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Momar N’Diaye fait peur aux lucarnes


Momar N'Diaye était déjà une arme de destruction massive dans le jeu, mais si en plus, maintenant, il y ajoute des phases arrêtées... (Photo : Mélanie Maps)

L’attaquant de la Jeunesse Esch, Momar N’Diaye, a inscrit dimanche à Hamm son troisième coup franc direct cette saison. Naissance d’un spécialiste.

Buteur sur coup franc direct contre Etzella et Strassen, le Sénégalais a récidivé au Cents le week-end dernier et posé les bases de ce qui va devenir une psychose pour tous les gardiens de but du pays: ses coups de pied arrêtés!

Le coup franc, c’est un art?

Momar N’Diaye : Non, c’est un peu au pif… Il n’y a pas de style, juste une vérité : plus tu cadres, plus tu as de chances de marquer. C’est mon seul souci au moment de tirer.

Pas très poétique tout ça. C’est tout?

Oui. Tu cadres, tu essayes d’éviter le mur parce qu’il faut bien déjà réussir à passer cet obstacle-là, d’autant que tu ne sais pas comment il va se comporter (va-t-il sauter ou rester au sol? Sont-ils grand ou pas? On ne peut jamais savoir), en mettant un peu d’effet et puis après, c’est comme un penalty : tu choisis un côté et le gardien aussi.

Un penalty? Il faut déjà avoir pas mal de facilités techniques pour s’autoriser à considérer un coup franc aux 18 m comme un penalty…

Mais si on les frappe bien, c’est ça, c’est comme un « péno »! Et pourtant, je suis loin d’être le meilleur des tireurs de coups francs! Il faut juste avoir confiance en soi et en ce qu’on fait!

Vous les avez toujours frappés, dans vos clubs précédents?

Un peu en Allemagne et quand j’ai débuté au FC Metz, aussi. Mais là, je n’étais pas le numéro 1. Devant, il y avait notamment Miralem Pjanic et Julien Cardy. Pjanic, c’était déjà un spécialiste, l’un des meilleurs. J’ai beaucoup appris de lui, en le regardant. Et puis après, j’y ai mis ma petite touche perso…

Vous en frappez beaucoup à l’entraînement?

Pas spécialement. Deux ou trois, comme ça, en fin de séance. Et puis dès qu’on joue à l’extérieur, j’essaye de toucher un des ballons utilisés par le club qui nous reçoit pour me familiariser avec lui. J’en attrape un et je tente quelques tirs à l’échauffement. Le reste, après, c’est à l’instinct. Il m’arrive même de varier mes courses d’élan…

Ah oui tiens, celle qui amène le but du 4-3 contre Strassen, dans les arrêts de jeu, a énormément marqué les esprits. Elle était assez surréaliste, avec un changement de direction en plein milieu.

C’est parce qu’au début, je voulais tirer en force, mais j’ai changé d’avis pendant la course d’élan.

Pendant la course d’élan?

Oui, j’ai vu que le gardien était légèrement avancé. Et le mur était composé de joueurs vraiment très très grands, alors j’ai tenté de jouer la lucarne. Je vous avoue que je ne sais pas comment il est rentré. Quand j’ai vu la balle monter et monter, vraiment très haut, j’ai été étonné de la voir retomber en lucarne.

Vous en aviez tiré un autre, quelques minutes plus tôt… mais en la jouant altruiste, en décalant Corral pour un centre décisif à destination de Delgado. C’est-à-dire en choisissant une option quand même a priori moins efficace qu’un tir direct, vu votre taux de réussite.

On avait travaillé cette combinaison auparavant. Ça ne marchera pas tout le temps. Mais en fait, ce coup franc… j’étais aussi parti pour le tirer directement, mais il y a l’appel intelligent de Ken, qui fait le geste qu’il faut derrière.

Quand on a marqué trois coups francs directs en quatre mois, on commence à se piquer au jeu d’objectifs chiffrés?

En marquer le plus possible.

Y compris contre le F91 et Joubert, dimanche, donc?

On n’a pas joué ensemble à Metz parce qu’il est parti un an avant que je ne joue en seniors, je crois. Mais à la limite, même si c’était un ami, rien à faire. Quand je tire un coup franc, je ne pense pas à celui qui est dans le but, j’essaye juste de faire mon boulot. D’ailleurs, les gardiens de DN, je ne les connais pas beaucoup, mais je pourrais très bien me renseigner sur leurs préférences.

Tous les coups francs sont pour vous à la Jeunesse?

Non, il n’y a pas de tireur désigné. Si quelqu’un arrive et me demande de lui laisser parce qu’il le sent bien, je le laisse. Un Deidda, un Menèssou, un Molnar ou un Mélisse sont de bons tireurs. Il faut juste qu’ils le sentent. Même si moi, c’est vrai, en ce moment, je les sens souvent bien et que j’aime prendre mes responsabilités.

Vous avez des modèles?

Dès que j’apprends que Pjanic en a remis un beau, je vais voir comment il l’a tiré. On peut toujours apprendre. En ce moment, il y a aussi Ronaldo. Un peu.

Tiens, c’est curieux : après votre coup franc de Hamm, vous avez commencé à célébrer votre but à sa manière, bras écartés, mais vous avez semblé vous raviser au dernier moment.

(Il rit) C’est venu comme ça, automatiquement. Je me suis retourné et je l’ai fait, mais promis, sans penser à lui. Vous savez comment c’est quand on marque : on ne réfléchit plus à ce qu’on fait!

Entretien avec notre journaliste Julien Mollereau

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