Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le F91 de la fin de saison était quasiment injouable. Et ça risque d’empirer si le staff dudelangeois parvient à gérer habilement un recrutement ostensiblement mené pour écraser la concurrence.
Dino Toppmöller aura de nouveaux challenges excitants dès cet été : intégrer Omar Er Rafik mais aussi garder Bertino sur sa bonne dynamique hammoise.
Pendant que le Fola va devoir se réinventer sans Emmanuel Françoise, pendant que Differdange va devoir apprendre à vivre (à cause du F91, tiens!) sans Omar Er Rafik, pendant que le Progrès va chercher un nouvel équilibre avec Karapetian et Sully plutôt que Rémi Laurent… Dudelange, lui, n’aura presque pas de problème de soustraction : seul Dan Da Mota quitte le secteur offensif.
Da Mota «pesait» moins que les autres
On ne peut pas minimiser le départ d’un international qui pèse 176 matches et 64 buts en neuf saisons, mais quand on dispose d’une telle palette offensive, c’est un moindre mal. Ce passeur génial qu’est Pokar pèse 7 buts et 11 passes décisives, il est donc impliqué sur 18 buts. L’explosif Stolz, d’un sang-froid à faire peur, a clôturé l’exercice à 12 buts et 6 passes (18 en tout). Un Turpel à l’énorme marge de progression, notamment dans son placement et ses déplacements, a quand même été fatal à ses adversaires à 26 reprises (21 buts, 5 passes). Quant à Ibrahimovic, coéquipier modèle et qui grandit encore dans son sens du jeu, il a fait ce qui ressemble à une petite saison (5 buts, 5 passes) mais pas tant que ça si l’on se fie à son temps de jeu : 1 099 minutes, soit l’équivalent de six matches complets de moins que Da Mota, qui a statistiquement pesé autant que lui (6 buts, 4 passes).
Mais voilà que vont débarquer Er Rafik donc, 26 buts et 3 passes, mais aussi Bertino (Hamm), 16 buts et 3 passes.
Un secteur ne se résume pas à un empilement de chiffres, même quand ils font peur. Mais à supposer que Toppmöller choisisse la facilité presque autant que la logique, qu’il aligne Er Rafik en soutien de Turpel et Bertino poste pour poste à la place de Da Mota, il aura sur le terrain cinq garçons à vocation très offensive qui pèsent sur la saison qui vient de s’écouler, et rien qu’en championnat, 82 buts et 28 passes décisives. Ce ne sera pourtant pas forcément évident à mettre en musique.
Bertino restera-t-il concentré?
Il faudra déjà trouver le juste équilibre entre Er Rafik et Turpel, deux garçons qui aiment les espaces même si le premier préfère décrocher et se retourner tandis que le second aime la profondeur. Il faudra surtout parvenir à conserver Bertino dans les mêmes dispositions mentales que celles qu’il a trouvées à Hamm et cela semble plus compliqué encore qu’agencer ce nouveau secteur offensif qui a de bonnes chances de repousser Pokar bas sur le terrain. Bertino avait trouvé en Dan Santos, au Benfica, un coach capable de le mettre dans les conditions idéales pour casser la baraque. Il lui faudra trouver la même relation avec Toppmöller. En tout cas quelque chose d’approchant.
Le chantier, en outre, pourrait être compliqué par l’arrivée potentielle de Luisi (Differdange), comme nous vous l’annoncions il y a quelques semaines, tandis que la prolongation d’Adler (prêté à Amnéville) pour trois saisons ouvre encore un autre champ des possibles (alors qu’un prêt à la Jeunesse semble devenu un peu plus compliqué à réaliser aux toutes dernières informations).
Cette saison, championnat et Coupe confondus, le F91 a inscrit 96 buts (3 en moyenne par match) et n’en a encaissé que 16 (0,5 par match). Il aura sans doute beaucoup de mal à s’approcher du record du Stade Dudelange (84 buts en une saison de 22 matches, en 1948), mais éventuellement de ne pas avoir à se contenter d’un meilleur goal-average pour empocher un troisième titre consécutif, ça, cela doit pouvoir se faire.
Julien Mollereau
