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FC Metz : Cheick Diabaté, un plaisir géant


(Illustration : AFP)

Prêté cet hiver par Osmanlispor, l’attaquant malien s’est déjà rendu indispensable par une générosité qui dépasse le seul terrain. Portrait.

Son profil compte parmi les plus atypiques du championnat. Aucun avant-centre ne le dépasse en taille (1,94 m) en Ligue 1, car Ibrahimovic (1,95) est parti et l’Angevin Pavlovic (1,96) est d’abord un défenseur qui dépanne en attaque à l’occasion.

L’allure vaut également marque déposée. Cheick Diabaté, c’est un style. Inimitable. Sous l’apparente gaucherie d’un géant encombré par ses centimètres sévit «une vraie qualité de déplacement, admet son entraîneur, Philippe Hinschberger. Je lui demande d’être un point d’ancrage, de fixation, pour trouver du jeu combiné au sol, mais avec ses grands compas, il peut vraiment être emmerdant dans la surface.»

En plus, le Malien court sans relâche, tente des centres et défend. «Vous avez remarqué?, interroge-t-il. Je passe mon temps à me battre avec les défenseurs…» Oui, Saint-Symphorien a vu. Et Metz est sensible aux tempéraments généreux. À plus forte raison quand ils plantent un doublé le soir des présentations.

Et puis, il y a enfin l’homme. Unique en son genre lui aussi. Un concentré de douceur, confondant de gentillesse, qui promène cet éternel sourire comme un devoir moral. Ce géant a la «positive altitude» finalement… «La vie est magnifique, mais il faut savoir la vivre, explique-t-il . On sait tous que la mort est là, à côté de nous. Alors, il faut profiter, être souriant. Rien ne m’énerve, c’est vrai, et je n’aime pas faire du mal aux gens car on ne peut pas être heureux si l’on est méchant. Moi, j’essaie de respecter tout le monde.»

«Pour dire merci aux gens qui m’aiment»

L’Européen tenté d’instruire un procès en candeur aurait tort. Ce discours vient typiquement d’Afrique et la profession de foi est frappée d’une sincérité totale. Car cette philosophie est un héritage familial, insiste l’intéressé. Et son passage par l’école coranique, au Mali, «a un peu joué aussi. Là-bas, on parlait beaucoup de respect». Diabaté ne s’éternise pas sur le sujet. Fidèle à sa «mentalité», il élude cette éducation rigoriste, la poussière ocre des rues de Bamako et ces sourates qu’il devait apprendre par cœur. D’où sa maîtrise imparfaite du français à son arrivée en Gironde. C’était en 2006. Il venait d’avoir 18 ans. Bordeaux allait découvrir une cuvée grande réserve.

Le Malien a pris de la bouteille depuis. De son propre aveu, il est toujours timide, mais il se soigne avec le ballon. «Je me sens à l’aise sur le terrain, reconnaît-il. Je prends du plaisir, je rigole et je peux même danser!» Le pauvre Maxime Lopez pourra témoigner. Vendredi, le Marseillais a valsé devant une série de passements de jambes signée Diabaté.

Si le grand Cheick attribue ses vertus morales à sa famille, le ballon, en revanche, s’est imposé à lui seul. Indifférent au basket qui passionnait la maison, l’international malien «joue au foot depuis toujours». «Et si je ne joue pas pendant quelques jours, je m’ennuie», avoue-t-il encore. Forcément, son faible temps de jeu en Turquie ne pouvait lui convenir. Comme son prêt à Nancy (2009) pollué par les blessures, mais Diabaté évoque ces étapes comme «de bons moments». Et continue de tracer dans cette L1 qui lui «a manqué» et dans son style. Conclusion? «Je me dis que je ne peux pas jouer comme quelqu’un d’autre. Je me bats, c’est tout. C’est une manière pour moi de dire merci aux gens qui m’aiment.» Unique en son genre, vraiment.

Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)

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