Le plus grand festival de BD au monde, qui débute jeudi, rend hommage au journal satirique.
Trois semaines après l’attentat, « l’esprit Charlie » soufflera sur la 42e édition du festival d’Angoulême. (Images : DR)
De jeudi à dimanche, le festival international de la Bande dessinée d’Angoulême, qui a accueilli en 2014 plus de 200 000 personnes, sera placé sous haute surveillance après la tragédie du 7 janvier et la venue de centaines d’auteurs du monde entier, d’éditeurs et de personnalités. Pour Franck Bondoux, son délégué général, « le festival 2015 sera un temps de mémoire mais nous voulons aussi témoigner que la vie continue », avec des expositions, des rencontres avec des auteurs de BD, des dessinateurs de presse, des dédicaces, des animations et une immense librairie…
« J’appelle les visiteurs à venir plus nombreux que jamais à Angoulême », dit-il. Trois semaines après l’attentat, « l’esprit Charlie » soufflera donc sur cette 42e édition, avec des temps forts comme l’exceptionnel Grand prix spécial attribué dès jeudi à Charlie Hebdo « pour l’ensemble de son œuvre », précise Franck Bondoux. Le week-end, c’est le « Prix Charlie de la liberté d’expression », créé au lendemain du drame avec le plein accord de la rédaction de l’hebdomadaire, qui sera décerné pour sa première édition « aux dessinateurs disparus ».
Ce prix couronnera dans l’avenir des auteurs du monde entier qui se battent pour préserver les valeurs fondamentales de la liberté d’expression. D’autres hommages à Charlie Hebdo marqueront également le festival. Ainsi, un album virtuel, intitulé à juste titre jesuischarlie@bdangouleme.com, avec plus de mille contributions de dessinateurs français et étrangers a été réalisé à l’initiative de la manifestation. Une grande exposition consacrée à Charlie Hebdo, de sa genèse au numéro du 7 janvier sera organisée à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême.
L’Hôtel de Ville sera lui aussi mis aux couleurs de Charlie et une quarantaine de unes, représentatives de la riche et tumultueuse histoire du journal satirique, seront placardées dans les rues d’Angoulême, à la manière d’une campagne électorale. Des tables rondes autour du dessin de presse devraient également être proposées au public ainsi que des hommages dessinés à la fin de chaque « concert de dessin ».
> Un mangaka Grand Prix ?
Jeudi, sera par ailleurs proclamé le Grand Prix d’Angoulême, élu par ses pairs, que certains voulaient décerner d’emblée à Charlie Hebdo. Trois finalistes sont en lice : l’auteur de mangas Katsuhiro Otomo, créateur de la série culte Akira, le scénariste britannique de comics Alan Moore, auteur de Watchmen ou V pour Vendetta (le masque de V a été adopté par les Anonymous) et le dessinateur et scénariste belge Hermann Huppen, dit Hermann, qui aime à varier les genres, du western à l’anticipation ou la BD historique.
Otomo sortira-t-il vainqueur des urnes ? Ce serait le premier mangaka couronné par le Grand Prix. Enfin, dimanche, seront décernés les neuf « Fauves d’Angoulême » : 62 albums sont en compétition, dont 35 dans la Sélection officielle. C’est l’Américain Bill Watterson, père de Calvin et Hobbes qui avait remporté le Grand Prix en 2014. Une exposition lui est consacrée cette année, aux côtés d’autres prestigieuses.
Ainsi, le mangaka Jirô Taniguchi sera l’une des stars du festival à l’occasion d’une rétrospective, la première de cette envergure en Europe, consacrée à son œuvre foisonnante et humaniste. Révélé en Occident en 1995 avec L’Homme qui marche, Jirô Taniguchi, 67 ans, est devenu au fil d’une trentaine d’ouvrages traduits le mangaka « le plus apprécié des lecteurs francophones toutes générations confondues ».
L’Américain Jack Kirby (1917-1994), créateur de Captain America, Hulk ou X-Men, sera aussi mis à l’honneur, tout comme le scénariste français Fabien Nury, auteur de séries d’une remarquable diversité : Il était une fois en France, Tyler Cross, W.E.S.T… L’Asie, et particulièrement la Chine, sera également fêtée à Angoulême.
Le Quotidien (avec AFP)