Contrairement à ce qu’une dépêche de l’AFP indiquait ce matin et que nous avons relayée, l’Assemblée nationale a rejeté vendredi l’amendement qui voulait autoriser à titre expérimental les pharmaciens à dispenser des médicaments à prescription médicale obligatoire.
Le projet d’autoriser des pharmaciens à délivrer certains médicaments à prescription médicale obligatoire a été rejeté par l’Assemblée, car il « n’était pas mûr », a expliqué samedi à l’AFP le rapporteur du projet de loi de financement de la Sécu, Olivier Véran (LREM).
L’Assemblée nationale a rejeté dans la nuit de vendredi à samedi un amendement de la députée Delphine Bagarry (LREM) qui proposait, sous forme expérimentale, d’autoriser les pharmaciens, dans le cadre d’un protocole d’accord conclu avec des médecins, à délivrer certains médicaments dans le cas de soins d’urgence non-programmés. Cet amendement avait pourtant été adopté en commission des Affaires sociales avec le soutien d’Olivier Véran.
Interrogé par l’AFP, le député de l’Isère a expliqué que « le sujet n’était pas mûr » et que l’Assemblée avait auparavant adopté un autre article « qui allait un peu moins loin ». Le texte voté, via un amendement du groupe LREM facilite, là-aussi à titre expérimental et dans un cadre très strict, la possibilité pour des pharmaciens, de pouvoir renouveler des traitements chroniques ou d’ajuster leur posologie, en lien étroit avec le médecin traitant.
Mais il ne permet aucune nouvelle prescription. « C’est bien dommage », a regretté auprès de l’AFP Delphine Bagarry estimant que sa proposition rendait service à la population et sécurisait des pratiques qui existent déjà, certains pharmaciens rendant service aux patients dans les cas d’urgence et en l’absence de médecins disponibles.
La députée s’est déclarée surprise par l’issue du vote, « après l’intervention déconcertante » de la ministre de la Santé Agnès Buzyn qui « semblait soutenir (mon) projet avant de lui donner un avis défavorable ». « Ce rejet a eu lieu dans la précipitation et l’incompréhension », a-t-elle ajouté.
La ministre avait expliqué lors du débat qu’il était « dans l’intérêt des patients de faciliter la délivrance de certains médicaments par les pharmaciens prenant en exemple le cas d’une jeune fille souffrant d’une infection urinaire ».
Elle « va attendre deux/trois jours dans certaines villes de France pour avoir un rendez-vous et elle va souffrir atrocement alors que cela aurait pu être traité par un comprimé antibiotique. On n’est pas en train de changer les métiers, on facilite la vie quotidienne de nos concitoyens », avait-elle dit.
Le ministère de la Santé a confirmé samedi à l’AFP que la ministre n’était pas favorable à l’amendement rejeté.
Le Quotidien/AFP