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Veuf séquestré à Esch : prison requise contre les trois soeurs


Après leur arrestation, les trois prévenues originaires de Roumanie ont fait entre deux mois et huit mois de détention préventive. (Photo : Isabella Finzi)

Les trois femmes que le septuagénaire hébergeait en 2016 sont non seulement poursuivies pour tentative de meurtre et séquestration, mais également pour abus de faiblesse. Jeudi, le parquet a requis deux fois dix ans et une fois deux ans de prison contre le trio.

« Je regrette le fait de l’avoir enfermé dans la chambre. Mais à aucun moment je n’ai frappé cet homme ou profité de lui . » C’étaient les derniers mots de Claudia S. jeudi après-midi à la barre de la 13e chambre criminelle. Jusqu’au bout, à l’instar de ses deux sœurs, elle a tenté de sauver sa peau dans cette affaire de tentative de meurtre, séquestration et abus de faiblesse. Mais pour le parquet, les faits sont bien établis.

Jeudi après-midi, au bout de trois jours de débats, il a requis dix ans de réclusion contre Larisia B. et Claudia S. La troisième sœur, Marinela S., quant à elle, devrait être condamnée à 24 mois de prison. «J’étais complètement bourrée. Quand je suis descendue, Monsieur était déjà enfermé dans sa chambre», s’était défendue Marinela S. en début d’audience. Le parquet a demandé de retenir la non-assistance à personne en danger à son encontre. «Elles a assisté aux actes de violence. Elle aurait pu appeler les secours. Mais elle n’a rien fait.»

Dans son réquisitoire, le représentant du parquet n’a pas longtemps tourné autour du pot : «Les trois sœurs ont profité durant plusieurs mois du septuagénaire. Quand il ne pouvait plus payer, elles ont essayé de le tuer et l’ont jeté dans sa chambre comme une vieille carcasse.»

Au moment des faits, le 12 mai 2016, cela faisait plusieurs mois déjà que le trio vivait dans la maison du veuf dans le quartier de la Grenz à Esch-sur-Alzette. L’aînée, Larisia B., avait fait connaissance de l’homme de 73 ans dès l’été 2015 dans un café quelques mois après le décès de sa femme. En février 2016, ses deux sœurs l’avaient rejointe, prétendument pour trouver un travail au Luxembourg. Mais, au final, elles l’auraient littéralement plumé. Ce qu’il avait, elles l’auraient pris : «Ses comptes étaient vides. Monsieur a même dû vendre sa collection de timbres et dû emprunter de l’argent à sa voisine. » « Elles ont profité de la solitude de Monsieur qui ne voulait pas mourir seul , a récapitulé le premier substitut Laurent Seck. Larisia avait trouvé le gogo. Marinela et Claudia ont suivi. »

Les pantoufles dans les escaliers

Dans leurs plaidoiries, les avocats avaient tenté de démontrer qu’il n’y a eu ni abus de faiblesse ni tentative de meurtre et séquestration la nuit du 12 mai 2016. Me Radu Duta, l’avocat de Claudia S., avait notamment parlé d’un « enchaînement rapide et confus en raison de l’influence de l’alcool. Certes, il y a eu une erreur grossière de l’enfermer, mais il n’y a pas eu intention de porter atteinte à sa vie. » « Il n’y a pas d’éléments objectifs pour retenir la tentative de meurtre », avait quant à lui souligné Me Roby Schons, l’avocat des deux autres sœurs. « Aucune expertise ADN n’a été réalisée pour prouver que Larisia B. a étranglé Monsieur. »

« Les attaques décrites par Monsieur ont été documentées par le médecin légiste qui a déclaré que les blessures provenaient bien d’une strangulation prolongée », leur a rétorqué la premier substitut. Et d’ajouter : « La police a aussi retrouvé les pantoufles dans les escaliers où Monsieur déclare avoir été poussé. » Enfin, le morceau de tissu ayant servi de bâillon aurait également été retrouvé dans la maison. «C’est seulement parce que Monsieur a résisté qu’elles ne sont pas arrivées à leur but , conclut le parquet. Le fait qu’il ait pu s’enfuir par la fenêtre, cela n’est pas du mérite des prévenues.»

La chambre criminelle rendra son jugement le 13 décembre. Après leur arrestation, les trois prévenues originaires de Roumanie, âgées aujourd’hui de 39, 40 et 42 ans, ont fait entre deux mois et huit mois de détention préventive. Actuellement, elles se trouvent sous contrôle judiciaire.

Fabienne Armborst

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