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Deux monstres sacrés et la jeune pousse Niney à l’affiche


Parmi les sorties cinéma de la semaine, deux « monuments » du théâtre, Michel Bouquet et Robert Hirsch, se donnent la réplique dans « L’Antiquaire », tandis que Pierre Niney, fraîchement récompensé d’un César pour sa composition en Yves Saint Laurent, s’essaye au thriller dans « Un homme idéal ».

« Un homme idéal » de Yann Gozlan se veut un thriller autour d’un gros mensonge : Mathieu, qu’interprète Pierre Niney, se rêve écrivain, mais ses manuscrits sont impitoyablement refusés et il travaille comme déménageur. Il tombe un jour par hasard sur un manuscrit lors en débarrassant la maison d’un vieil homme décédé. Fasciné, il se l’approprie. Le manuscrit, est publié et encensé par la critique. Une vie de rêve s’ouvre à lui aux côtés d’Alice, une jeune agrégée dont il est fou amoureux. Mais un mystérieux maître-chanteur ne tarde pas à se manifester, et Mathieu est peu à peu étouffé dans l’étau de sa fausse identité. Pour jouer « Un homme idéal », Pierre Niney a étoffé sa stature d’adolescent avec un peu de musculation, et il incarne un parfait playboy, progressivement torturé par la peur.

L’histoire se déroule sans grande surprise, dans un décor de carte postale très léché: la Côte d’Azur, où le jeune couple est hébergé dans la somptueuse villa des parents (excellent André Marcon). Séduisant mais très lisse, le film tient davantage du téléfilm que du thriller. On a envie de dire : « même pas peur ! » « L’antiquaire » de François Margolin a pour sa part une trame de vrai thriller: une jeune femme, Esther, hantée par le silence familial sur l’exécution en 1941 de son grand-père antiquaire juif, est intriguée de voir ressurgir un tableau de sa collection, prétendument volée par les nazis. Elle se lance dans un enquête périlleuse. Très vite, elle est suivie, photographiée dans ses démarches, menacée.

Michel Bouquet joue le rôle de l’oncle Raoul, personnage trouble qui a habilement oeuvré après la guerre pour capter la succession en douce. Bouquet, l’oeil à demi fermé tel un gros chat couvant sa proie, est parfait dans ce rôle de personnage doucereux. En face de lui, Robert Hirsch, de trois mois son cadet, crache sa vérité, vieil homme digne injustement accusé par la rumeur d’avoir été collabo. Anna Sigalevitch (Esther) et François Berléand, dans le rôle du père hésitant à rouvrir les blessures du passé sont au diapason.

Le film est tiré de faits réels. Sophie Seligmann, qui co-signe le scénario, est la petite-fille d’un grand collectionneur, spolié au tout début de la guerre et fusillé par les nazis. La fiction a le mérite de mettre en lumière la mauvaise volonté de musées français pour restituer des oeuvres dont ils font semblant de ne pas connaître l’origine. Mais le film n’est pas sans maladresses : une musique très présente au pathos appuyé, un personnage caricatural, « Klaus », curieusement inchangé de 1945 à nos jours (Niels Schneider), des lenteurs qui alourdissent le tempo…

Le réalisateur, auteur de documentaires remarquables (« Falashas », « L’Opium des Talibans », « Les Petits Soldats ») est peut-être moins à l’aise dans la fiction. Reste un sujet passionnant et encore mal connu du grand public, en dépit de livres et de films récents comme le fameux « Monuments Men » de George Clooney.

AFP

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