Deux braqueurs, une armée de flics, des cascades et beaucoup d’explosions… Michael Bay, roi du film d’action, propose une course poursuite en plein Los Angeles. Attachez vos ceintures !
Vroum, boum, crash, pan, wee woo… Revoilà Michael Bay qui, c’est désormais connu, ne fait pas dans la dentelle. Un as du film d’action (et par ruissellement, du divertissement) qui depuis plus de deux décennies s’accroche à une recette tout en testostérone qui fait tinter les tiroirs-caisses et tourner les têtes. Sur terre, en mer, dans les airs ou dans l’espace, qu’il s’agisse de science-fiction, de thriller ou de guerre (Rock, Armageddon, Pearl Harbor, la franchise Transformers), le réalisateur est à l’aise sur tous les terrains, pourvu qu’on lui en donne les moyens. Comprendre un budget XXL, des effets spéciaux, quelques stars et tout un arsenal pyrotechnique, qui se déclenche avec un gros bouton rouge…
Bref, un cinéaste de la démesure, comme il le prouve une nouvelle fois avec Ambulance, nouveau déluge d’explosions et d’hémoglobine qui en met plein la vue et qui, malgré un casting fourni, s’appuie essentiellement sur quatre protagonistes. Soit deux demi-frères aux rapports conflictuels : Will (incarné par Yahya Abdul-Mateen II), ex-soldat revenu d’Afghanistan en galère d’argent afin d’hospitaliser sa femme atteinte d’un cancer, et Danny (Jake Gyllenhaal), qui tient de son père, braqueur invétéré comme lui. Pour leurs retrouvailles, ce dernier lui propose un dernier casse, avec 32 millions de dollars à la clé. Mais l’affaire tourne mal et, alors que ça canarde à tout va, ils prennent en otage une infirmière aguerrie aux nerfs solides (Eiza Gonzalez) et son patient, un jeune policier grièvement blessé. Dilemme : les forces de l’ordre ne peuvent donc pas tirer sur l’ambulance pour l’arrêter. D’où la (trop) longue course poursuite qui s’ensuit.
Alors que d’autres cinéastes auraient donné du souffle à leurs films, en multipliant, par exemple, les flash-back ou en détaillant les plans du braquage, Michael Bay, lui, va droit au but. Car son cinéma se veut tout en rythme, en intensité, en tension. C’est sa seule raison de vivre, et son unique moyen de fonctionner. On sort donc les pop-corn pour plus de deux heures d’adrénaline au cœur de Los Angeles, aux rues ici subitement réveillées après la longue léthargie sanitaire. Celui qui a fait courir Will Smith chemise ouverte au vent dans Bad Boys sort en effet, comme dans un réflexe, l’artillerie lourde : hélicoptères, grosses cylindrés (apparemment, la police américaine a les moyens), mitrailleuses, snipers… Une vraie guérilla urbaine qui, afin de ne léser personne, convoque aussi sous les balles le FBI, la section spéciale de la LAPD et même un cartel mexicain!
Ambulance, qui commence donc par un casse de banque raté (déjà vu cent fois sur grand écran), ramène ensuite à un autre classique du genre, Speed, avec ce véhicule «kamikaze» qu’on ne peut stopper, roulant vers une destinée incertaine. À son bord, en dehors du stress et des engueulades, on y pratique une opération chirurgicale à corps ouvert grâce à Zoom, façon «Docteur Maboul», et l’on fait des dérapages à 100 km/h en écoutant de la musique des années 90 ou une reprise de California Dreamin’ des Mamas & The Papas – un clin d’œil évident à la ville de LA, traversée là tambour battant, à fleur de bitume ou depuis le ciel.
Toujours prompt à en donner plus, quitte à sacrifier le scénario et tout ce qui fait un peu réfléchir, Michael Bay s’amuse aussi de la nouvelle technologie et, avec sa caméra, multiplie les loopings entre les imposants immeubles (certes, ça en jette mais ça ne sert à rien!). Avouons qu’au fil de la course poursuite, qui part droit dans le mur, et les plans courts (pas plus de cinq secondes), on n’est plus à une incohérence près. Après une telle cavale, les thématiques, amenées en deux crissements de pneus, ne pèsent pas lourd. Le sens de la fratrie, l’héritage, le patriotisme, le Bien et le Mal, la notion de courage et d’héroïsme… Tout cela est noyé sous le poids des armes et du sang. Au bout du film, le spectateur est dans le même état que les protagonistes : rincés. Vite, un brancard!
Ambulance, de Michael Bay.
Le cinéma de Michael Bay se veut tout en rythme, en intensité, en tension