Le président américain Donald Trump, embourbé chez lui dans des accusations de collusion avec la Russie, est arrivé jeudi matin avec son épouse Melania à Paris, où il est l’invité d’honneur d’Emmanuel Macron pour les commémorations vendredi de l’entrée des États-Unis dans la Première guerre mondiale.
Donald Trump, dont l’avion présidentiel Air Force One a atterri à l’aéroport parisien d’Orly, consacrait sa matinée aux personnels civil et militaire américains, avant d’entamer la partie diplomatique et commémorative de sa visite. Accueil solennel et cérémonie militaire aux Invalides, visite du tombeau de Napoléon, entretien au palais de l’Élysée, dîner des couples présidentiels dans un restaurant étoilé de la Tour Eiffel, défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées : le programme élaboré par la présidence française devrait faire oublier momentanément ses ennuis à M. Trump – son fils aîné est soupçonné de collusion avec Moscou pendant la campagne électorale américaine.
Les Premières dames, Brigitte Macron et Melania Trump, doivent visiter de leur côté la cathédrale Notre-Dame de Paris, au cœur de la capitale, avant une croisière sur la Seine. Le président Trump « est très enthousiaste. La Première dame est très enthousiaste. Rendre visite à un couple comme les Macron dans la Ville Lumière, c’est assez prodigieux », confie un haut responsable américain. « Nous avons l’habitude de bien recevoir les gens qu’on invite. Nous aurons à cœur que ce séjour se déroule bien », explique de son côté l’Élysée, démentant l’idée que cette invitation en grande pompe constitue un blanc-seing à l’imprévisible dirigeant américain.
La visite de Donald Trump revêt une forte charge politique, compte tenu des relations difficiles que le président, chantre de l’ « Amérique d’abord », entretient avec de nombreux pays. Et elle intervient quelques jours après un G20 houleux, où les États-Unis ont réaffirmé leur volonté de faire cavalier seul, notamment sur la question primordiale du climat. La présidence française insiste sur les enjeux diplomatiques. Il s’agit, selon Emmanuel Macron, de ne pas « rompre » avec les États-Unis, de ne pas les « isoler », et de réaffirmer les « liens historiques » qui unissent les deux vieux alliés.
Les sujets de divergence « ne seront pas évités »
Les deux dirigeants se parleront jeudi après-midi en tête à tête à l’Élysée, avant un entretien élargi aux délégations. Les discussions seront en grande partie consacrées « à ce qui unit le plus les deux pays en ce moment : la lutte antiterroriste ». La France, deuxième contributeur de la coalition anti-jihadiste en Irak et en Syrie, est « un partenaire très proche dans le domaine sécuritaire », reconnaît un haut responsable américain. Toutefois, précise l’Élysée, les sujets de divergence, en particulier le climat, « ne seront pas évités ».
Experts et diplomates mettent toutefois en garde contre l’imprévisibilité totale de Trump. « C’est très compliqué de jouer aux échecs avec un homme dont on ignore tout de la stratégie, et dont le seul postulat est de tout subordonner à l’intérêt national américain. S’imaginer qu’on le fera changer d’avis est une pure folie », analyse le spécialiste des relations internationales Bertrand Badie. Les deux hommes, que tout semble opposer au premier abord, « ont beaucoup de choses en commun dans leur façon de voir le monde », estime le haut responsable américain.
Lors du récent sommet du G20, le président français a multiplié les amabilités, les gestes complices, les accolades, en net contraste avec les autres Européens, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, très critique vis à vis de l’Américain. Hasard du calendrier, Angela Merkel était d’ailleurs à Paris jeudi pour un sommet franco-allemand coprésidé en matinée avec Emmanuel Macron. Mais aucune rencontre n’était prévue entre la chancelière et le dirigeant américain.
Le Quotidien/AFP