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Carnaval de Dunkerque : vif débat autour de la « nuit des noirs »


Le blackface "est l'envers grimaçant de l'esclavage, qu'il a rendu tolérable, voire tout à fait divertissant, aux yeux des peuples d'Occident", selon les associations anti-racistes. (illustration AFP)

« Acte raciste » ou « droit à la caricature » ? la polémique fait rage à Dunkerque autour de la « nuit des noirs », un bal costumé organisé dans le cadre de ce carnaval qui s’ouvre dimanche dans le grand port du nord de la France.

Chaque année, plusieurs dizaines de milliers de festivaliers aux perruques et déguisements souvent grotesques défilent dans les rues pour ce carnaval né au XVIIe siècle et devenu l’un des plus célèbres du pays. Parmi eux, certains se griment en « noirs » avec pagnes de rafia et coiffes à plumes, dans la lignée de la tradition américaine du « blackface », bannie aux États-Unis depuis le mouvement des droits civiques dans les années 60.

Mais ce déguisement et la perspective d’un bal baptisé la « nuit des noirs », prévu le 10 mars, a provoqué cette année la colère d’associations anti-racistes. « Le blackface n’est pas seulement un acte raciste, il a partie liée avec le crime contre l’humanité. Il est l’envers grimaçant de l’esclavage, qu’il a rendu tolérable, voire tout à fait divertissant, aux yeux des peuples d’Occident », a protesté Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), dans une tribune publiée par Le Monde.

Dans un texte publié samedi, le maire divers gauche de Dunkerque, Patrick Vergriete, a quant à lui défendu le « droit à la caricature » lors de « ce temps de mélange joyeux » qu’est le carnaval. « Une femme devient homme et un homme porte robe et perruque, un ouvrier joue les banquiers, un athée se fait ecclésiastique », écrit-il. « C’est parce que l’on se moque de soi par son accoutrement que l’on peut brocarder l’autre ».

Le CRAN ne réclame pas l’annulation de la manifestation, mais propose d’en faire évoluer la thématique, « de la transformer en ‘nuit des bleus’, par exemple, en évitant désormais toute référence coloniale ».

Le Quotidien/AFP

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