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Un siècle dans l’œil des photographes : «La collection n’est jamais finie»


Gaby Sonnabend : «Sur cette image de 1964, on voit le train passer sous le pont Rouge en construction.» (Photos : didier sylvestre)

Jusqu’au 18 septembre, le Ratskeller du Cercle Cité accueille l’exposition «Luxembourg 360» : une centaine de clichés inédits, sortis des étagères de la Photothèque, illustrant plus d’un siècle de vie dans la capitale, entre scènes quotidiennes et images historiques.

Pour la première fois, ce n’est pas un seul photographe qui se retrouve sous le feu des spots de l’exposition annuelle de la Photothèque de la Ville de Luxembourg, mais une multitude : professionnels ou simples amateurs, parfois anonymes, tous ont capturé un instant, figé pour toujours sur plaque de verre ou pellicule, comme un fragment de la grande histoire de la capitale.

Ce sont ces petits trésors, inconnus du public et plus épatants les uns que les autres, que l’équipe de la Photothèque a décidé de partager le temps d’un été, au Ratskeller, lieu à l’ambiance intimiste dans le ventre du Cercle Cité. La nouvelle responsable de la Photothèque, Gaby Sonnabend, nous accueille pour une balade qui s’annonce déjà nostalgique.

Des photos trop souvent restées dans l’ombre

«À côté des grandes collections dont nous disposons, comme celles de Théo Mey, Tony Krier, ou Pol Aschman, nous détenons beaucoup de petites séries qui ont aussi une valeur remarquable. Cette exposition leur est dédiée, explique-t-elle. On voulait surtout montrer la diversité et la richesse de notre fonds, alors que ces photos restent trop souvent dans l’ombre.»

Pendant des mois, les collaborateurs de la Photothèque ont ainsi déniché, une par une, ces 93 images accrochées aujourd’hui en grand format, dont la plus ancienne remonte aux alentours de 1890 et offre une vue imprenable sur la vallée de la Pétrusse, sans le pont Adolphe, dont la première pierre ne sera posée que dix ans plus tard.

Au total, la Photothèque possède plus de cent de ces «minicollections», qui forment au final un fonds d’une ampleur considérable. À chaque nouvelle image, on remonte un peu plus le temps, reconnaissant l’un ou l’autre lieu de la capitale que nous arpentons tous au quotidien.

Sur la photo de droite, on aperçoit la vallée de la Pétrusse vers 1890, sans le pont Adolphe, construit dix ans plus tard.

Une ville encore très rurale

«Dans cette pièce, nous avons réuni des clichés montrant les quartiers. Pour la Gare, ça a été facile, car ça a toujours été un quartier animé, avec de l’industrie, la fabrique de champagne Mercier et le cinéma Eldorado. Pour d’autres quartiers, cela a été plus compliqué. À Beggen, par exemple, la seule photo qu’on a pu trouver montre la station d’épuration en 1920», sourit Gaby Sonnabend.

Cette vaste mosaïque en noir et blanc laisse deviner une ville paisible et très rurale, durant la première moitié du XXe siècle. Une photo montre ainsi le Val Fleuri vers 1940, à l’époque où il n’était effectivement qu’un val fleuri, avec des champs à des centaines de mètres à la ronde. Seule se dessinait déjà au loin la silhouette de la maternité Grande-Duchesse Charlotte, érigée en 1936.

Des mutations perpétuelles

Idem sur ces photos de 1920 et 1940, qui montrent des enfants, sur leurs vélos ou avec des chevaux, à Cessange et Gasperich, deux quartiers qui ne comptent alors que quelques rues perdues au milieu des prairies. Ou encore cette partie de pêche sur les bords de l’Alzette à Hamm en 1925, qui semble tout droit sortie d’un tableau de Manet.

C’est après la Seconde Guerre que s’opère un virage : «On observe un véritable basculement, avec l’explosion de l’urbanisation, visible en particulier au Kirchberg et au Cents», note notre guide. Des mutations perpétuelles qui sont justement au cœur de la mission de documentation de la Photothèque : «La ville change, la collection n’est jamais finie.»

Le pont Adolphe et la construction du bâtiment de la Spuerkeess en 1911, place de Metz, dans l’album d’un collectionneur.

Quand la gare avait des airs de Far West

Bien gardées sous une épaisse vitrine, on découvre les pages d’un album jauni dans lequel ont été méticuleusement regroupées photos et cartes postales illustrées, agrémentées de notes personnelles tapées à la machine. «Cette précieuse collection est celle d’un passionné qui a retracé toute l’histoire des bâtiments de la capitale, depuis les plans jusqu’à leur construction. Nous avons plusieurs classeurs qui nous ont été remis à son décès», précise Gaby Sonnabend.

En petit format, on suit ainsi le chantier de la Spuerkeess et de sa tour emblématique à l’été 1911 sur la place de Metz, celui du bâtiment de l’ARBED, avenue de la Liberté, vers 1920, ou encore les différentes transformations de la gare.

Sur une photo issue d’une autre collection, on découvre ainsi à quel point la première gare de Luxembourg, construite entièrement en bois vers 1858, avait des airs de Far West : l’image, frontale, met en scène des pelles et des pioches au premier plan, tandis qu’un homme coiffé d’un chapeau de paille conduit tranquillement sa charrette, chargée d’un énorme tonneau, sur le parvis de l’édifice vers 1905.

Des personnages illustres

Nous terminons notre visite par un petit coin dévoilant des photos inédites de personnages illustres : «Ici, il s’agit de la Grande-Duchesse Charlotte lors des festivités du centenaire de l’indépendance en 1939 et, là, Winston Churchill en visite au Luxembourg, saluant la foule depuis sa voiture en 1946», commente-t-elle, pointant ensuite son doigt vers une photo de la bourgmestre, Lydie Polfer, lors de l’inauguration de la sculpture Hämmelsmarsch au Roude Pëtz en 1982.

Un dernier coup d’œil à ces visages d’un autre temps, attablés à la terrasse du café Juegdschlass au Bambësch, à ces patineurs qui s’en donnent à cœur joie à la piscine du moulin de Gantenbein, à la boucle des tramways place de la Gare, et il est déjà temps pour nous de retrouver 2022.

L’exposition «Luxembourg 360» est ouverte jusqu’au 18 septembre au Ratskeller du Cercle Cité, du lundi au dimanche de 11 h à 19 h, entrée libre. Catalogue de l’exposition, 15 euros, en vente sur place.

Confiez vos documents à la Photothèque

Photographe professionnel, amateur passionné ou collectionneur de photos de qualité, vous possédez des documents mettant en scène le développement de la ville? Contacter la Photothèque pour lui confier vos images : elles contribueront à la préservation du patrimoine culturel et photographique de Luxembourg et seront accessibles à tous.

phototheque.vdl.lu

Piscine, course cycliste, sport automobile : les habitants s’en donnent à cœur joie sur cette série de photos.

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