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[Vin] Moselle luxembourgeoise : un millésime déjà très précoce


Chaque fleur deviendra un grain de raisin. (photo Erwan Nonet)

Dans les vignes, la période de la floraison est presque terminée. Ces trois semaines d’avance sont plutôt une bonne nouvelle, mais rien n’est encore joué.

Il n’y a pas si longtemps, les vignerons étaient contents lorsque les fleurs de la vigne sortaient aux alentours de la fête nationale (23 juin). Cela garantissait un laps de temps suffisant pour que les raisins arrivent à bonne maturité, ce qui n’était pas toujours gagné. Mais le réchauffement climatique s’est accéléré et désormais, elles éclosent chaque année dans la première quinzaine du mois de juin.

Cette année, les plus précoces sont apparues dès le 1er juin,  «avec trois semaines d’avance, c’est très tôt», confirme Pit Pundel (Pundel Vins Purs, à Wormeldange-Haut). Pour donner une idée, nous sommes aux temps de passage du fameux millésime 2018, qui avait battu tous les records de précocité. «On dit que les années précoces sont toujours bonnes, je croise les doigts !», sourit le vigneron. À l’heure actuelle, autour de 90 % des vignes ont déjà achevé leur floraison, dont tous les pinots (chardonnay, pinot blanc, pinot gris, pinot noir et auxerrois). Il reste seulement les derniers rieslings (cépages les plus tardifs), plantés sur les coteaux les moins ensoleillés. Mais avec la chaleur de ce week-end, la floraison devrait se conjuguer au passé dès les prochains jours.

La floraison est un moment très important puisque cette période détermine la qualité des futures grappes. Si elle se passe dans de mauvaises conditions (pluie, coup de froid…), toute la récolte sera impactée. Et justement, depuis quelques jours, il pleut régulièrement sur le vignoble… «Mais pas assez pour que cela pose problème, d’autant que les températures sont suffisamment hautes», relève Jean-Marc Schlink (Schlink domaine viticole, à Machtum).

Des vendanges en août ?

Les risques induits par de fortes pluies pendant la floraison sont la coulure (les fleurs non – ou mal – fécondées tombent) et le millerandage (certains grains sans pépins ne grossissent pas). Ce ne sera visiblement pas un gros problème cette année. «Il y en a un peu mais, à la limite, c’est plutôt une bonne chose», relève Jean-Marc Schlink. «Cela permet d’avoir des grappes plus aérées, qui sécheront mieux et seront donc moins sensible à la pourriture.»

Et puis, cette pluie, les vignerons ne vont la blâmer tant ils l’attendaient depuis plusieurs mois. «Un jour on en veut, l’autre pas… nous sommes compliqués !», rigole Pit Pundel. Jean-Marc Schlink, lui, note qu’«il a plu environ trois fois dix litres (NDLR : par mètre carré) depuis samedi dernier, ce qui est mieux qu’une fois trente litres avec beaucoup d’eau qui ruisselle sans entrer dans le sol». Malgré tout, compte tenu des quantités de précipitations pratiquement nulles du mois de mai, ces averses ne représentent pas grand-chose et sont loin de suffire à combler le déficit hydrique. Au moins, elles auront donné un coup de pouce aux ceps, car la floraison est une période qui leur demande beaucoup d’énergie.

Cette eau soulage également les plus jeunes plants qui commencent à souffrir de la sécheresse. Certains vignerons ont déjà été contraints de lancer les systèmes de goutte à goutte, c’est le cas de Jean-Marie Vesque (domaine Cep d’or, à Hëttermillen). «J’ai planté de nouveaux chardonnays à Stadtbredimus sur des parcelles très ensoleillées où souffle le vent, ce qui assèche très vite le sol», explique-t-il. «J’aurai préféré ne pas avoir à le faire parce qu’il ne faut pas qu’elles s’y habituent, mais je n’avais plus le choix, elles souffraient trop.»

Une floraison qui arrive tôt et qui se déroule bien n’est pourtant pas la garantie absolue d’un futur grand millésime. Il reste bien sûr beaucoup d’autres étapes cruciales à franchir. Néanmoins, c’est un signe plutôt encourageant. «C’est sûr que ce n’est pas mauvais», relève Jean-Marc Schlink. «S’il fera chaud cet été, on sait que l’on commencera à vendanger assez tôt, sûrement début septembre, comme en 2018.» Voire en août, comme l’avait fait Henri Ruppert (domaine Henri Ruppert, à Schengen) en 2018, une première pour le pays? «On ne peut pas encore s’avancer, les incertitudes sont bien trop nombreuses», relativise Jean-Marc Schlink.

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