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« Bommeleeër Buddha » : les bombes musicales de Serge Tonnar & Legotrip


Serge Tonnar (2e à gauche) et ses Legotrip : Misch Feinen, Eric Falchero et Rom Christnach. (photo Sam Flammang)

Serge Tonnar & Legotrip sont de retour avec un sixième album studio, « Bommeleeër Buddha ». Dix-huit chansons et chansonnettes aux styles très différents avec, en point commun, un certain aspect zen. A découvrir samedi soir à la KuFa.

490_0008_14753974_unspecifiedMais qui est donc ce Bommeleeër Buddha qui s’affiche sur la pochette du nouvel album de Serge Tonnar & Legotrip ? «Pour moi, le Bommeleeër Buddha, c’est l’artiste», explique Serge Tonnar. D’un côté, il est là pour balancer des bombes aux politiciens, à la société… Comme une sorte de lanceur d’alerte.» Il poursuit : «Mais pas des bombes puantes : les œuvres d’art sont de petites bombes pleines de poésie jetées là dans la société pour provoquer une réaction, qu’elle soit politique, esthétique, émotionnelle. Ça c’est le côté Bommeleeër. Et de l’autre côté, il y a le bouddha, dans le sens où l’artiste a aussi besoin parfois régulièrement de se retirer de la société pour observer, digérer, créer.» Et il ajoute : «C’est un peu le petit ange et le petit diable que chacun a à l’intérieur de soi, qui se livrent un combat éternel et qu’il faut arriver à équilibrer.»

Voilà pour l’explication officielle. Dans ce grand écart philosophique, l’auditeur pourrait également trouver un écho à la très grande différence de styles qu’on trouve parmi les 18 chansons et chansonnettes – quatre d’entre elles tournent autour des deux minutes seulement – qui composent l’album. Tout en restant dans un registre principalement folk-pop avec accents de musique populaire, le groupe propose également des pointes de hip-hop, de blues, de gospel, de reggae ou encore de rythmes latinos.

À la recherche d’une unité sonore

Un véritable pot-pourri dû aux conditions d’élaboration de l’album. «Le groupe faisait une pause quand j’ai commencé à écrire ces chansons, reprend Serge Tonnar, c’était donc sans but précis. J’étais totalement libre et je suis donc parti dans des sens très différents. Quand on a décidé de faire un album avec tout ça, et de le faire avec le groupe, on a donc cherché une manière de lui donner une unité sonore. C’est pourquoi on a fait le choix de l’enregistrer avec douze choristes, une marimba et un percussionniste.» L’auteur a décidé de regrouper toutes ses chansons de ces trois dernières années, y compris Bonjour & Awuer qu’il avait écrite dans le cadre du plan d’action national contre la démence, Mir wëllen iech ons Heemecht weisen, composée en guise de bienvenue aux réfugiés, ou encore Vollekslidd, présente dans la BO du documentaire d’Andy Bausch Streik !

Dix-huit chansons, donc, pour une durée totale de quelque 65 minutes, où l’auteur, qui chante comme à son habitude en luxembourgeois, s’approprie, une nouvelle fois, «des sujets qui proviennent d’un certain côté patriotique ou nationaliste, des références qui viennent de la chanson populaire, mais pour inciter les gens à réfléchir là-dessus». Preuve s’il en fallait que l’utilisation de la langue de Dicks n’est nullement incompatible avec l’engagement social, culturel, humain et une véritable ouverture aux autres…

D’ailleurs, si Legotrip était surtout connu pour les sujets sociaux et politiques de chansons toujours emplies d’une certaine mélancolie, Serge Tonnar reconnaît que cette fois ses textes sont plus proches de la «réflexion philosophique». La raison ? L’âge ? Le temps qui passe ? L’évolution de notre société ? «Peut-être tout ça à la fois, répond-il. Je m’offre le luxe de la distance. À un certain âge, il faut un peu freiner, mieux choisir ce qu’on fait, travailler de façon plus réfléchie, plus dosée.»

L’album est déjà disponible, aussi bien dans les magasins grand-ducaux que sur la toile. En début de semaine, Bommeleeër Buddha était d’ailleurs classé deuxième chez iTunes Luxembourg derrière «×» d’Ed Sheeran – «C’est qui Ed Sheeran ? Un gars de l’Oesling ?», demande Serge Tonnar en rigolant. Mais la soirée de lancement, elle, ne se tiendra que samedi, à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette. «Ce sera un concert exceptionnel et unique, prévient le groupe. Entre Legotrip, le chœur, les musiciens invités, on sera presque vingt sur scène. On va jouer tout le programme ainsi que quelques chansons plus anciennes, pendant plus de 2h30.» Une tournée nationale est également prévue dans quelques mois, mais à ce moment-là, ce sera juste avec le quatuor de base.

Pablo Chimienti

«Release party» à la Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette. Samedi à 21h.

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