Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Sven Mary, l’avocat belge de Salah Abdeslam, qualifie également son client de « petit con ».
Alors que Salah Abdeslam a été transféré ce mercredi matin de la Belgique vers la France, son avocat bruxellois, Sven Mary, est sans doute soulagé: après plusieurs semaines à défendre un client réputé indéfendable, il peut goûter un peu de répit: pour le moment, c’est son avocat français, Frank Berton, qui prend le relais.
D’autant que Sven Mary ne porte pas son client dans son cœur: on l’oublie souvent, mais quand un avocat défend un accusé, il n’épouse pas son crime. Et il est certain qu’à ce titre Salah Abdeslam, le principal suspect des attentats du 13 novembre, en France, et du 22 mars, en Belgique, n’est pas « facile »: Il « n’est pas facile d’assumer cette défense qui ne me rapporte rien, si ce n’est des emmerdes: j’ai été agressé à plusieurs reprises. […] Comme si j’étais Abdeslam ! », explique-t-il à Libération, qui dresse le portrait de l’avocat.
« Si j’avais été au courant des attentats de Bruxelles… »
Pourtant, Sven Mary a l’habitude des dossiers réputés difficiles – et des commentaires qui les accompagnent: « Je suis avocat, je me fous de ma cote de popularité. Mais à un moment donné, j’ai pensé arrêter, avoue-t-il. En tous les cas, si j’avais été au courant des attentats de Bruxelles, je n’aurais peut-être jamais commencé à m’occuper de ce dossier. […] Quand Abdeslam sera remis à la France [il la été ce mercredi matin, ndlr], je ne sais pas si je resterai. »
« Un petit con de Molenbeek », un « esprit simple »
Avec son client Salah Abdeslam, l’avocat de 43 ans est dur: « C’est un petit con de Molenbeek issu de la petite criminalité, plutôt un suiveur qu’un meneur. Il a l’intelligence d’un cendrier vide, il est d’une abyssale vacuité. Il est l’exemple parfait de la génération GTA [Grand Theft Auto] qui croit vivre dans un jeu vidéo. Lui et ses copains ont réussi à rendre antipathique toute une religion. Je lui ai demandé s’il avait lu le Coran – ce que j’ai fait – et il m’a répondu qu’il avait lu son interprétation sur internet. Pour des esprits simples, c’est parfait, le Net, c’est le maximum qu’ils puissent comprendre », détaille-t-il à Libération.
Un habitué des dossiers difficiles
Avant d’ajouter qu’il est mal à l’aise face aux réactions depuis qu’il le défend : « Les Arabes me félicitent, alors que les non-Arabes me jettent des regards haineux. C’est très malsain. » Mary est pourtant habitué des dossiers difficiles: il a défendu les mafieux de la famille Aquino, des trafiquants de drogue, des terroristes, des islamistes radicaux ou encore l’un des complices de Marc Dutroux… Il a fait appel à un confrère pour défendre Abdeslam, lequel a refusé: « Il m’a répondu qu’il arrêtait, car il estime que ce sont des criminels de guerre ».
