuite, il n’avait pas pu se joindre à des délégations officielles lors de visite en Algérie de Jacques Chirac ou de Nicolas Sarkozy, comme il le rappelle dans son livre « L’envers du ciel bleu » (éditions du Cherche-Midi).

« Le fait de ne pas retourner en Algérie, ça me fait mal, toujours », confie le chanteur, qui n’attend pas « d’invitation officielle » mais rêve plutôt d’un « élan collectif » tout en formulant une condition: qu’il puisse y retourner « sans visa ». « Comme j’ai un peu de dignité, je ne vais pas m’imposer de force. Mais certains me disent: Qu’est-ce que ça te coûte de prendre un visa et d’y retourner?. Moi, je vais prendre un visa pour aller sur ma terre natale? », s’irrite-t-il.

« Mais c’est vrai que pour moi qui ai débuté la musique à Constantine, retourner là-bas avec toute l’expérience que j’ai maintenant, ce serait le plus beau jour de ma vie », poursuit le chanteur avec son accent marqué et un petit éclat dans le regard. « Ce serait beau, ça permettrait de fermer une boucle dans ma carrière, dans ma vie… »

Nouvel album début 2016

Enrico Macias a quitté l’Algérie fin juillet 1961, quelques semaines après l’assassinat de Cheikh Raymond Leyris, son beau-père et mentor en musique arabo-andalouse.

« Si lui, le plus arabe des juifs, le plus pacifiste des juifs, les plus algérien des juifs, ne pouvait pas espérer vivre à Constantine, aucun juif ne pouvait plus y vivre », écrit-il dans un livre où il évoque aussi son envie: « finir (ses) jours en Israël » même si cela, précise-t-il, n’est pas encore un projet très concret. « Évidemment, j’ai une image un peu laï, laï, laï, un peu festive. Mais je voulais montrer dans ce livre la douleur que j’ai aussi en moi », dit Enrico Macias, au sujet de cet ouvrage écrit en collaboration avec le journaliste Bertrand Dicale.

Même sans retourner à Constantine, Enrico Macias continuera de faire vivre ses « racines » algériennes dans son prochain album, « Les Clefs », dont deux chansons ont été écrites sur des airs de chaabi, la musique populaire algérienne.

La sortie, prévue en octobre, a été décalée à début 2016 à la suite d’une mauvaise chute du chanteur il y a quelques semaines qui s’est soldée par de multiples fractures du bras droit. Sous l’objectif du photographe, il n’hésite toutefois à saisir une guitare posée dans un coin de son appartement parisien et jouer quelques notes pour montrer que ça va mieux.

Pour les concerts à venir, en Egypte, en Turquie, aux Etats-Unis puis en janvier à l’Olympia, « ça va aller… », assure l’ex-soutien de Nicolas Sarkozy qui préfère désormais parler de musique plutôt que de politique: « Je me suis aperçu que m’engager en politique, ça ne servait à rien. Ce que je veux, c’est être un témoin de mon temps et m’engager avec mon langage à moi: ma guitare, ma musique et ma voix… »

 

AFP / S.A.

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