Jean Hilger et Colette Kieffer se retrouvent à nouveau sur scène, et en musique ! Après s’être intéressés à Maurice Ravel et Erik Satie, les voilà en compagnie du personnage de Jacques Offenbach. A découvrir au Théâtre Ouvert Luxembourg (TOL) dès jeudi.
Décidément, ils sont inséparables ! Jean Hilger, pianiste qui sait faire le spectacle, et Colette Kieffer, comédienne aux élans mélodiques, se retrouvent une nouvelle fois sur scène dans une étonnante partition, dans laquelle tous deux pianotent, chantent et se renvoient les échanges sans retenue.
Une sorte de théâtre musical burlesque qui peut déstabiliser un public plus enclin à des formes «plus classiques». «Le but du jeu, c’est de faire jouer la comédie à un musicien, et de la musique à une comédienne, sinon, ce n’est pas rigolo !», dit la metteuse en scène Isabelle Bonillo – que l’on a pu voir en solo il y a peu au théâtre Le 10 dans Une tempête, d’après Shakespeare – qui s’appuie ici sur un texte de Florent Toniello.
Quid, d’ailleurs, de l’écriture du premier prix du Concours littéraire national en 2015 ? «Ce n’est pas une biographie ! Elle donne plutôt des éléments en pointillé», poursuit-elle, précisant, sans trop en dévoiler, que ça parle «de la difficulté d’un créateur» face à la «partition» blanche et de ce qui passe «à la postérité».
C’est sur ces maigres explications que Jacques Offenbach va être dépeint, avec pour tout décor, le pont d’un bateau. Le voilà en effet de retour d’un voyage triomphal en Amérique (ça, c’est vrai!), mais horrifié d’avoir perdu son inspiration (ça, c’est une fiction !) alors qu’il s’était mis en tête de composer une valse le temps de remettre pied à terre.
Heureusement, ses muses – celles tirées de ses opéras-bouffes (La Belle Hélène, Geneviève de Brabant, Eurydice…), mais également son épouse Hérminie – «lui viennent en aide» et utiliseront tous les artifices possibles pour faire revenir l’inspiration du Mozart des Champs-Élysées.
Clown de salon et faiblesses intérieures
Entre les valses et airs d’opérette, entre le XIXe siècle et l’époque contemporaine, le tourbillon des personnages, des idées et des mélodies redonnera-t-il la confiance nécessaire au maestro ? Mystère…
Un drôle de bonhomme, en tout cas, cet Offenbach, et même un précurseur selon le TOL qui, sur son site, dans le sillage du compositeur, évoque l’histoire du féminisme ou l’actuel «nation branding».
Petit tour de table pour savoir ce qu’en pensent vraiment les principaux concernés. Isabelle Bonillo, à la vision très franco-allemande : «C’est quand même un natif de Cologne qui a contribué à l’image de Paris, avec le french cancan, les shows hauts en couleur… Il a le sens du plateau et du spectacle !». De son côté, si Jean Hilger évoque un malin et un arriviste qui «arrive à manier les ficelles pour être reconnu», il apprécie aussi l’aspect «clownesque» du compositeur emblématique du Second Empire : «Il faisait rire tout le monde», sûrement pour ne pas dévoiler ses «faiblesses intérieures», comme Satie en somme !
Moment choisi par Colette Kieffer pour rebondir. «Quand on évoque Satie, on pensera, maximum, à une ou deux mélodies. Offenbach, c’est beaucoup plus, ne serait-ce qu’à travers la publicité… Ça reste dans la tête, car c’est très simple, très fin.»
Logique, pour finir, qu’après la comédienne qui parle musique, c’est au pianiste de parler théâtre : «Offenbach, c’est de la musique de théâtre ! On ne peut pas enlever l’image derrière… Il faut l’intrigue, sinon ça ne marche pas !» Un mélange des genres, on vous l’a dit !
Grégory Cimatti