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Au Brésil, cet homme-sirène barbu ne plaît pas à tout le monde


Davi de Oliveira Moreira, known as Sereio (merman in Portuguese), poses in his mermaid tail costume at Arpoador Rock on Ipanema Beach in Rio de Janeiro, Brazil, on May 3, 2017. The 22-year-old Brazilian is part of a growing mermaid craze in Brazil. / AFP / YASUYOSHI CHIBA

Cheveux châtains mi-longs, barbe quelque peu hirsute, Davi Moreira fait son show au milieu des vagues d’Ipanema. Ce jeune Brésilien au look de surfeur n’a pas de planche au pied, mais une queue de sirène attachée autour de la taille.

Un scène insolite qui ne manque pas d’interloquer plus d’un baigneur sur cette plage mythique de Rio de Janeiro. Pour ce jeune homme de 22 ans, rien de plus naturel. « C’est un style de vie, une façon d’exprimer mon amour et mon respect pour la mer, la rencontre entre deux mondes », raconte-t-il.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est loin d’être seul: au-delà du Brésil, la mode des sirènes a gagné de nombreux pays du monde entier, du Canada à la Russie, en passant par les Pays-Bas.

Pour Davi, cette passion a commencé dès la plus tendre enfance. Ce fils de pêcheur rêvait de devenir Ariel, l’héroïne aux cheveux écarlates de « La petite sirène », dessin animé qu’il a vu des dizaines de fois.

Il l’a même rejoué à sa façon, dans un remake gay désopilant du classique des studios Disney qui a atteint plus de 18.000 vues sur YouTube.

Préjugés homophobes

Dans sa chambre, Ariel est partout: de la couette au papier peint, en passant par d’innombrables bibelots, entre des mugs, t-shirts et poupées, sans oublier les cassettes VHS vintage.

Pourtant, la vie d’homme-sirène est loin d’être un long fleuve tranquille, surtout dans un pays encore gangrené par la violence homophobe. Ses premiers coups de nageoire ont été accompagnés d’insultes en tous genres et même de commentaires acerbes de sa famille, qui lui a conseillé de consulter un psychologue.

« Je n’essaie pas d’échapper à la réalité. Je suis tout à fait capable de faire face à la vie adulte. C’est juste quelque chose qui me rend heureux et qui ne fait de mal à personne », argumente-t-il.

Sur la plage d’Ipanema, John et Caio, deux adolescents d’une favela toute proche, le regardent pourtant d’un œil réprobateur: « Il est trop moche ce pédé, trop bizarre ».

« Le fait de voir un homme s’approprier un symbole féminin est parfois mal vu ici », avoue Davi, qui, en marge de ses shows aquatiques est souvent invité à se présenter dans des soirées gay.

« Les gens se moquent de moi parce que je suis différent, mais moi je me moque d’eux parce qu’ils sont tous pareils », rétorque la sirène barbue, de sa voix haut perchée.

« Toute une philosophie »

Au Brésil, la passion pour les sirènes prend d’autres formes éloignées des clichés. Des rencontres de sirènes « grosses et noires » sont organisées régulièrement à Bahia (nord-est).

La mode a explosé avec la telenovela « A Força do Querer » (la Force de la volonté), dont l’héroïne est une jeune femme plantureuse qui nage gracieusement dans un aquarium au milieu des poissons et des touristes avec sa queue de sirène orange.

Un personnage inspiré par Mirella Ferraz, auto-intitulée la « première sirène professionnelle du Brésil », depuis 2012.

« Je suis contente de voir que c’est à la mode à présent, même si, au-delà de mouvement esthétique, j’aimerais que les gens sachent aussi qu’il s’agit aussi de toute une philosophie de défense de l’environnement », affirme cette jeune femme de 34 ans, qui compte plus de mille adeptes dans son pays.

« Pour moi, c’est bien plus qu’une mode passagère », assure Davi. L’homme-sirène n’avoue qu’une seule lacune dans sa panoplie: il ne sait pas chanter.

Le Quotidien / AFP

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