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Université du Luxembourg : l’altercation entre deux profs de droit finit au tribunal


Une banale histoire de calendrier de cours et un échange de mails qui se solde par des injures. (illustration Alain Rischard)

Une altercation entre deux enseignants de droit à l’université du Luxembourg a fini au tribunal. La partie requérante réclame à sa collègue 25 000 euros de dommages et intérêts pour dénonciation calomnieuse.

Cela devait être une banale histoire de calendrier de cours. «Quand est-ce que tu vas donner cours sur la séance 12 ?», demande le 19 avril 2016, par courriel, l’enseignant chercheur à l’université du Luxembourg à sa collègue. Il s’agit de fixer le cours de droit international qu’assurent les deux titulaires. Car une partie du cours est dispensée en français, l’autre en anglais. Or l’échange de mails se solde par une altercation avec injures.

Lundi matin, soit près d’un an plus tard, les deux enseignants se sont retrouvés, devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement. Car le premier a lancé une citation directe contre sa collègue pour diffamation et calomnies. Pour le dommage moral et l’atteinte à son honneur, le professeur réclame 15 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 10 000 euros pour le dommage matériel. Enfin il demande une indemnité de procédure de 3 000 euros. «La citée directe a inventé les injures dans un seul but de nuire au requérant. Les faits qu’elle a dénoncés sont faux, appuie Me Patrice R. Mbonyumutwa. Il s’agit d’écarter le requérant à tout prix par une dénonciation calomnieuse.» À la suite de l’incident, le professeur a fait l’objet d’une procédure disciplinaire qui a débouché sur un avertissement. On lui a également retiré son poste de directeur des études du bachelor en droit, soulève son avocat.

«Il s’agit d’une lettre truffée de mensonges»

Que s’est-il passé ? Dans l’échange du 19 avril 2016 entamé par courriel et qui s’est terminé au téléphone, le ton est monté d’un cran. «La collègue dénonce que son interlocuteur a fini par l’insulter. Parmi les propos tenus, elle cite le : « Tu m’emmerdes ! », note Me Mbonyumutwa. Toujours est-il que ces propos entre collègues ont fini par remonter jusqu’à la hiérarchie. Selon la partie requérante, la collègue a aussi raconté l’incident de ces violences verbales à différents collègues.

Fin avril, un premier courriel est adressé au doyen de la faculté de droit. Le recteur de l’université et le ministre ont également fini par être informés de l’incident. «Il s’agit d’une lettre truffée de mensonges», insiste Me Mbonyumutwa.

La partie citée avait convoqué cinq témoins lundi matin. Parmi eux plusieurs professeurs de droit. Tous ont décrit l’état «très ému et bouleversé» de leur collègue après l’incident du 19 avril. D’après eux, l’enseignant aurait déjà eu des différends avec d’autres femmes dans le passé. «Il a fini par me jeter devant le bureau avec violence», témoigne ainsi une professeur.

«Pourquoi ne lui a-t-il pas parlé de façon courtoise au téléphone au lieu de la harceler ?», s’est interrogée Me Lydie Lorang dans sa plaidoirie. L’avocate indique que la citée directe aurait été étonnée de recevoir ce courriel le 19 avril 2016, car elle était dans les temps au niveau du planning universitaire. Elle suppose que le professeur voulait terminer plus tôt que prévu les cours pour assister à l’accouchement de sa femme. «Lui est en avance, ce n’est pas ma cliente qui est en retard», constate Me Lorang.

Elle note que tous les deux ont la même formation universitaire : «Au niveau intellectuel, l’un n’a rien à envier à l’autre.» Selon l’avocat, les dernières années, il y aurait eu d’autres victimes de violence verbale. Elle énumère onze incident avec des femmes. «La forme de harcèlement dont a été victime ma cliente coïncide avec les autres.»

Bref, pour la partie citée, il est faux de prétendre qu’elle est à l’origine de la procédure disciplinaire. «Elle est initiée par d’autres. Ma cliente n’est que la dernière goutte qui a fait déborder le vase, soulève Me Lorang qui demande l’acquittement de sa cliente. Elle n’est pas l’auteur de la dénonciation calomnieuse à l’université.»

Enfin elle relève que la véracité de l’agression verbale a été reconnue par le recteur de l’université : «La dénonciation calomnieuse ne peut donc être retenue.» Me Lorang n’est pas arrivée jusqu’au bout de sa note de plaidoirie. Suite et fin des débats le 25 septembre.

Fabienne Armborst

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