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«Fous et alors ?» : les malades mentaux défilent contre la discrimination


Défilé à Paris lors de la deuxième Mad Pride, une marche pour dénoncer la stigmatisation et les préjugés sur les personnes atteintes de troubles mentaux, le 13 juin 2015. (Photo AFP)

Quelque 400 personnes ont défilé samedi à Paris et une centaine à Marseille lors de la deuxième Mad Pride, une marche pour dénoncer la stigmatisation et les préjugés dont sont victimes les personnes atteintes de troubles psychiatriques.

A Paris, au rythme de percussions ou de fanfares, vêtus de ponchos aux couleurs vives, de tenues d’Arlequin, de pyjamas, de chapeaux de fous du roi ou grimpés sur des échasses, les manifestants ont marché dans une ambiance festive de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le XIVe arrondissement jusqu’à la place de la Bastille. Le cortège, accompagné par des chars richement décorés, rassemblait des patients, des proches de malades et des représentants d’associations.

Derrière une banderole barrée du slogan «Fous et alors?», pour revendiquer le droit à la différence, ils manifestaient à l’appel de plusieurs associations, dont Advocacy France, Aftoc, France Dépression, Humapsy, Schizo?…Oui!, Bicycle, Santé Mentale France et Vie Libre.

«Marre des grands murs gris»

«Cela fait des décennies que la santé mentale est uniquement montrée comme de la dangerosité», a déclaré Philippe Guérard, président de la Mad Pride 2015 et de l’association de malades Advocacy France.

«Aujourd’hui, on a envie de montrer le contraire, que les fous peuvent être dans la rue et n’agresser personne. Il y en a marre des grands murs gris et des blouses blanches, on a envie de montrer nos couleurs!» a ajouté M. Guérard, chapeau bigarré sur la tête et collier de fleurs autour du cou.

«Je trouve ça bien qu’on assume et qu’on descende dans la rue pour montrer qu’on est des gens comme les autres», a témoigné Cathy, 42 ans, venue de Bourgogne, qui souffre de troubles bipolaires. Elle arborait une pancarte avec les mots «Je suis bipo, mais je me soigne».

«L’idée, c’est de venir revendiquer une psychiatrie correcte en France, parce qu’on estime que dans la plupart des endroits, elle ne l’est pas», a souligné de son côté Matthieu, 33 ans, président de l’association Humapsy qui demande «une psychiatrie humaniste».

«Ce qu’on voudrait, c’est déjà par exemple que l’on arrête le port du pyjama à l’hôpital», a-t-il dit, vêtu lui-même d’un pyjama.

Comme l’an dernier, plusieurs associations, dont les deux plus grosses du secteur, la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (Fnapsy) et l’Unafam (qui regroupe les familles et les proches des malades), ne s’étaient pas jointes à la manifestation. Elles estiment notamment que la situation «indigne» des malades mentaux en France ne mérite pas un défilé festif.

A Marseille, une centaine de personnes, malades et éducateurs, dont un certain nombre déguisées, ont manifesté sur la Canebière au son d’une batucada.

Parmi leurs slogans, figuraient notamment «Plus d’empathie, moins de folie», «Les étiquettes c’est pour les habits», «Dans un monde d’aveugle le fada est roi !» ou «Un traitement si je veux quand je veux».

La première Mad Pride avait rassemblé l’an dernier environ 500 personnes dans les rues de Paris.

AFP

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