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Avant « Sweet Dreams », la longue route vers le succès de Eurythmics


Les Eurythmics étaient au sommet dans les années 80 (photo: dr)

Avant d’écrire leur immense succès des années 1980 « Sweet Dreams (Are Made of This) », le duo pop-rock de Eurythmics pensait sa carrière finie.

Annie Lennox, la chanteuse à la voix grave et puissante du groupe parmi les plus emblématiques de l’ère des synthétiseurs, se souvient de l’enregistrement du titre, en 1982 à Londres: « J’étais d’une humeur terrible ce jour-là. J’ai même pensé tout laisser tomber ».

« J’étais assise et je me disais que j’allais probablement dire à Dave Stewart, son partenaire d’Eurythmics, « que j’allais rentrer en Écosse », ajoute la chanteuse célèbre pour ses cheveux courts peroxydés. Leur premier album avait été un échec commercial.

Puis, tout d’un coup, elle trouva une mélodie en apparence toute simple au clavier. Lui, à la guitare, a rapidement embrayé avec un tempo en tripatouillant une boîte à rythme.

« La mélodie est soudain devenue addictive et entêtante, mais nous ne l’avons –et notre maison de disque non plus– pas choisie comme single avant au moins la troisième ou quatrième sélection », poursuit Dave Stewart.

Tout en se remémorant ces souvenirs depuis le studio mythique EastWest à Hollywood, où les Beach Boys ont enregistré « Pet Sounds », la chanteuse s’assoie au piano et se lance dans une interprétation acoustique impromptue de « Sweet Dreams ».

Hall of fame?

Le duo, qui n’a pas joué ensemble depuis plusieurs années mais a gardé une grande complicité, espère entrer au Rock and Roll Hall of Fame. Les experts musicaux et fans choisissent par scrutin les prochains lauréats, qui seront annoncés en décembre. Le groupe de rock Radiohead ou la cultissime chanteuse de jazz Nina Simone sont aussi dans la course.

De retour sous les projecteurs, les deux vedettes de Eurythmics en ont profité pour annoncer une réédition de tous leurs albums en version vinyle courant 2018.

« La première fois que beaucoup de gens voient des artistes comme nous passer à la télé, ils se disent ‘oh ça marchait déjà bien pour eux' », remarque Dave Stewart.

« Mais ils ne voient pas les quatre, cinq, dix ans passés à vivre dans un squat ou à avoir du mal à joindre les deux bouts, à jouer devant trois ou quatre personnes », insiste le rockeur barbu et tatoué, aux sempiternelles lunettes de soleil. « Je pense que tous les artistes du Rock and Roll Hall of Fame sont passés par là ».

« Sweet Dreams (Are Made of This) » et son album éponyme, tous deux sortis en 1983, ont régné sur les classements des meilleures ventes en Europe et en Amérique du Nord, et ont été suivis par d’autres albums à succès comme « Be Yourself Tonight ».

« Sweet Dreams », avec son intro au synthétiseur reconnaissable entre toutes, est devenu un classique de la musique électronique, souvent ré-interprété, notamment par le rockeur gothique Marilyn Manson.

« Nous n’aurions jamais imaginé que ce serait une chanson qu’on retrouverait dans tous les festivals de musique électronique, parce qu’on ne faisait pas de musique électronique », admet Dave Stewart, 65 ans.

En écrivant les paroles, la diva écossaise de 62 ans explique que « Sweet Dreams » décrivait à l’origine la situation sombre dans laquelle se trouvait le duo. Mais à force, le titre est devenu un symbole des rêves –et difficultés– de chacun.

« C’est un peu, ‘ok, on est là, qu’est-ce qu’on en fait?’ On sait qu’on va mourir au bout », élabore-t-elle. « Alors c’est un peu philosophique et presque comme un poème haïku d’une certaine étrange façon ».

« Ça n’a rien à voir avec le sadomasochisme, ce que beaucoup de gens ont longtemps pensé », ironise-t-elle, mais « si c’est ce que certains veulent y voir, pas de problème. Marilyn Manson a poussé la chanson à l’extrême et on était très contents qu’il l’ait fait ».

Le Quotidien/ AFP

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