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Allergies au pollen, ce qu’il faut savoir


Selon le Dr François Hentges, "les gens sont maintenant mieux pris en charge. Ils ont des médicaments à l'avance". Photo LQ/Fabrizio Pizzolante)

Si l’on en croit les pharmaciens, la saison des allergies semble avoir été calme. Mais qu’en est-il vraiment ? Rencontre avec le Dr François Hentges, de l’unité d’immunologie-allergologie du CHL.

« C’est une année tout de même assez normale », annonce d’emblée le Dr François Hentges de l’unité d’immunologie-allergologie du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL). Mais l’année peut paraître calme si on la compare à 2018, une année très riche en pollens, les allergiques devraient s’en souvenir. Le spécialiste note tout de même des particularités cette année : « Par exemple, tout au début du printemps, au mois de février, il y avait beaucoup de pollens de noisetier et d’aulne (les chatons au printemps), dans un temps très court et des personnes qui n’avaient jamais eu de problème d’allergie auparavant ont en eu pour la première fois à ce moment-là. » Or, tous les allergiques ne sont pas égaux : « Certains réagissent de façon plus importante à des concentrations élevées soudaines et d’autres réagissent plutôt quand la concentration de pollens se prolonge sur une durée plus longue, mais de façon moins importante. Par exemple, l’an passé, il y en avait pendant les mois de janvier, février, mars, alors que cette année c’était très ramassé sur quelques jours à la mi-février. »

Une chronologie qui varie

Les personnes allergiques au pollen le savent bien : « Il y a une certaine chronologie qui varie d’une année à l’autre. Cette année, au mois d’avril, il y avait beaucoup de pollens de bouleau, puis au mois de mai il y a souvent ceux du chêne et déjà le début des pollens de graminées qu’on retrouve ensuite en grande concentration en juin-juillet. »

Aujourd’hui, l’attitude des personnes concernées a évolué, selon le Dr François Hentges. Il n’est plus question de courir chez son médecin lorsque les premiers symptômes apparaissent, ils anticipent : « Les gens sont maintenant mieux pris en charge. Ils ont les médicaments à l’avance. Ils regardent sur le site pollen.lu quand ils savent que la saison arrive. »

Il n’y a pas que les mœurs qui ont changé, l’environnement également et la pollution à l’ozone, surtout quand il fait chaud, est désormais bien connue de tous : « On sait que la pollution aggrave les symptômes surtout chez les jeunes enfants. C’est quelque chose de confirmé, mais ça ne varie pas trop d’une année à l’autre. Nombreux sont également ceux qui ont des problèmes liés à la pollution : toux, yeux qui brûlent. »

Des origines en partie génétiques

Pourquoi certains d’entre nous souffrent de la présence d’éléments naturels qui composent notre environnement ? La réponse est en partie génétique : « Si l’on a aucun parent allergique, on a environ 30 % de devenir allergique soi-même. Si l’on a un parent allergique ce risque grimpe à 40 % et si nos deux parents sont allergiques, cette possibilité augmente encore pour atteindre 60 à 70 %. » Ceci est valable pour l’allergie au pollen pour laquelle on ne peut pas faire grand-chose. Par contre, il existe d’autres allergies contre lesquelles on peut en partie s’armer pendant la petite enfance, par exemple « en ayant un animal à la maison entre l’âge de 1 an à 2 ans, on est davantage protégé contre l’allergie aux poils de chiens ou de chats », souligne le Dr François Hentges. « L’allergie est un problème de notre système immunitaire qui réagit mal. Elles sont moins fréquentes dans les pays où le niveau d’hygiène est moins élevé car le système immunitaire est davantage sollicité. Des études montrent que plus on est en contact avec des animaux, pas seulement avec leurs poils, mais aussi toutes les bactéries qu’ils ramènent à la maison entre l’âge de 1 et 2 ans, moins on a d’allergies. » Il cite en exemple une étude qui compare la différence entre des enfants qui vivent dans une ferme traditionnelle avec l’étable à quelques mètres de la cuisine et d’autres qui ont pour cadre de vie une ferme moderne, avec des règles d’hygiène strictes et une maison éloignée des activités de la ferme. Dans le premier cas, les enfants développent beaucoup moins d’allergies.

Le principe est le même pour les réactions cutanées : plus on se lave, plus on a des risques d’allergies. La société hygiéniste que nous avons créée a grandement limité les infections, mais en allant dans un certain sens trop loin, d’autres maladies ont au contraire pu prendre leur essor.

Audrey Libiez

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