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Viols dans une école d’Isère : la ville s’émeut, l’administration enquête


Les habitants de Villefontaine (Isère) défilent samedi lors d’une marche silencieuse après la mise en examen du directeur d’une école primaire de la ville pour des viols présumés sur plusieurs élèves, qui a déclenché une enquête administrative des ministères de l’Éducation nationale et de la Justice.

Le directeur d’école âgé de 45 ans, qui a reconnu les faits pour neuf enfants, a été mis en examen mercredi pour « viols aggravés, agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans et acquisition et détention d’images pédopornographiques ». Depuis, les parents de 14 autres élèves ont signalé de nouveaux faits potentiels aux enquêteurs.

La révélation de cette affaire lundi a ému cette ville de 18 000 habitants, située à 25 km au sud-est de Lyon.

Les parents des écoliers organisent ce samedi un défilé « sans slogan, ni banderoles », qui s’achèvera dans l’école primaire du Mas de la Raz, a indiqué le maire Raymond Feyssaguet. « Les parents d’élèves ont simplement manifesté leur besoin d’exprimer leur colère », a-t-il expliqué.

Cette colère se double d’une interrogation : comment cet enseignant a-t-il pu continuer à exercer alors qu’il avait déjà été condamné en 2008 à six mois d’emprisonnement, assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans et obligation de soins, pour « recel de bien provenant de la diffusion d’images d’un mineur à caractère pornographique » ?

Les ministres de l’Éducation nationale et de la Justice, Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, ont annoncé vendredi avoir demandé une « inspection conjointe » de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche et de l’Inspection générale des services judiciaires, car « il semblerait que cette condamnation n’ait pas été portée à la connaissance de l’Éducation nationale », indiquent les ministres dans une lettre commune.

« Il y a eu un dysfonctionnement », admet Mme Vallaud-Belkacem dans une interview au Parisien de samedi.

« Il a été condamné en juin 2008, juste avant les vacances scolaires. A cette date, il avait obtenu un changement d’académie et il s’est aussitôt mis en congé parental, puis en arrêt maladie jusqu’en février 2011. Et quand il a repris ses fonctions, il a changé d’école tous les ans », détaille-t-elle.

« Trois mots : intolérable, horrible, brutal »

L’enquête devra donc notamment « analyser les conditions dans lesquelles cet enseignant a été nommé sur ses différents postes depuis la date des faits ayant conduit à sa première condamnation », « déterminer dans quelle mesure les services compétents étaient ou non informés de la condamnation dont avait fait l’objet cet enseignant » et « mettre en évidence le cas échéant les défaillances à l’origine d’une absence d’information », selon la lettre des deux ministres qui en attendent les premiers résultats le 30 avril.

L’enseignant a, semble-t-il, également trompé son entourage.

Dans une interview au Dauphiné Libéré, son épouse, accablée, affirme réaliser « seulement maintenant » qu’il lui avait raconté « des mensonges à l’époque ». « Il m’a alors raconté que ce n’était pas lui qui avait consulté les photos, mais d’autres internautes en m’assurant que la connexion wifi de la maison n’était pas sécurisée », confie-t-elle.

Concernant les faits reprochés à son mari, « je ne dirai que trois mots : intolérable, horrible, brutal », lâche-t-elle.

« Comment n’ai-je ne rien pu voir en 18 années de vie commune ? En vivant à ses côtés, en partageant sa vie, j’étais censée être la première à voir que quelque chose n’allait pas, mais je n’ai rien vu. Du coup, je me sens terriblement coupable aussi ».

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