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Emploi – Le tabou du « chômage intellectuel »


L’inadéquation entre les offres proposées par l’Adem et les profils des jeunes demandeurs d’emploi diplômés conduit à ce que le ministre Nicolas Schmit appelle le « chômage intellectuel ».

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De l’université à l’Adem, il n’y a qu’un pas pour des centaines de « chômeurs intellectuels ». (Photo : archives LQ)

Mauvaise orientation, filières sans débouchés ou tout simplement conjoncture défavorable et exiguïté du territoire : le chômage des jeunes qualifiés universitaires est une réalité qui tend à croître au Grand-Duché, d’année en année.

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, rappelle d’ailleurs régulièrement dans ses interventions que la situation du chômage au Luxembourg, est « paradoxale ». « On crée de l’emploi, alors qu’en même temps, le chômage augmente. » Et le ministre de constater, à plusieurs reprises, que « bien sûr, il y a certains secteurs qui offrent plus d’opportunités que d’autres ».

En réponse à une question parlementaire du député et ancien professeur de sciences économiques et sociales André Bauler, le ministre Nicolas Schmit met l’accent sur le chômage des jeunes diplômés de formation supérieure. Selon les chiffres en sa possession, le ministre révèle que 40% des offres d’emploi déclarées à l’Adem (au 13 février) s’adressent à des profils professionnels de niveau supérieur. Le ministre souligne, dans ce cadre, la problématique du « chômage intellectuel », qui concerne plus particulièrement certaines filières.

En se basant sur le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’Adem détenant « au moins un bac +3 », le ministre Nicolas Schmit relève que « certaines filières sont plus touchées que d’autres ».

> Économistes et juristes au chômage

« Fin décembre 2014, il y avait par exemple 143 juristes inscrits, 233 économistes (économie agricole et économie commerciale), 76 demandeurs qui ont étudié une ou plusieurs langues, 135 gestionnaires d’entreprise, 102 informaticiens… », inventorie-t-il.

Or si l’on se tourne vers les branches qui déclarent des offres d’emploi à l’Adem, force est de constater qu’elles correspondent largement aux secteurs demandeurs. À ce niveau-là se situe tout le paradoxe dans l’adéquation entre offre et demande d’emplois qualifiés.

Le ministre Nicolas Schmit note, en effet, « un déficit persistant de candidats appropriés » pour certains métiers, notamment dans trois secteurs : les banques et assurances (gestionnaires d’organisme de placement collectif, comptables, analystes financiers, fiscalistes), l’informatique et le secteur du support à l’entreprise (auditeurs notamment).

Pour tenter de remédier à ce décalage, le ministre de l’Emploi précise que pas moins de 88 jeunes demandeurs d’emploi ont bénéficié d’une mesure de type CIE (contrat d’initiation à l’emploi) ou CAE (contrat d’appui-emploi), en 2014. Les secteurs financier et informatique ont, en outre, été privilégiés par ces mesures.

Comment, dès lors, expliquer la difficulté à pourvoir les postes de ces secteurs ? La réticence des employeurs à recruter des jeunes inscrits à l’Adem, le recrutement à l’étranger, le manque de spécialisation dans certaines niches, ou encore la préférence donnée par les employeurs à certains établissements supérieurs (type grandes écoles ou écoles de commerce sélectives) sont autant de pistes à explorer.

Ceci dit, l’Adem propose plusieurs programmes de réorientation professionnelle visant, à terme, à faire concorder offre et demande et à combattre le chômage intellectuel.

De notre journaliste Claude Damiani


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