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A Damas, les commandos féminins en première ligne face aux rebelles


Assises sur un plancher surélevé en tôle, un fusil de précision russe à la main, les deux meilleures tireuses embusquées de l’armée syrienne guettent leur « proie » dans le quartier de Jobar à Damas.

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Une militaire syrienne conduit un char à Damas le 25 mars 2015. (Photo : AFP)

La sergente Rim, 20 ans, et la sergente chef Samar, 21 ans, appartiennent à la Première Brigade des commandos féminins de la Garde républicaine. Cette unité d’élite est en charge du front le plus difficile, face à des rebelles déterminés dans le triangle Jobar – Zamalka – Aïn Tarma, trois zones de l’est de la capitale. Devant elles, un trou d’où dépasse leur SV-98. En face, des immeubles en ruines, des maisonnettes démembrées, des carcasses de voitures. Il semble qu’il n’y ait pas âme qui vive sur ce champ de bataille. Mais l’apparence est trompeuse: le sol est traversé de tunnels et la mort rôde derrière chaque bâtisse.

Leur commandant les a présentées comme les plus fines gâchettes de la brigade. « C’est vrai que nous avons beaucoup de patience, première qualité d’un tireur embusqué », affirme timidement Rim. Derrière un visage rond, un sourire enfantin et des yeux légèrement maquillés se cache une redoutable guerrière. « J’atteins généralement trois ou quatre cibles par jour et honnêtement quand je rate un homme armé d’en face, il m’arrive d’en pleurer de rage », confie-telle.

> Pas une question de sexe

Son record: 11 rebelles abattus en une journée. « Mon chef m’a remis une sorte de diplôme, comme à l’école », rit-elle. Sa coéquipière se targue d’un record de sept victimes. L’immeuble stratégique où elles opèrent se trouve à moins de 200 mètres de la première ligne de front. Il est entièrement tenu par des militaires femmes. Derrière une autre façade est postée Zeinab avec son B-10, un canon sans recul russe de 82 mm. Equipée d’un casque anti-bruit, elle vient de tirer dans un fracas épouvantable sur une maison située à 500 mètres et « l’objectif a été touché », dit-elle fièrement.

Cette femme de 21 ans, cheveux long et regard clair, a choisi la carrière militaire après son baccalauréat. Ses amis et sa famille l’ont encouragée et après trois mois d’entraînement, elle a rejoint les commandos. Pourquoi manier un canon aussi impressionnant? La réponse est radicale: « le tireur embusqué tue une personne à la fois, mais avec le B-10, quand j’ai tiré sur la maison, je suis sûre que tous les gens s’y trouvant sont morts ».

Le capitaine Ziad, en charge de l’immeuble, est satisfait de l’attitude au feu des femmes sous ses ordres. « Il n’y a pas de différence entre hommes et femmes. Certains ont le coeur solide et un courage chevillé au corps, d’autres pas. Ce n’est pas une question de sexe ».

> 800 soldates

La brigade des commandos féminins, la seule unité de femmes combattantes, a été crée il y a près de deux ans et compte 800 soldates reparties sur tout le front est et sud-est de Damas, face aux bastions rebelles. Quand on demande à leur chef, le commandant Ali, si cette unité a été crée pour palier aux pertes importantes subies par l’armée depuis le début de la révolte une ONG a décompté plus de 46 000 soldats tués en quatre ans il nie catégoriquement.

« C’est une décision du président Bachar al-Assad qui veut promouvoir le rôle de la femme syrienne et montrer qu’elle est capable de réussir dans tous les domaines, » assure-t-il. Les troupes armées syriennes comptaient près de 200.000 hommes et plusieurs milliers de réservistes. Le recrutement des soldates s’est fait par le biais d’affiches. Ainsi, Angham, 21 ans, a vu une annonce dans un magasin à Hama (centre). Recrutée, elle a été formée cinq mois à l’Académie de la marine de guerre à Jbelé (nord-ouest) avant d’être transférée à Damas.

« Mes trois frères sont soldats et j’ai une soeur qui veut me rejoindre », déclare cette spécialiste de la Doushka, une mitrailleuse lourde. Selon le commandant Ali, les recrues ont signé un contrat de dix ans. A l’extérieur du bâtiment, une jeune femme de 19 ans manoeuvre un tank avec deux coéquipières, soulevant un épais nuage de poussière. « Nous sommes plusieurs femmes à avoir appris à conduire un tel engin. Il fait 43 tonnes », dit-elle. « C’était très difficile, mais nous avons réussi », s’enorgueillit la tankiste sous son casque.

AFP

 

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