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Avec « Silence », Scorsese signe un film âpre sur la foi


"Silence" sonne comme un voyage contemplatif à travers les méandres de la foi. (capture vidéo YouTube)

Avec « Silence », qui sortira en salles mercredi, le réalisateur américain Martin Scorsese livre un film austère et très personnel sur la foi et la spiritualité, à travers l’histoire de deux missionnaires jésuites au Japon au XVIIe siècle.

Longue fresque dépouillée de 2h39, Silence est adapté du roman éponyme de l’écrivain catholique japonais Shusaku Endo (1966), qui décrit le déchirement de missionnaires jésuites, pris de doute dans leur foi devant le « silence de Dieu » face au martyre infligé aux convertis japonais par les Shoguns, gouverneurs militaires. Silence suit deux jésuites portugais, interprétés par Andrew Garfield (The Social Network, The Amazing Spider-Man) et Adam Driver (Girls, Star Wars épisode VII: le Réveil de la Force).

Partis au Japon sur les traces de leur mentor, le père Ferreira (Liam Neeson), à une époque où les chrétiens sont victimes de persécutions dans ce pays, ces deux missionnaires vont devoir vivre dans la clandestinité auprès de ces « chrétiens cachés » (« kakure kirishitan »). Tout au long de leur terrible voyage, leur foi va être soumise aux pires épreuves.

Martin Scorsese, 74 ans, a expliqué se sentir « très proche de cette histoire » qui « aborde sérieusement » le thème de la spiritualité. « Je n’ai rien à cacher. Ce film, c’est ce que je suis aujourd’hui », justifie le réalisateur oscarisé de Taxi Driver, de culture catholique, qui s’était déjà intéressé à la religion dans La Dernière tentation du Christ. « En un sens, ce film est celui qui a eu le plus de connexions avec ma vie personnelle », souligne le cinéaste, pour qui la spiritualité est « quelque chose que nous ne devrions pas abandonner, et dont ne devrions pas être si certains qu’elle n’existe pas ».

Un long chemin de croix

Avec ce voyage contemplatif à travers les méandres de la foi, tourné à Taïwan en pleine nature, Martin Scorsese tourne le dos à sa veine plus grand public après Le Loup de Wall Street, son plus gros succès commercial, pour s’offrir un film qui lui tenait à cœur depuis « depuis plusieurs décennies ». Ce projet l’a « obsédé » depuis la fin des années 80, impliquant successivement plusieurs acteurs avant qu’il puisse finalement le réaliser. Un long chemin de croix. « Pendant les 15 premières années, je ne savais pas vraiment comment adapter le livre au cinéma. Puis quand j’ai finalement trouvé, j’ai dû faire face à des problèmes juridiques et financiers considérables. Et j’étais continuellement découragé de le faire par la communauté d’Hollywood, parce que des films d’un autre genre étaient réalisés », se souvient-il. Il raconte que « trois ou quatre acteurs » ont aussi refusé de faire le film, parce qu’ils « ne croyaient pas au sujet, à un personnage associé à la religion », car elle « ne faisait pas partie de leur vie ».

Difficile d’accès, cette œuvre « exige une concentration du public », selon le réalisateur, et place les spectateurs devant les dilemmes des personnages tout au long d’un périple semé de dangers. Jalonné d’images fortes, ce film à la mise en scène sobre mais soignée peine cependant à fédérer en raison de sa thématique âpre, tandis qu’Andrew Garfield et Adam Driver ne parviennent pas toujours à donner l’épaisseur attendue à leurs personnages.

Le Quotidien/AFP

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