Raillée par certains pour sa représentation romancée de la Ville lumière, la série américaine à succès Emily in Paris revient mercredi sur Netflix avec un peu «moins de choc culturel», assurent son créateur et son actrice star.
La première saison de la série qui suit avec beaucoup d’humour les aventures d’Emily Cooper (Lily Collins) – jeune directrice de marketing venue de Chicago pour conseiller un cabinet français qui commercialise des produits de luxe –, avait déchaîné les passions. La critique, surtout française, s’était agacée de la représentation des Parisiens comme méfiants, hautains, paresseux ou dragueurs et d’une héroïne qui ne connaît ni métro ni bureaucratie française, vit dans une chambre de bonne invraisemblablement spacieuse et a une garde-robe tout aussi invraisemblable.
Mais le succès a été fulgurant : série de comédie la plus populaire sur Netflix en 2020 (avec 58 millions de foyers dans le monde qui l’ont visionnée dans les 28 jours ayant suivi sa diffusion en pleine pandémie) et une avalanche de tweets d’étrangers, notamment des Américains, rêvant de vivre dans la capitale française.
Au milieu des belles prises de vues de la Seine et ses bateaux-mouches, de la tour Eiffel toute illuminée, de la place des Vosges ou des terrasses animées, mais aussi de Saint-Tropez à l’occasion d’une escapade, l’intrigue se complique pour l’héroïne, tombée amoureuse de son voisin Gabriel (Lucas Bravo), un chef cuisinier de rêve qui s’avère être le petit ami de sa nouvelle copine, Camille (Camille Razat).
«Évolution
naturelle»
La vision «carte postale» n’a pas disparu dans cette nouvelle fournée de dix épisodes, loin de là, selon son créateur, scénariste et producteur exécutif, Darren Star, créateur de la célébrissime série Sex and the City. «La manière dont on regarde Paris est toujours assez glamour, cela est intentionnel», sourit-il lors d’un entretien via Zoom.
«Mais dans la saison 2, Emily vit sa vie et comprend mieux les manières françaises. Elle n’est plus aussi surprise quand les différences surgissent (…) il y a moins de choc culturel», assure-t-il. Et l’héroïne de parler, visiblement, un tout petit peu mieux le français, même si les faux amis sont toujours au rendez-vous.
«Les gens pourront l’interpréter comme une réaction aux critiques, mais en fait, c’est l’évolution naturelle de son personnage, comme toute personne qui assimile de plus en plus le (nouvel) environnement où elle vit», précise Darren Star. «Une série à succès dure au moins cinq saisons et un personnage ne peut pas vivre toutes ses expériences en une seule», a-t-il ajouté.
«C’était important pour nous que mon personnage soit en immersion dans la culture et la langue françaises», explique l’actrice Lily Collins, précisant que l’héroïne «commence à aller à des cours de français et est un peu plus à l’aise» avec la langue de Molière. «Elle essaie, mais en tant que quelqu’un qui a appris le français pendant des années, (je peux dire que) ça n’arrive pas du jour au lendemain», s’amuse Darren Star.
Un Anglais à Paris
Si au début, elle était un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, ses collègues français «l’acceptent telle qu’elle est», selon l’actrice, fille du musicien Phil Collins. Et si dans la première saison, on retrouvait des phrases du type : «Toute la ville ressemble à Ratatouille», ou encore : «Je me sens comme Nicole Kidman dans Moulin Rouge», Darren Star, comme pour contrebalancer cette vision idéalisée de Paris, introduit le personnage d’Alfie, un Britannique qui suit – à contrecœur – des cours de français dans la même classe qu’Emily.
Ainsi, quand l’héroïne lui affirme que la capitale française est «la ville de l’amour», celui-ci lui répond : «On présente cette ville comme romantique dans les livres, les films, sur Instagram, mais la réalité, c’est la fumée de cigarette, la merde sur les trottoirs, les pièges à touristes (…), des bouchons partout et des restaurants hors de prix.»
Emily in Paris,
de Darren Star. Netflix.