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Fabian Cancellara rugit encore


Le Bernois Fabian Cancellara a su prendre la troisième place aux dépends de Mark Cavendish pour s'offrir les bonifs qui lui permettent de détrôner Rohan Dennis de son maillot jaune. 29e tunique pour Spartacus! (Photo : AFP)

Si André Greipel a remporté la deuxième étape, c’est Fabian Cancellara qui retrouve sur le Tour sa couleur préférée, le jaune, au prix d’un bel exploit athlétique.

La bataille des grands leaders a bien eu lieu. Tandis que Vincenzo Nibali et Nairo Quintana ont cédé du temps sous la bourrasque, Alberto Contador et Chris Froome en ressortent renforcés, alors qu’aujourd’hui ce beau monde se retrouvera au sommet du mur de Huy. Show devant…

Entre ciel et mer, on n’y voyait presque plus rien. C’est tout juste si on distinguait au loin les éoliennes qui tournaient à plein régime. Du vent, un orage, le mélange était détonant. Cinquante kilomètres plus loin, sur la ligne d’arrivée dessinée au bout de la digue de Zélande qui ressemble quand même bien au bout du monde, déjà du grabuge, même si le soleil était revenu le temps d’une arrivée déjà décisive.

Où seuls deux gros, Alberto Contador et Chris Froome, que nous n’attendions pas forcément là à l’arrivée de cette première étape piégeuse, sont parvenus à en sortir indemnes, escortés chacun par de solides équipiers qui n’ont donc pas plié au plus fort de la tempête.

Tout s’est finalement déroulé exactement comme prévu. Car tout ceci semblait quand même gravé dans le marbre. Sauf que la baston a été anticipée par le déclenchement de l’orage et par une chute qui mit à terre Laurent Didier (lire par ailleurs), mais pas seulement bien sûr. Les équipes Etixx-Quick Step et Tinkoff-Saxo, qui avaient surnagé en compagnie du Team Sky de Chris Froome, avaient bien des raisons de se défoncer la gueule au vent mauvais.

Nibali et Quintana piégés

Ça ne fit ni une ni deux. L’effet escompté allait se compter, cinquante bornes plus loin, en paquets de minutes. Quasiment une minute trente sur Nibali et Quintana, leurs plus sérieux rivaux, c’est toujours bon à prendre, non?

La preuve que l’histoire ne repasse pas toujours les mêmes plats. Vincenzo Nibali, miraculeusement épargné l’an passé, essuyait en plus une crevaison à une vingtaine de kilomètres de cette arrivée apocalyptique pour Astana. La situation se complique donc pour le Sicilien qui avait limité la casse au chrono, se payant même le luxe de faire le meilleur temps des grands candidats du Tour.

Bien sûr, Froome et Contador n’ont tiré qu’une cartouche, alors que bien d’autres batailles acharnées vont suivre, dont, en attendant les pavés demain, pas la moindre aujourd’hui, le long de la Meuse, tout près du Luxembourg avec cette arrivée sur le mythique mur de Huy. Un nouveau grand spectacle et de nouveaux chamboulements de prévus.

Car ce n’est évidemment pas André Greipel qui y sera attendu en vainqueur. Mais plutôt un poids plume comme Joaquim Rodriguez ou son rival espagnol Alejandro Valverde, deux habitués à la première marche du podium de la Flèche Wallonne.

Hier, le Gorille de Rostock s’est payé ce grand luxe, excusez du peu, de repousser Peter Sagan (même si ce dernier fut handicapé par une crevaison vite réparée sur le final) et surtout Mark Cavendish, parti sans doute de trop loin, gueule au vent.

Spartacus au métier

Mais c’est ce rusé de Fabian Cancellara qui s’est taillé la part du lion en revêtant, hier, le maillot jaune pour la 29e fois, excusez du peu. Sans soutien, si ce n’est celui de son énorme métier, ce qui est déjà bien assez, tous ses coéquipiers s’étant logiquement rassemblés autour de Bauke Mollema, leur leader pour le général, le Bernois a ressorti du placard son habit de Spartacus, qu’on pensait un peu bouffé par les mites.

Fabian Cancellara n’avait qu’une seule chose en tête. Puisque Rohan Dennis, le maillot jaune, agonisait à l’arrière, il lui fallait prendre des bonifications à l’arrivée pour devancer Tony Martin, l’Allemand de l’équipe Etixx, qui l’avait battu d’une seconde dans le chrono de la veille. Les quatre secondes d’empochées par ce truchement de la troisième place,lui permettaient d’assurer un retour au premier plan.

«Il a été énorme et a couru comme il sait si bien le faire», résumait Luca Guercilena, le manager de l’équipe Trek, laquelle avait retrouvé hier des couleurs. Car grâce au prisme déformant du Tour, une journée en jaune vaut une belle somme de victoires en termes de retombées.

Reste bien sûr à remettre le couvert, mais aujourd’hui, et c’est bien le problème, le Bernois aura toutes les peines du monde à hisser sa solide constitution au sommet du mur de Huy. Pour une nouvelle arrivée non moins savoureuse et sans doute aussi riche en évènements divers et variés. Le Tour n’est pas lancé. Il est parti tambour battant!

De notre envoyé spécial à Neeltje Jans, Denis Bastien

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