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Harcèlement sexuel dans une gendarmerie : deux gradés en correctionnelle


La brigade de recherches de Lunéville a été saisie, alors qu'un second obus a été saisi sur le stand du vendeur. (illustration AFP)

Propos salaces, gémissements obscènes, propositions graveleuses, brimades : une jeune femme gendarme en poste en Bourgogne a décrit un an de cauchemar, pour lequel elle a récemment obtenu le renvoi en correctionnelle de deux anciens supérieurs pour harcèlement sexuel aggravé.

Le parquet de Paris a cité à comparaître le 15 octobre un adjudant de 37 ans et un maréchal des logis-chef de 36 ans, selon une source judiciaire. Ils sont soupçonnés d’avoir fait vivre entre octobre 2012 et novembre 2013 un enfer à huis clos à leur subordonnée de 26 ans, dans la brigade de Joigny, sur les bords de l’Yonne.

Suspendus de leurs fonctions en décembre 2013 et visés par une procédure disciplinaire, ils nient toute infraction pénale. Contactés, l’avocat du premier n’a pas souhaité commenter dans l’immédiat et celle du second n’a pas donné suite.

Décrit dans la synthèse d’enquête comme promis à «une perspective de carrière des plus optimistes», l’adjudant concédera en garde à vue avoir pu dire que les Antillaises et les Réunionnaises étaient «précoces», ou avoir pu se prêter à une «plaisanterie» ici ou là.

Mais «en aucun cas, je n’ai voulu la harceler sexuellement», affirmera-t-il, précisant n’avoir «jamais été attiré par cette femme», selon son audition.

Son collègue a évoqué «un complot» ourdi par «quatre femmes» de cette brigade d’une vingtaine de militaires. Il a reconnu son goût pour les «blagues salaces» sans voir «où est le problème». «Je suis un plaisantin, un déconneur, un organisateur de soirées. Je ne suis pas un délinquant sexuel», a-t-il insisté auprès de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN).

Il a aussi nié avoir pointé son arme de service vers la jeune femme, un incident présumé pour lequel il sera également jugé.

L’expertise psychiatrique de la victime présumée ne relève «pas de tendance à la mythomanie, ni à l’affabulation», et ses déclarations sont jugées «dignes de foi». «Plusieurs témoignages corroborent les faits dénoncés», renchérit une source proche de l’enquête.

En pleurs dans un bureau

«Ils voulaient que je leur donne ce qu’ils voulaient», a dit la femme gendarme en audition. Faute de quoi, elle aurait été rabaissée dans ses compétences, selon son récit aux enquêteurs.

Elle leur a rapporté des propos particulièrement vulgaires, des gémissements suggestifs dans les couloirs, des propositions de «partie à trois» avec une autre femme gendarme, cette main sur l’épaule ou sur la hanche, ce baiser arraché, les commentaires sur son «joli petit cul» ou sur ses seins, cette demande de fellation en échange d’un service.

Selon une source proche de l’enquête, elle change alors ses habitudes vestimentaires pour dissimuler ses formes, perd des cheveux, souffre d’eczéma, prend des antidépresseurs, voit ses relations avec son conjoint pâtir de la situation. Regrettant l’apathie de ses collègues, elle raconte comment après des railleries d’un des harceleurs présumés, sous les rires, elle se réfugie en pleurs dans un bureau.

Et c’est elle qui est isolée de ses collègues par sa hiérarchie. Selon une source proche de l’enquête, l’IGGN a relevé «les carences du commandant d’unité dans le domaine du contrôle des personnels», son «manque de discernement» qui «a pu favoriser des dérives d’autres personnels tout en privant» la plaignante «de la confiance et de l’appui qu’elle aurait pu espérer».

«Les souffrances de ma cliente doivent être entendues. La parole doit être libérée pour que de tels faits n’aient plus à être déplorés au sein des armées», a réagi l’avocate de la gendarme, Me Élodie Maumont.

Mise en place en 2014, la cellule Thémis du ministère de la Défense a été saisie d’une centaine de cas de violences sexuelles dans l’armée, dont les femmes sont des victimes dans 90% des cas, les 10% restant relevant de l’homophobie.

AFP

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