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Les robots nous mettront-ils au chômage ?


Il faut faire évoluer la le d'auteur avec la technologie alors que les plateformes numériques captent une part toujours grandissante de la création (illustration AFP)

Les robots vont-ils voler nos boulots ? Le débat, récurrent, sur une raréfaction du travail liée à l’accélération des mutations technologiques revient en force dans la campagne présidentielle française, sur fond de chômage de masse.

Propositions phares du candidat socialiste Benoît Hamon, le revenu universel et l’idée de taxer les robots découlent en partie du postulat que la révolution numérique va détruire de nombreux emplois. Ce diagnostic est-il juste ? Difficile de trancher au regard de la vitesse d’innovations dont nul ne peut prédire les conséquences. Mais entre techno-optimistes et techno-pessimistes, la polémique fait rage.

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Une peur ancestrale

« La question remonte à l’Antiquité, Aristote pensait déjà que les animaux prendraient le travail des esclaves. Elle ressurgit à chaque vague de mutation technologique, comme la révolte des canuts de Lyon au XIXe siècle liée à la peur des machines », rappelle l’économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.

Aujourd’hui, les experts tentent régulièrement de mesurer l’impact des transformations. Un rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a estimé en janvier que moins de 10% des emplois risquaient de disparaître en France comme dans d’autres pays de l’OCDE, du fait de l’automatisation et de la numérisation. Des projections bien plus positives que l’étude « Frey et Osborne » très commentée parue en 2013, et qui tablait sur une suppression de 47% des emplois dans les 20 prochaines années.

« Le champ des emplois à créer est infini »

Plus que la quantité d’emplois impactés, c’est la capacité à en créer de nouveaux qui interroge. « On sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne. Il y a une vraie incertitude. Mais on sait qu’au cours des vingt dernières années, où l’on a déjà assisté à une numérisation, le volume global de l’emploi a plutôt augmenté », souligne Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE. L’économiste Joseph Schumpeter (1883-1950) appelait cela la théorie de la « destruction créatrice » : les machines non seulement créent des emplois directs mais génèrent aussi de la richesse et des besoins nouveaux.

« La technologie ne génère pas une raréfaction du travail mais une mutation », appuie Nicolas Bouzou. La preuve : des pays comme la Corée ou la Suisse, bien plus robotisés que la France, affichent un chômage très bas. L’enjeu principal réside à ses yeux dans la formation : « les chauffeurs de poids lourd vont perdre leur job avec les véhicules sans chauffeur, il faut donc les former à d’autres compétences dans la logistique. Sinon on aura énormément de chômage », prévient ce techno-optimiste pour qui « le champ des emplois à créer est infini ».

Des machines plus compétentes

Mais pour les techno-pessimistes, ce phénomène de destruction créatrice s’enraye. D’une part parce que, contrairement à la précédente révolution industrielle, celle que nous vivons aujourd’hui n’a qu’un faible effet sur la croissance, qui ne décolle pas. Ensuite, parce que les progrès de l’intelligence artificielle sont tels que peu à peu, les outils ne sont « plus seulement au service de l’homme, ils prennent une partie des décisions, s’adaptent à notre subjectivité et pourront faire parfois mieux que les hommes lorsque le travail sera trop complexe », analyse le philosophe Raphaël Liogier, auteur de Sans emploi : condition de l’homme post-industriel.

Pilotes automatiques, aspirateurs intelligents, big data… : étant donné que « la machine remplacera l’homme non plus seulement sur des tâches d’exécution », il existe « une forte probabilité pour que le solde net d’emplois créés par rapport aux emplois détruits soit négatif », prédit aussi la fondation Jean-Jaurès.

Le Quotidien/AFP

Un commentaire

  1. il faut aussi évoquer que la multiplication des robots industriels exposent les travailleurs à des risques pour leur sécurité : ceci est d’autant plus accentué dans les cas des nouveaux robots collaboratifs qui partagent un même espace de travail, en réalisant des travaux avec les opérateurs :  » La prévention des risques de la robotisation  » : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=546

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