C’est une alternative au logement traditionnel qu’a inaugurée la commune de Mondorf-les-Bains en présence du ministre du Logement, Marc Hansen. Un tremplin pour les jeunes exclus du marché locatif.
Ils sont jeunes, mais fauchés. La commune de Mondorf-les-Bains, avec l’aide du ministère du Logement, met à leur disposition une maison qui peut accueillir quatre jeunes en colocation. Une fois qu’ils auront le pied à l’étrier, ils pourront accéder au premier marché locatif. En attendant, ce coup de pouce est bienvenu.
C’est une belle petite maison située à Altwies dans la commune de Mondorf-les-Bains. Elle avait été léguée par sa propriétaire à une association qui l’avait revendue à la commune. Le bourgmestre, Lex Delles, a décidé d’en faire la première colocation d’un genre nouveau pour des jeunes âgés de 18 à 30 ans qui ne peuvent accéder au premier marché locatif.
Une première appelée à faire des petits, comme le souhaite le ministre du Logement, Marc Hansen. «Quand un jeune revient au pays après ses études et décroche son premier job, il n’a pas forcément envie de retourner vivre chez ses parents, mais il n’a pas non plus les moyens de louer un studio avec son premier salaire, c’est à lui que s’adresse, entre autres, ce logement», décrit Lex Delles.
Les services sociaux de la commune l’ont alerté sur les difficultés que rencontraient certains jeunes de la commune pour se loger. «Il peut aussi s’agir de jeunes qui sortent de foyers et qui sont en apprentissage, car en fait le loyer peut être de 10 euros ou de 150 euros selon les moyens du jeune. Bien sûr, il y a des critères pour être candidats au logement», poursuit-il.
Si la maison s’appelle foyer pour jeunes, son fonctionnement ne ressemble en rien à un foyer d’hébergement. Ici, pas d’éducateurs, les jeunes vivent en complète autonomie, mais sous surveillance.
Au moment de l’admission, les jeunes adultes doivent être âgés entre 18 et 30 ans et remplir l’un des critères d’admission suivants : suivre une formation dans l’enseignement secondaire ou secondaire technique, suivre des études supérieures, suivre une formation professionnelle ou avoir commencer une carrière professionnelle. «On parle toujours de logements sociaux, mais ce sont des logements subventionnés pour un public très divers. Imaginez un jeune dont les parents ont divorcé et qui ne s’entend pas avec son beau-père ou sa belle-mère, qui suit encore des études et qui ne peut pas louer un logement sur le marché. Il doit bien trouver une solution. Ce type de colocation lui correspond parfaitement», explique Lex Delles.
La commune a donc transformé cette maison pour accueillir quatre jeunes et la durée de cette mesure d’aide dépend fortement de leur motivation. «À partir du moment où le jeune adulte débute une carrière professionnelle, la durée d’hébergement continue encore deux ans, période durant laquelle le jeune peut atteindre une situation financière stable et vivre de façon autonome», indique en outre le député-maire.
Autonomes, sans éducateur
Ici, pas d’éducateur, mais des contraintes. Le jeune devra verser une partie fixe de son salaire sur un compte épargne. «Cette épargne lui servira pour après comme moyen financier sur le premier marché locatif luxembourgeois pour financer une garantie bancaire et payer son loyer.» «L’assistante sociale de l’Office social commun Mondorf-les-Bains/Dalheim assurera le suivi financier des dossiers», précise encore la commune dans le descriptif du projet.
Et en outre, un agent communal fera régulièrement une visite de contrôle des lieux. «Les jeunes vivront en autonomie, c’est véritablement un concept nouveau», assure le député-maire, ce que confirme Marc Hansen, venu inaugurer la maison lundi après-midi. La commune a acquis la maison pour 418 000 euros et a injecté encore 310 000 euros pour la rénover. «Le ministère du Logement a subventionné le projet à hauteur de 75 %», précise Lex Delles.
Du côté du ministère, on salue ce genre de projet alternatif. «L’idée est formidable», nous dit Marc Hansen qui sillonne le pays pour encourager les communes à développer tous les types de logements, alors que l’État est prêt à attribuer des subventions. «Dès qu’une commune vient nous voir avec un projet viable et que les critères sont remplis, nous subventionnons», affirme Marc Hansen. «Je suis enthousiasmé par les projets qui se font dans les communes. Depuis 2014, 60 % des communes sont engagées dans des programmes de construction d’ensembles et ce sont 218 projets qui seront subventionnés, ce qui équivaut à 3 509 logements», déclare le ministre. Un chiffre en nette progression.
En revanche, le ministre désespère de voir la subvention loyer si peu sollicitée, alors que 19 000 ménages pourraient en profiter. «On dispose de 29 millions de budget pour cette subvention loyer qui atteint 10 % d’un salaire minimum, ce qui n’est pas rien. Des dossiers sont refusés car ils ne remplissent pas les critères certes, mais les acteurs du terrain nous disent que les ménages visés sont gênés, ou qu’ils ne sont tout simplement pas au courant de l’existence de cette subvention. Nous faisons des formations pour les assistants sociaux et nous ferons une évaluation après une année d’entrée en vigueur de cette subvention.»
En attendant, le ministre continue de tourner dans les communes pour les encourager à investir dans des programmes de construction ou, comme à Mondorf-les-Bains, dans des alternatives bienvenues.
Geneviève Montaigu