Tour des clubs : Jeunesse : la vie sans Ibra, mais avec Carlo

La Jeunesse Esch a perdu on terrible buteur, mais Carlo Weis, son nouveau coach, compte sur son départ pour forger une nouvelle mentalité. Weis a verrouillé le vestiaire en y installant des hommes qu’il connaît et prône un football plus réaliste.

Le Quotidien : Quelle a été la logique suivie pour le remplacement de Sanel Ibrahimovic, la star du club ces trois dernières saisons ?

Carlo Weis : Des Ibrahimovic, tu ne peux pas les remplacer. Il faut trouver d’autres profils pour les remplacer. Il pesait lourd au niveau comptable mais aussi lourd dans le groupe et l’acceptation de la situation par le groupe, justement, n’était pas énorme. Qu’est-ce que ça va donner maintenant? Je pense que ça va relancer le groupe Jeunesse. Ne vous trompez pas : si on n’avait pas voulu qu’il parte, il ne serait pas parti (NDLR : le Bosniaque appartenait en fait toujours à la Jeunesse contractuellement). Mais on l’a laissé filer et on n’a surtout pas recherché un buteur à 20 réalisations par saison. On cherchait des remplaçants solides, avec du vécu, de l’expérience et ayant un tout autre style et qui feraient du bien au collectif. C’est le bien qu’Ibrahimovic n’a pas fait. Avec lui, ce n’était pas onze joueurs, c’était dix plus un.

Mais il vous fallait absolument un Momar N’Diaye… Se contenter de Molnar n’était pas suffisant ?

Il fallait voir ce qu’il y avait sur le marché et qu’on pouvait se payer. Un Karapetian (NDLR : F91) qui demande 5 000 euros, ce n’est pas réaliste. Ça ne vaut pas ça. Un N’Diaye, c’est vraiment au-dessus et c’est abordable. Il me le fallait absolument parce que c’est un très bon renfort.

Vous avez recruté beaucoup de joueurs que vous connaissiez déjà avant d’arriver. Une manière de mieux tenir le vestiaire ?

Les seuls que je ne connaissais pas, finalement, c’était Sardaryan (NDLR : recruté plusieurs mois avant son arrivée) et Menessou. Mais lui, il n’y a pas besoin de dix entraînements pour voir que c’est quelqu’un de droit, un joueur de club. Pour les autres, c’est vrai que c’est intéressant d’avoir des garçons qu’on connaît, cela fait avancer les choses beaucoup plus vite. C’est comme si on était tous là ensemble depuis un certain temps.

Quel est votre projet de jeu pour cette Jeunesse en reconquête ?

Le plaisir passe toujours par les points. Partout. À la Jeunesse ou ailleurs. Moi aussi j’aimerais me faire plaisir mais je ne pense pas que ce soit possible aussi facilement. Cette équipe, il faut lui donner un nouveau visage et un certain réalisme, offensif et défensif.

La saison passée, Dan Theis pensait qu’on était toujours au temps où lui jouait à la Jeunesse, quand elle pouvait se permettre d’entrer sur le terrain et de dire on va bouffer tout le monde. Ça, ça ne marche plus en 2015. Il ne faut pas se voiler la face, ni être prétentieux mais bien réaliste : aujourd’hui, pour la Jeunesse, il faut analyser et respecter tout le monde. Et s’adapter.

La Jeunesse part de très loin par rapport à la concurrence. Que peut-elle espérer ?

Ça va être dur de trouver les bonnes solutions parce qu’il faut atteindre un objectif en jouant un football réaliste. Et cela sous-entend retrouver une certaine mentalité de gagnant coûte que coûte. On ne doit plus jouer à la baballe. On a retrouvé à certains moments, en matches amicaux, une certaine déconcentration offensive et défensive.

Bref, on est retombés dans les erreurs de l’année passée. On n’a pas encore retrouvé la stabilité qu’on souhaite. Alors on aimerait bien rester dans le top 5, mais dans un rôle inversé par rapport à la saison passée. C’est-à-dire, en tout cas, ne pas finir encore cinquième.

Julien Mollereau

Suivez notre tour des clubs. Déjà parus : Wiltz, RM Hamm, RFCU, Strassen, CS Grevenmacher, US Mondorf, Etzella, Rosport.

Le budget : 700 000 euros