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La Corse s’enfonce dans la crise des ordures ménagères


La saturation des centres de traitements des déchets et l'impossibilité de construire une nouvelle usine ont précipité la Corse dans une crise qui risque de devenir sanitaire. (Photo AFP)

La Corse s’est enfoncée jeudi dans la crise des ordures ménagères qui risque d’évoluer vers une crise sanitaire si un règlement n’est pas rapidement trouvé, les habitants devant conserver chez eux leurs déchets après la fermeture de tous les centres de traitement de l’île.

Le dernier des quatre centres d’enfouissement des déchets encore ouvert, à Viggianello (Corse-du-Sud), près de la station balnéaire de Propriano, a verrouillé son portail mercredi mettant un point d’orgue à cette crise qui couve depuis le début de l’été. La situation est ainsi totalement bloquée et les ordures s’accumulent dans les rues, au bord des routes et chez les particuliers après la suspension des collectes.

Alors que l’exaspération monte dans la population appelée à payer ces jours-ci des taxes d’enlèvement des ordures ménagères particulièrement élevées en Corse, les maires du Sud de l’île ont interpellé la Collectivité territoriale (CTC). Ils ont aussi demandé, si aucune solution n’est trouvée, la réouverture des centres d’enfouissement par l’État puisque celui-ci affirme qu’ils ne sont pas saturés, contrairement à ce qu’affirment la plupart des communes concernées.

Le président du Syndicat de valorisation des déchets (Syvadec), François Tatti, a convoqué jeudi une réunion d’urgence avec des élus, des représentants des collectifs de riverains des centres de traitement et l’État afin de tenter de trouver une solution. « L’objectif est de débloquer la crise sans délai car il ne serait pas acceptable qu’une situation à la Napolitaine s’installe sur notre territoire », a déclaré François Tatti à la radio publique RCFM. Selon celui qui est aussi président de la Communauté d’agglomération de Bastia, l’une des raisons de la crise est le refus par l’État de présenter un amendement à la loi Littoral comme s’y était engagée la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, lors de déplacements cet été en Corse.

Cet amendement devait permettre d’autoriser la construction d’une usine de traitement des déchets dont le permis de construire a été annulé par la justice administrative près du centre d’enfouissement de Tallone (Haute-Corse), sur la côte orientale de l’île.

Production exponentielle d’ordures et incivisme

« L’engagement pris par Ségolène Royal le 21 juillet 2015 est rompu 2 mois après. D’où la crise actuelle des ordures ménagères en Corse ! », a déploré sur Twitter le président du Conseil exécutif de la CTC, Paul Giacobbi, député (DVG) de Haute-Corse. La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a annoncé qu’une mission d’inspection se rendrait en Corse « pour faire le point sur les responsabilités et les raisons de cette situation. »

La crise, qui a éclaté cet été avec la saturation du centre d’enfouissement de Tallone et l’impossibilité de construire une usine de traitement, avait été reportée pour ne pas compromettre la saison touristique, le centre voisin de Prunelli-di-Fiumorbu acceptant d’augmenter sa capacité d’accueil des ordures. Avec une pression démographique importante et mal maîtrisée et l’arrivée chaque année de quelque 4 000 nouveaux venus dans l’île, à laquelle s’ajoute la déferlante estivale de plusieurs millions de touristes, la Corse, qui compte 310 000 habitants, est sous-équipée pour le traitement des déchets.

Ainsi, la faiblesse de son marché intéresse peu les grands groupes de traitement des déchets. L’économie insulaire, qui est basée sur le BTP, gros pourvoyeur de déchets, et la consommation à outrance avec le plus grand nombre de supermarchés de France par habitant, encourage en outre la production exponentielle d’ordures.

L’incivisme aidant, le tri sélectif à la source, quand il existe, demeure en outre un vœu pieux dans de nombreuses communes. Ainsi, moins de 20% des emballages sont recyclés en Corse quand la moyenne approche désormais les 70% sur le continent et que le tri sélectif est devenu une pratique courante dans des régions italiennes voisines comme la Toscane.

AFP

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