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Au Musée de Varsovie, l’histoire retrouvée dans les ruines


Dagmara Mazurel, attachée de presse du Musée de Varsovie, regarde une vitrine d'objets en argent, le 26 mai 2017 avant la réouverture du musée fermé pendant quatre ans pour travaux. (Photo : AFP)

Le conservateur de l’exposition Jaroslaw Trybus pointe une vitrine renfermant une poignée de porte ornementale en laiton, apparemment banale, un des objets de la nouvelle exposition du Musée de Varsovie qui rouvre ses portes après quatre ans de travaux.

L’objet du 19ème siècle provient de l’ancien Hôtel de Ville de la capitale polonaise, détruite à 90% par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale.

«La poignée a été arrachée par la force, vous pouvez le voir sur la plaque de propreté, par le gardien de l’Hôtel de Ville lors de l’insurrection de Varsovie», raconte M. Trybus à la presse. «Le simple gardien a considéré que quelque chose devait être sauvé», alors que les Allemands avaient mis la ville à feu et à sang pour mater le soulèvement de 1944 qui a coûté la vie à environ 200.000 habitants de Varsovie.

Après l’échec de l’insurrection, les nazis avaient rasé la ville en faisant sauter à l’explosif et en incendiant un par un ses bâtiments, ses rues. «Je pense que cette histoire en dit beaucoup plus que plusieurs articles», dit M. Trybus, ajoutant que le gardien a également sauvé onze cuillères et un fragment du parquet. «Cela montre combien l’insurrection était dramatique pour qu’on soit obligé de sauver des objets apparemment banals comme une poignée de porte ou une cuillère».

Labyrinthe

L’ancien Hôtel de Ville a fini par être reconstruit après la guerre, tout comme les onze bâtiments adjacents qui abritent le musée et qui forment un labyrinthe de pièces, cours intérieures et cages d’escalier aussi complexe que l’histoire de la ville et où il est facile de se perdre. Ce labyrinthe a ses bons côtés selon Ewa Nekanda-Trepka, directrice du musée. «Il donne la possibilité de s’arrêter, de regarder autour», et d’apprécier non seulement l’exposition mais aussi les bâtiments historiques qui l’accueillent et qui servaient jadis d’immeubles d’habitation.

Les onze bâtiments sont situés au coeur du centre historique de Varsovie, entièrement reconstruit après la guerre et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour raconter l’histoire de la ville dont peu de choses sont restées debout après la guerre, le musée a choisi de se concentrer sur les objets que M. Trybus décrit comme «des témoins et eux-mêmes participants de l’histoire de la ville».

«Nos parents, nos grands-parents nous montraient de vieux objets et à partir d’eux nous racontaient l’histoire familiale. Dire l’histoire à travers les objets est une façon habituelle, naturelle de transmettre le savoir enfermé dans les choses», contrairement à ce que fait école qui se concentre sur un savoir abstrait, explique encore M. Trybus, «Je suis certain qu’on est capable de raconter l’histoire de la ville à travers ses objets».

La nouvelle exposition permanente, «les choses de Varsovie» présente 7.352 objets regroupés dans 21 salles avec des thèmes tels que les cartes postales, les horloges, les cartes, l’argenterie, les emballages, l’archéologie ou encore les statuettes de sirènes – le symbole de la ville. Dans une des salles à côté des objets en terre cuite datant du Moyen-Age sont exposées de simples casseroles émaillées lourdement endommagées.

Comme leurs voisins, «ces casseroles ont également été trouvées lors des fouilles archéologiques, (…) lors des fouilles sur le terrain de l’ancien ghetto de Varsovie» rasé par les Allemands en 1943, explique M. Trybus. Les travaux de rénovation ont coûté 64 millions de zlotys (15 million d’euros) et ont été cofinancés par les fonds que la Norvège, l’Islande et le Lichtenstein versent aux Etats membres plus pauvres de l’UE, en contre-partie de leur accès au marché commun.

Pour ceux qui ont absolument besoin de dates et de chiffres, le musée en fournit aussi: la première poste a été ouverte à Varsovie en 1647, le premier escalator en 1949 et le premier kebab en 1994.

Le Quotidien/AFP

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