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[Danse] Festival à Neimënster : le « Bolero », comme une évidence !


Clara Pampyn et Alberto Alonso suivent, pendant la quinzaine de minutes de la création de Jesús Rubio Gamo, le rythme à la fois répétitif et évolutif du "Bolero" de Ravel. (photo Francisco Ares)

C’est ce jeudi soir que débute la deuxième édition de l’Aerowaves Dance Festival Luxembourg avec, entre autres projets, Bolero, de Jesús Rubio Gamo. Rencontre autour d’un café à l’abbaye de Neumünster.

Le monde de la culture tourne encore au ralenti. Mais l’abbaye de Neumünster sonne la fin de la récréation avec le lancement de la deuxième édition de l’Aerowaves Dance Festival Luxembourg. Parmi les différents artistes chorégraphes invités, Jesús Rubio Gamo.

Son avion est arrivé très en retard mardi soir, en raison de la fermeture de la piste au Findel. Il ne s’est donc couché que vers 3h du matin, mais l’Espagnol était à l’heure, mercredi à 9h30, pour une interview.

Le jeune Madrilène formé à Londres présente sa dernière création, Bolero. Un duo de quinze minutes interprété par Clara Pampyn et Alberto Alonso qui «explore la frontière entre légèreté et gravité», la démarcation «entre plaisir et épuisement» et qui se penche sur l’idée de «résistance». Pas sur le plan politique, souligne néanmoins le chorégraphe, mais à un niveau plus intime, plus sentimental. «Ça parle de mon couple. Lui était au chômage, moi je n’avais pas beaucoup de travail et on vivait à deux dans 30 m² à Madrid, explique-t-il. L’idée de départ vient de là et de cette envie de continuer ensemble malgré les circonstances difficiles.»

L’artiste commence à mettre en place une structure chorégraphique, des mouvements, des actions… puis pense à illustrer le tout avec des boléros, «avec ces textes tristes, mais qui parlent souvent d’amour éternel». En cherchant des boléros sur son ordinateur, il finit inévitablement par tomber sur la composition de Maurice Ravel. Un morceau archi-connu, mais dont on a oublié qu’il était à l’origine une musique de ballet.

«C’est une musique puissante qui m’a donné de la force, reprend le chorégraphe. En l’écoutant, avec son crescendo, j’ai l’impression qu’il dit : allez, allons de l’avant ! C’est répétitif, ça a donc beaucoup à voir avec la danse, l’amour, la routine, etc., mais en même temps, ça avance peu à peu et ça finit par t’emporter. D’autant qu’avec sa structure très basique, très forte, il t’impose son tempo et sa dynamique.»

Une lecture qui dépasse son intention

Le morceau de Ravel est donc proposé dans son intégralité, sans découpe ni montage. «Jusqu’à l’épuisement, le plus souvent soldé par une rupture.» Tout au long du morceaux, les corps des deux danseurs tentent de rester ensemble, unis.

Jesús Rubio Gamo a créé son Bolero en 2015. Comme il l’avait déjà fait pour ses quatre créations précédentes, il présente sa création à la plate-forme Aerowaves. «Cette fois-ci, on a été sélectionnés», se réjouit-il. Si ce n’est pas là une fin en soi, cette sélection est «un plaisir, bien sûr, une belle expérience, mais surtout une chance unique de montrer ton travail à plein de monde». Et de poursuivre : «Espérons que ce sera comme dans le Bolero de Ravel et que ça ne s’arrêtera jamais», lance-t-il, sans trop y croire néanmoins, sachant pertinemment que «la vie n’est pas comme le Bolero».

En tout cas, le fait de faire partie de la liste des «Aerowaves Twenty» a permis à Jesús Rubio Gamo et sa troupe de participer «au festival qui se tenait cette année au Danemark et, là, de rencontrer plein de programmateurs qui nous ont ensuite invités chez eux, à Paris, Rome, Cologne…» et bien évidemment Luxembourg. «C’est la toute première fois que je viens ici», note-t-il en lançant un regard fasciné à la falaise du Bock. «Je suis curieux de voir la réaction du public ici, un endroit joli et où la situation semble plus facile que chez moi. Car hors d’Espagne, le public voit toujours dans ma pièce quelque chose de très espagnol, me dit-on, avec une certaine force et puis la crise économique. Une lecture plus politique que ce qu’était mon intention, mais bon, ça semble inévitable !»

Pablo Chimienti

Au programme

Ce jeudi soir à Neimënster,
à 19 h 30 :
Bolero, de Jesús Rubio Gamo
(15 minutes)
Hope Hunt, d’Oona Doherty
(25 minutes)
Adorabilis, de Jonas & Lander
(40 minutes)
Samedi, à Neimënster,
à 19 h :
Kudokude, Daniele Ninarello
(25 minutes)
The WOMANhouse, d’Andreas
Constantinou (40 minutes)
Elvedon, de Leon & the Wolf (40 minutes)
Dimanche, à la Banannefabrik,
à 19 h :
Shapeshifting, de Linda Hayford
(20 minutes)
The Hidden Garden,
de Jill Crovisier (40 minutes)
Your Mother at My Door,
d’Emese Cuhorka et Lászlo Fülöpe (40 minutes)
www.neimenster.lu
www.danse.lu

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