Luc Holtz : « On n’a pas voulu tenir compte de mon avis »

Luc Holtz et Paul Philipp jouent sur les mots chacun de leur côté. Si le président estime que les prérogatives de son sélectionneur n’ont pas été rognées plus que ça à l’occasion de l’élaboration du calendrier de la prochaine saison, ce dernier estime qu’il devra se passer des matches amicaux contre les clubs pros et qu’il n’aura plus le temps de façonner le physique de ses internationaux de la BGL Ligue. En bref, pour lui, c’est un drame…

Il n’y a donc aucun Dudelangeois dans votre sélection pour le Nigeria. Avec 48 heures entre la finale de la Coupe et ce match avancé contre le Nigeria, avez-vous seulement envisagé de les appeler?

Luc Holtz  : C’était d’entrée hors de question. J’ai appelé Michel Leflochmoan au début de la semaine dernière pour lui faire part de mes plans. Même si on avait joué mercredi au lieu de mardi (NDLR  : comme prévu initialement), je me devais de tenir compte qu’il pouvait éventuellement y avoir des prolongations. On aurait eu 72  heures maximum entre les deux rencontres, c’était tout bonnement impossible.

Et si le Fola avait fait respecter la logique et s’était qualifié pour la finale aux dépens de Mondorf? Vous auriez aussi dû vous passer de Laterza et Bensi?

(Il sourit) Alors j’aurais été dans une grosse merde. Parce qu’il n’y a pas que les joueurs du F91, il y a aussi Gerson, Martins et peut-être Chanot qui seront encore en compétition. Ça en fait un peu beaucoup. Je constate juste qu’on ne met pas assez la priorité sur la préparation d’un match international. En tout cas, moi, j’avais demandé le décalage de la finale de la Coupe et cela m’a été refusé. On n’a tout simplement pas voulu tenir compte de mon avis.

Il s’agit d’un amical de fin de saison. C’est un moindre mal?

Quand je vois la planification de la saison prochaine et alors que j’ai souvent entendu ces dernières années que le calendrier était organisé en fonction des besoins de la sélection nationale, je constate que là, il a été conçu pour la Division nationale. Pas pour la sélection. Malheureusement, je dois dire.

Comment cela?

Le petit avantage qu’on pouvait avoir sur nos adversaires, cette période de préparation un peu plus longue qui nous permettait de nous préparer un peu plus longuement… Eh bien, on me l’a ôtée. Cette petite faveur, c’est fini. On pourra se préparer de moins en moins et cela ne me réjouit pas.

Vous parlez du décalage de certaines journées de championnat au jeudi?

Quand je regarde les mois de septembre et octobre, en tout cas, oui. Par le passé, on décalait, et même quand il s’agissait d’un très gros rendez-vous, on supprimait carrément la journée. Cela me permettait d’insérer un match de préparation pour les joueurs évoluant au Grand-Duché. Là, cela va devenir carrément impossible puisque, apparemment, dans le meilleur des cas, on aura quelques matches décalés au vendredi et pas tous. Cette planification des années précédentes nous permettait de travailler le physique, d’élever le niveau de jeu des joueurs de DN.

Dorénavant, je vais avoir besoin d’une baguette magique pour y arriver. Impossible de faire quelque chose si l’on part du principe qu’il faut de toute façon respecter 48 heures de récupération après un match. Si les gars jouent le dimanche, les lundis et mardis on ne fera pas grand-chose et il ne nous restera plus que 48 à 72  heures pour faire du régénératif et de la mise en place tactique. On oublie l’intensité. Or avoir du rythme, à ce niveau, c’est le seul moyen d’exister.

En plus, pour la prochaine campagne, on a hérité d’un groupe très dur (NDLR  : Belarus, Bulgarie, Suède, France et Pays-Bas). Ce ne sera pas très évident.

Vous ne semblez pas avoir été prévenu que la FLF et/ou les clubs en étaient arrivés à ce mode opératoire…

J’ai reçu le calendrier par mail. On n’a pas du tout tenu compte de mes souhaits et des intérêts de la sélection. J’ai été mis devant le fait accompli et je n’ai pas eu la possibilité d’en discuter avec qui que ce soit. Alors je ne veux plus qu’on dise qu’on conçoit le calendrier en fonction de nos intérêts.

Les clubs ont-ils fait pression?

Il faut poser la question à quelqu’un d’autre.

Mais vous vous en doutez?

Est-ce que ce système a dérangé les clubs? Ils ont dit que notre préparation était trop longue, oui. Mais on en a besoin. Et on ne m’a pas écouté.

Et donc, là, face au Nigeria, vous retombez sur vos pattes en injectant quatre jeunes encore jamais apparus chez les A.

Ça me donne cette possibilité de les voir, oui. Quand je regarde nos dernières sorties contre la Bosnie et l’Albanie, je me suis rendu compte que nos 60  premières minutes sont très correctes, mais qu’on a perdu ces matches sur nos 30 dernières, quand certaines entrées en jeu nous ont affaiblis. Après certains changements, notre niveau a baissé et je ne suis pas satisfait.

Alors on va voir comment ces jeunes se débrouillent. Il ne nous reste plus que ce match amical contre le Nigeria pour voir comment nous pouvons améliorer la largeur du cadre. Il nous faut un groupe plus performant et équilibré. Aux jeunes, donc, de prendre le taureau par les cornes, même si ceux de Sarrebruck ne savent pas de quoi leur avenir sera fait la saison prochaine. Ils ne savent même pas où ils joueront, mais mon plus grand souhait est qu’ils restent dans le monde pro et je vais essayer de les aider un maximum à faire carrière.

Parce qu’il nous faut plus de Laurent Jans si nous voulons continuer à gratter des points. Parce que là, je suis d’avis qu’on ne fait pas tout pour mettre les chances de notre côté…

Julien Mollereau

Luxembourg-Nigeria, mardi 31 mai, 20h15, stade Josy-Barthel (Luxembourg).