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Quel voyage de noces !


Le Luxembourgeois Henri Z a été assassiné à Porto Seguro au Brésil, où il se trouvait en voyage de noces. (Capture d'écran Google Maps)

Le 25 octobre 2011, le Luxembourgeois Henri Z. est retrouvé assassiné à Porto Seguro au Brésil, où il se trouvait en voyage de noces. Lors de la quatrième journée du procès, jeudi, c’était au tour de l’enquêteur de la police judiciaire de dévoiler la chronologie de l’enquête.

Retour sur ce voyage sanglant au Brésil et sur les premiers indices qui expliquent qu’aujourd’hui son épouse, Brigitte D., et la meilleure amie de cette dernière, Tania M., se trouvent sur le banc des prévenus.

Pour l’équipe de la police judiciaire chargée d’élucider l’assassinat du Luxembourgeois Henri Z. au Brésil, la communication et la coopération avec la police brésilienne n’ont pas toujours été faciles. À titre d’exemple, la première CRI demandée en novembre 2011 n’a été accordée qu’en mars 2013. Mais les résultats de l’enquête se basent également sur des témoignages des proches de la victime et des prévenus ainsi que des écoutes.

Selon un certain nombre de témoins interrogés, la destination du Brésil avait été choisie relativement tard. Il avait d’abord été question de faire le voyage de noces au Laos ou bien sur une croisière. La décision de partir au Brésil date d’août-septembre 2011. Or Diego M., le fils de Tania M., aurait su bien avant qu’Henri Z. viendrait au Brésil. Dans ses dépositions, il déclare également avoir aussi déjà réservé l’hôtel.

Le voyage de noces a en fin de compte duré près de trois semaines. Sur cette période, 25 000 euros ont été débités de la carte de crédit de Henri Z. Ce qui correspond à 54 opérations de retrait – 72 ont échoué. Juste 5 000 euros ont pu être expliqués. D’après l’enquêteur, les retraits ont été faits dans le centre de Porto Seguro toujours après 22h, à une heure donc où Henri Z. était normalement déjà couché.

Avant d’être assassiné le 25 octobre, Henri Z. avait non seulement déjà perdu beaucoup d’argent, mais il avait été une première fois attaqué le 21 octobre. C’était quelques heures après qu’il avait acheté deux tickets d’avion de retour. Il se trouvait avec son épouse Brigitte D. sur la plage à 500 mètres de leur hôtel quand avaient surgi deux agresseurs avec un couteau. «Lors de la première attaque, on ne sait pas ce qui lui a été volé», note l’enquêteur en précisant que les agresseurs s’étaient retirés quand Henri Z. avait fait le mort.

L’épouse qui évite la police après l’attaque

Pendant ce temps, son épouse était allée chercher de l’aide. Mais au lieu de se diriger vers le policier qui effectuait un contrôle de sécurité, sur son chemin elle aurait filé tout droit vers l’hôtel. «Un contrôle de sécurité ne passe pas inaperçu, surtout si elle cherchait de l’aide», a remarqué le président de la chambre criminelle, Prosper Klein.

Comme Henri Z. était blessé à la tête, il avait été transporté à l’hôpital. Malgré ses blessures superficielles, son entourage avait insisté à ce qu’il reste à l’hôpital. Et le lendemain, il avait été transféré dans une clinique privée qu’il avait quittée le 25 octobre. Pour rappel, l’avion du retour était réservé pour le 22 octobre. Or dans le dossier ne figure aucun élément qui prouve que pendant son séjour à l’hôpital, on ait essayé de changer son billet.

Où est passé le sable dans ses chaussettes ?

À sa sortie le 25 octobre et quelques heures avant le drame, Henri Z., Brigitte D. et Diego M. avaient dîné au restaurant. Vu que l’addition a été réglée en liquide, il n’est plus possible de retracer l’heure de leur départ. Le serveur interrogé se souvient toutefois que Diego M. avait passé une grande partie du repas au téléphone. Impossible toutefois pour la police judiciaire de retracer ces appels, étant donné que la police locale a refusé de fournir les relevés téléphoniques.

Après avoir fait ensemble un tour dans le centre de Porto Seguro, Henri Z. aurait insisté à retourner seul à pied à l’hôtel – ce qui correspond à environ 5 km. Dans ses dépositions, son épouse explique s’y être opposée, mais ils l’auraient quand même laissé faire. «S’ils ne voulaient pas qu’il rentre seul, ils auraient pu s’arrêter à l’hôtel devant lequel ils étaient passés en rentrant du centre de Porto Seguro», remarque l’enquêteur.

Diego M. et Brigitte D. seraient donc retournés à l’hôtel sans Henri Z. Un peu plus tard, vers 21h30, ce dernier avait été retrouvé assassiné à 2 km d’où ils l’avaient laissé. Vu l’état du chemin qu’il avait emprunté, il aurait dû avoir du sable dans ses chaussettes. Ce qui fait conclure l’enquêteur qu’il a été transporté à l’endroit où il a été exécuté.

Si l’on suit les dépositions de Brigitte D. et de Diego M., ils auraient seulement appris la mort de Henri Z. le lendemain matin. L’enquêteur indique toutefois que le soir du drame, Diego M. aurait effectué de nombreux aller-retour en voiture depuis l’hôtel, notamment pour rendre visite à un ami.

Auprès de la police, Brigitte D. n’aurait pas pu identifier le cadavre, c’est Diego M. qui l’aurait fait. Elle aurait ensuite rapidement voulu l’incinérer. C’est par téléphone qu’elle avait informé de la mort de Henri Z. sa meilleure amie, Tania M. Cette dernière, qui les avait accompagnés lors du voyage de noces, était déjà rentrée le 23 octobre au Luxembourg.

«Est-ce que Henri Z. était si têtu et incompréhensif de rentrer seul dans la pénombre quatre jours après la première attaque ?», a demandé Prosper Klein à la fin de l’exposé de l’enquêteur. Une chose est sûre, le procès est loin d’être terminé. Il reste encore beaucoup d’éléments à clarifier. Le procès se poursuit lundi avec l’audition des témoins. Mardi, la parole sera à nouveau à l’enquêteur.

Fabienne Armborst

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