[BD] « Amour minuscule » : dans le tourment de la guerre en Syrie

Le duo d’auteurs italiens Teresa Radice et Stefano Turconi est de retour en VF avec le très épais et absolument passionnant Amour minuscule. Une histoire d’amour, de guerre, d’espoir et de vivre ensemble.

Iris est d’origine argentine, Ismail est syrien. Ils vivent en Italie et forment le couple idéal. Mais alors que la guerre éclate en Syrie, Ismail doit partir pour aider sa famille et, très vite, la communication entre eux est rompue. C’est ainsi que débute Amour minuscule, l’album de la scénariste Teresa Radice et du dessinateur et coloriste Stefano Turconi.
Iris et Ismail se sont connus quelques années auparavant, lors d’un voyage d’Iris en Syrie. C’est là, dans cette terre historiquement hospitalière et pleine de merveilles qu’ils ont eu le coup de foudre. Elle, la touriste dessinatrice en devenir et lui, le guide touristique, passionné d’histoire et de calligraphie. Quelques années plus tard les voilà séparés, sans nouvelles.

Déchirures de la guerre

Restée en Italie, Iris découvre rapidement qu’elle est enceinte. Mais en Syrie, le sort s’acharne sur son aimé. Attentats, kidnapping, vol de passeport… Lui, l’universitaire, découvre la faim, la peur, l’injustice… il devient un migrant dans cette vague qui selon certains a envahi l’Europe ces dernières années. Et s’il veut retrouver la femme de sa vie, il va devoir survivre au chaud, au froid, aux passeurs véreux, à la Méditerranée, etc. «Nous n’arrivons pas à faire abstraction de nos expériences de lecture, de cinéma, d’expositions, de voyages, de musiques, expliquent les auteurs. Nous conservons en nous tout ce que nous expérimentons et aimons, cela devient partie intégrante de notre être et finit inévitablement par revenir dans nos histoires. Il arrive souvent que les œuvres que nous lisons racontent plus de nous que nous-mêmes. Elles utilisent les mots et les images appropriés pour toucher la corde sensible de chacun. Voilà pourquoi, dans nos livres, il arrive souvent que la poésie parle à notre place.»
Un récit poignant, raconté qui plus est de manière intelligente, avec distance, en contextualisant, en mettant en parallèle les dictatures latino-américaines d’hier et les guerres djihadistes d’aujourd’hui, le tout avec beaucoup d’esprit, de cœur et de poésie – aussi bien écrite que visuelle.
Un album qui demande du temps, mais vaut la peine de la première à la dernière page. Un Amour minuscule, un album majuscule!

Pablo Chimienti

Amour minuscule, de Radice et Turconi.