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Air France : un projet de développement présenté aux syndicats


Des avions d'Air France le 10 octobre 2013 sur le tarmac de l'aéroport Roissy Charles-de-Gaulle. (Photo : AFP)

Air France présentait vendredi aux syndicats un «projet de développement» pour l’après-2016, porté par une conjoncture favorable et des résultats positifs, un vent d’optimisme qui tranche avec la morosité des derniers mois.

Entraînée dans un tourbillon médiatique à l’automne avec l’affaire de la «chemise arrachée» du DRH, déclenchée par l’annonce de 3 000 suppressions de postes potentielles, la compagnie commence la nouvelle année avec la présentation, lors d’un comité central d’entreprise (CCE) débuté vers 10H00, d’un «projet de développement» aux contours inconnus.

Dans un courrier aux élus du CCE, le PDG Frédéric Gagey a précisé qu’il souhaitait engager «l’année 2016 en inscrivant (le) dialogue social dans une perspective résolument positive: celle d’un projet de croissance ambitieux pour Air France».

Sans dévoiler le contenu du plan, le patron du transporteur aérien a indiqué qu’il ferait en sorte que «l’amélioration de (la) compétitivité – qui reste plus que jamais nécessaire – permette à (la) compagnie de retrouver une stratégie de conquête».

Après l’échec de négociations sur une hausse de productivité des navigants (plus d’heures de vols, à salaire égal), Air France avait engagé en octobre un «plan B» alternatif à son projet «Perform 2020» – une réduction d’activité accompagnée de suppressions d’emplois.

Depuis, la direction a confirmé qu’un millier de postes serait supprimé en 2016, tout en promettant que la phase la plus douloureuse de la restructuration, en 2017, serait abandonnée en cas de dialogue constructif avec les syndicats.

Ces derniers réclamaient depuis plusieurs mois de connaître les contours du plan de croissance promis en cas d’accord. Cette demande devrait être satisfaite par le CCE de vendredi.

Retour aux bénéfices

Le nouveau plan devrait contenir «des achats d’avions» et des projets pour «conquérir des parts de marché», sans renoncer à l’inévitable chasse aux coûts, anticipe Didier Fauverte, le secrétaire (CGT) du CCE. Des commandes de Boeing 787 pourraient finalement intervenir après avoir été annulées.

Sur le fond, les stratèges d’Air France ne renoncent donc pas aux deux piliers de «Perform»: la réduction des coûts et la croissance. Mais sur la forme, ils semblent avoir lâché du lest sur le premier et renforcé leurs ambitions sur le second.

«Les efforts doivent être raisonnables», a promis le nouveau DRH d’Air France, Gilles Gateau, selon des propos rapportés par la CGT.

«Dans le plan précédent, la baisse des coûts était le prérequis», décrypte Béatrice Lestic (CFDT). Avec le nouveau, les efforts demandés aux salariés seront un peu plus progressifs.

Sur la méthode, la direction renoncerait par ailleurs aux dates-butoirs et aux ultimatums lancés aux syndicats de navigants pour parvenir à des accords de compétitivité, qui ont braqué ces derniers, sans les faire plier.

Il n’y a «plus de timing très fixé», reconnaît le porte-parole du principal syndicat de pilotes (SNPL Air France), Emmanuel Mistrali, même s’il faut aller «le plus vite possible».

Le changement de braquet, attribué à M. Gateau, est salué par les syndicats qui veulent maintenant convertir ces «déclarations d’intentions» en actes.

La CGT dit ainsi «attendre» de la direction «des annonces fortes en termes d’emploi, d’effectifs, de conditions de travail, de conduite du changement, de croissance et de développement», dans sa déclaration en CCE.

Air France a vu récemment son environnement économique redevenir plus favorable, avec la baisse du prix des carburants et l’annulation d’une forte amende initialement infligée par la Commission européenne.

La compagnie tricolore s’attend par ailleurs à des résultats financiers positifs pour 2015 – ses premiers bénéfices depuis 2008 -, supérieurs à ses espérances.

Dans ces conditions, les syndicats auraient difficilement accepté de nouvelles concessions, au sortir d’un plan de restructuration «Transform 2015» marqué par un gel des salaires, la baisse constante des effectifs et la perte de jours de congés.

AFP/M.R.

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