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Face à la menace terroriste, Hollande alloue des moyens supplémentaires aux Armées


Le président François Hollande et le chef d'Etat-major de l'armée Pierre de Villiers lors de la parade du 14 juillet 2014 à Paris (Photo : AFP)

François Hollande devrait allouer mercredi des moyens supplémentaires aux Armées face à la menace terroriste qui impose une révision de la Loi de programmation militaire 2014-2019 et de revenir sur des réductions d’effectifs initialement prévues.

A l’issue d’un Conseil de défense réunissant les principaux responsables politiques et militaires, le président détaillera devant la presse ses décisions qui vont accroître les dépenses militaires avec l’objectif de pérenniser un dispositif mobilisé dans l’urgence après les attaques jihadistes des 7, 8 et 9 janvier (17 morts).

Après ces attentats, François Hollande a réclamé de pouvoir disposer d’une force permanente de 7.000 militaires pour contribuer à la sécurité sur le territoire national en soutien des forces de police.

Pour répondre à cette demande, le ministère de la Défense met en avant le ratio classique «trois hommes pour un» sur le terrain. «Pour avoir un soldat en opérations, il en faut trois au total, puisqu’il en faut un autre qui se prépare et s’entraîne, plus celui qui vient d’être relevé». Le ministère juge que le réservoir dans lequel sont puisés ces hommes, la force opérationnelle terrestre, doit passer de 66.000 militaires aujourd’hui à 77.000.

«Aujourd’hui, on est au-delà du contrat opérationnel tant à l’extérieur qu’à l’intérieur et il faut qu’on reprenne de la marge», note-t-on au ministère de la Défense. «On en est à rogner les permissions, voire les phases de réentraînement avant de repartir en opérations».

En extérieur, 9.000 hommes sont aujourd’hui mobilisés au Sahel, en Centrafrique, dans le Golfe et ailleurs. Depuis les attaques de janvier, 10.000 militaires protègent des sites sensibles (opération Sentinelle) pour un coût estimé à un million d’euros par jour. Cette mission durera jusqu’au début de l’été, avait décidé en mars François Hollande et il pourrait préciser ce qu’il en sera ensuite.

«On est à flux extrêmement tendus dans la mesure où nous avons répondu dans l’urgence à l’instruction du président après les attentats. Si on veut tenir durablement, alors évidemment il faut aménager notre système», fait-on valoir au ministère de la Défense.

18 500 emplois en jeu

Votée en 2013, la Loi de programmation militaire prévoyait à l’origine la suppression dans les Armées de 34.500 emplois, au rythme notamment de 7.500 en 2015, 2016 et 2017 et ce rythme n’est plus tenable avec l’importance qu’a pris la menace terroriste. La Défense veut garder 18.500 emplois sur les 34.500 au total qui devaient être supprimés.

Pour répondre à la demande du président, «notre estimation est que nous allons devoir ne pas supprimer 18.500 postes dont la suppression était prévue dans la Loi de programmation militaire d’ici à 2019», indique-t-on dans l’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Maintenir des emplois qui devaient être supprimés entraînera un surcoût de plusieurs centaines de millions d’euros par an, pour un budget de 31,4 milliards d’euros adopté pour cette année. Il faudra «une rallonge budgétaire», indique une source proche du dossier en refusant de révéler son montant estimé par la Défense. Mercredi, François Hollande doit d’autre part mettre un terme à la querelle entre les ministères de la Défense et de l’Economie sur un trou budgétaire de 2,2 milliards d’euros pour 2015.

Le budget Défense misait sur des recettes exceptionnelles de 2,2 milliards d’euros liés à la cession de fréquences hertziennes de la TNT à des opérateurs privés mais qui a pris du retard et ne devrait se faire qu’en fin d’année. Pour contourner le problème, le ministère de la Défense qui a besoin de trésorerie d’ici juillet a proposé de créer des «sociétés de projet», des instruments juridiques qui permettent d’acheter des matériels militaires (avions de transport Airbus A400M, frégates) pour ensuite les louer à l’armée.

Mais pour le ministre de l’Economie Michel Sapin, cette solution est coûteuse et risque d’aggraver la dette de la France alors même que Bruxelles réclame davantage d’efforts du gouvernement socialiste. «Mieux vaut emprunter 2 milliards» en bénéficiant de taux très bas voire même négatifs, estime une source au ministère des Finances.

AFP

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