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France : ce qui a changé un mois après les attentats


Sécurité renforcée, popularité retrouvée pour François Hollande mais aussi craintes accrues des Juifs et des musulmans : le point sur ce qui a changé un mois après les attentats qui ont fait 17 morts en région parisienne du 7 au 9 janvier.

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Le plan Vigipirate mobilise des milliers de policiers et gendarmes pour surveiller les édifices sensibles, notamment les lieux de culte. (Photos : AFP)

> Des nouvelles mesures de sécurité

Relevé le jour-même de l’attaque contre Charlie Hebdo à son niveau le plus élevé en Ile-de-France, le plan Vigipirate mobilise des milliers de policiers et gendarmes pour surveiller les édifices sensibles, notamment les lieux de culte. Il mobilise également près de 10 500 militaires sur le territoire national.

Deux semaines après, Manuel Valls a annoncé un renforcement de plus de 2 600 emplois dédiés à la lutte contre le terrorisme, avec une rallonge de 425 millions d’euros sur trois ans pour améliorer les équipements des forces de l’ordre, du matériel informatique aux casques et gilets pare-balles. Parallèlement, la Défense supprimera 7 500 postes de moins que prévu sur 2015-2019.

Le gouvernement souhaite également le vote d’ici l’été d’un projet de loi sur le renseignement pour permettre notamment la « sonorisation » (mise sur écoutes) des lieux privés où agissent des suspects d’attentats et l’accès à leurs données informatiques. Sur le plan européen enfin, Paris cherche à « obtenir des avancées » sur les contrôles aux frontières extérieures de l’UE et les échanges de données sur les passagers aériens.

> L’image de l’exécutif renforcée

Tombée depuis plusieurs mois à des niveaux historiquement bas, la cote de popularité de l’exécutif a connu une brusque embellie — grimpant de 20 points selon certains instituts de sondage — profitant du sentiment d’unité nationale et de « l’esprit du 11 janvier » porté par les millions de manifestants qui ont défilé dans toute la France contre le terrorisme.

Mais cet élan reste à confirmer sur le terrain miné du chômage et de la reprise économique. Il pourrait aussi aviver la rivalité entre le président Hollande et son Premier ministre Manuel Valls dans la perspective de la présidentielle de 2017, le second étant donné largement vainqueur dans l’hypothèse d’un duel au second tour face à la présidente du Front national Marine Le Pen.

> L’inquiétude des Juifs de France

L’attentat au supermarché casher a provoqué une nouvelle onde de choc dans la troisième communauté juive du monde, forte d’un demi-million de membres, et au-delà. Les responsables communautaires ont observé avec soulagement les grandes marches républicaines.

Mais « beaucoup de gens sont persuadés que s’il n’y avait eu que l’Hyper Cacher, et pas la tuerie visant des journalistes et la liberté d’expression, il n’y aurait pas eu cette mobilisation, et ils le déplorent », confie Moché Lewin, rabbin au Raincy (Seine-Saint-Denis).

Les fidèles et usagers des synagogues, écoles juives et centres communautaires ont dû s’habituer au déploiement de milliers de policiers, gendarmes et soldats devant ces lieux. Mais ils s’inquiètent déjà de l’allègement inévitable du dispositif, alors que la hausse des actes antisémites, qui ont doublé en 2014 par rapport à 2013, constitue une tendance de long terme.

Les chiffres de l’aliyah, l’émigration des Juifs vers Israël qui a atteint un niveau record l’an dernier et devrait poursuivre sa hausse en 2015 (10 000 départs attendus), seront scrutés de près dans les prochains mois.

> Les « représailles » contre les musulmans

Après une année 2014 de reflux des actes anti-musulmans, le climat post-attentats a eu un effet tangible sur les actions (jets de grenades à plâtre, tirs de pistolet à grenaille) et menaces (inscriptions, insultes, slogans nazis) visant mosquées et croyants, qui ont flambé : 128 faits officiellement recensés en deux semaines, soit presque autant que sur toute l’année 2014. « Un sommet dans la haine », s’est lamenté l’Observatoire contre l’islamophobie.

« Des représailles » contre des citoyens français, s’est insurgée une autre association. Les représentants de la première minorité musulmane d’Europe (3,5 à 5 millions de fidèles) saluent les appels des autorités à ne pas céder à « l’amalgame » entre islam et jihadisme. Mais ils pointent une forme d’ « hystérie collective » dans la prompte réaction des autorités publiques et des médias révélée par certaines affaires, comme la brève audition au commissariat d’un enfant de huit ans s’étant dit solidaire des tueurs de Charlie Hebdo.

> Où (en) est Charlie ?

Le prochain numéro paraîtra le 25 février, mais « il va falloir reconstituer une équipe » et trouver de nouveaux locaux, indique Eric Portheault, cogérant de Charlie Hebdo. La rédaction endeuillée est hébergée par le quotidien Libération et la plupart des rescapés vivent sous la protection de gardes du corps.

L’attentat contre l’hebdomadaire, qui a fait douze morts, a par ailleurs redonné un coup de fouet aux finances du journal, désormais dirigé par le dessinateur Laurent Sourisseau, alias Riss. En novembre, Charlie Hebdo, qui ne vendait que 28 000 exemplaires par semaine, avait lancé un appel aux dons pour survivre. Son « numéro des survivants » a déjà été tiré à plus de 7,3 millions d’exemplaires.

A ce jour, Charlie Hebdo a également recueilli près de 2,4 millions d’euros de dons de plus de 30 000 personnes sans compter les aides du ministère de la Culture ou de Google. Il a également dépassé les 200 000 abonnés, contre 10 000 avant le 7 janvier. En tout, le journal pourrait recueillir près de 30 millions d’euros

> Les médias sanctionnés ?

De la diffusion d’images de policiers à la traque, en passant par les prises d’otages, les assauts ou le dénouement, les médias audiovisuels ont-ils commis des « manquements » dans la couverture des attentats de Paris ? Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a reçu une quarantaine de responsables des chaînes TV et des radios pour disséquer leur couverture des attentats et se prononcera sur d’éventuelles sanctions dans la première quinzaine de février.

AFP

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